Éric Pinette aux commandes d’un «monstre»

VICTORIAVILLE. Depuis trois ans maintenant, le Victoriavillois Éric Pinette gagne sa vie loin d’ici, à Fermont, une ville minière. Il travaille pour le principal employeur de la place, ArcelorMittal Mines Canada. Éric conduit un camion. Mais pas n’importe lequel. Témoignage d’un homme qui apprécie la liberté que lui procure son emploi.

Natif de Victoriaville, Éric Pinette a vécu à Québec de 2005 à 2012, avant de revenir s’établir dans son patelin d’origine.

Le jeune homme a occupé divers emplois, conduit des autocars et des camions à nacelle en sous-traitance pour Hydro-Québec.

Puis, il y a environ trois ans, le Victoriavillois a suivi une formation au Centre de formation en transport de Charlesbourg, ce qui lui a permis d’obtenir sa classe 1 qui allait lui ouvrir ainsi toutes grandes les portes pour travailler au complexe minier du Mont-Wright qu’exploite le groupe indien ArcelorMittal.

Son travail: opérateur d’équipement minier hors norme. Concrètement, Éric Pinette conduit un mastodonte, «un monstre», comme il le dit lui-même. Au départ, on le retrouvait aux commandes d’un camion 240 tonnes. «Puis, j’ai eu accès au camion de 400 tonnes, le plus gros camion au monde», note-t-il.

Dans son véhicule hors norme, l’opérateur reçoit le minerai de fer et le transporte vers un concasseur en vue d’une transformation, ou bien à destination de la dompe en cas de contenu contaminé ou à faible teneur de minerai.

Chaque jour, les conducteurs de camion effectuent quelque 1000 voyages, lit-on sur le site Internet de la compagnie. «Le camion de 400 tonnes circule sur des chemins plus larges, tandis que le 240 tonnes peut aller partout», précise Éric Pinette.

Le 400 tonnes a de quoi impressionner. Il fait 10 mètres de largeur, 15 mètres de long et 7,3 mètres en hauteur. «Malgré sa taille, il est assez agile et, dans les meilleures conditions, il peut atteindre une vitesse de 68 km/h», souligne l’opérateur.

Interrogé sur les risques du métier, Éric Pinette fait remarquer que le danger ne se situe pas tant au niveau du conducteur que de l’environnement autour. Un danger pour des travailleurs qui peuvent se trouver au sol. «La pression d’air, par exemple, que pourrait générer une crevaison sur le véhicule pourrait renverser une camionnette», dit-il.

«Je vois toutes les saisons»

Éric Pinette effectue de longues journées de travail. Il loge dans un complexe construit à cette fin, à proximité de ce qu’on appelle «le Mur», un gigantesque édifice regroupant notamment des commerces et les services de la ville.

Un autobus vient chercher le Victoriavillois à son complexe pour l’amener à la mine 17 km plus loin, et le ramène 12 heures et demie plus tard.

«J’ai un statut de travailleur permanent non résident. Je travaille ainsi durant 12 jours consécutifs, puis je suis en congé pendant 12 jours», note-t-il. Pour revenir au bercail, Éric prend l’avion qui fait le trajet Wabush-Québec.

Le Victoriavillois travaille tant de jour que de nuit. Ainsi, après avoir effectué 12 journées de travail le jour, la prochaine séquence, il la travaillera de nuit. «Les camions n’arrêtent jamais.»

Et les travailleurs, comme lui, connaissent leur horaire de travail trois ans à l’avance.

«Mon horaire me procure beaucoup de liberté», observe-t-il. Éric a pu ainsi redécouvrir et s’adonner à ses passions, la moto et la planche à neige.

Ses périodes de congé lui permettent de faire de petits voyages, de passer du temps avec sa blonde Nathalie, propriétaire d’une agence de voyages. Une fille originaire de Murdochville et qui, dit-il, connaît bien sa réalité.

Éric Pinette se considère chanceux. «C’est plaisant, je vois toutes les saisons là-bas. Le paysage est vraiment beau. Pour les amateurs de chasse et de pêche, c’est le paradis», affirme-t-il.

Et contrairement à ce qu’on peut penser, on ne s’y sent pas très isolé. «Fermont, c’est quand même une communauté de quelque 5000 habitants. Mais l’hiver est long, confie-t-il. C’est venteux, et la température se situe à environ -40 degrés. Et l’été, on peut être en t-shirt le jour, puis le soir, il neige.»

Bien sûr, le travail nordique comporte certains irritants. «Depuis trois ans, mon horaire fait en sorte que je travaille durant la période des fêtes», mentionne Éric Pinette.

Mais son travail le comble, il bénéficie de bonnes conditions. Nul besoin, comme il l’a fait jadis, d’occuper deux ou trois emplois pour s’offrir des plaisirs dans la vie. S’il le peut, il compte bien continuer encore longtemps.