Eric Lefebvre dans une « position intenable et toxique », selon le chef bloquiste

De passage à Victoriaville, mercredi après-midi, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a soutenu que le député d’Arthabaska, Eric Lefebvre, se place dans une position périlleuse en demeurant député provincial après avoir annoncé sa candidature en vue de la prochaine élection fédérale dans Richmond-Arthabaska.

« Il se met dans une position intenable qui va être toxique tant pour la CAQ que pour les conservateurs parce que jamais les Québécois vont accepter que quelqu’un soit payé par un parlement dans l’espoir de se faire élire dans l’autre », a-t-il indiqué.

Interrogé à savoir si le député Lefebvre devait démissionner, le chef bloquiste répond : « Je ne suis pas un élu de l’Assemblée nationale du Québec, donc je dois prendre un certain recul.  Mais mon réflexe naturel est de dire : si tu veux t’en aller à Ottawa, vas-t’en à Ottawa. »

Yves-François Blanchet a rappelé l’histoire de Martine Ouellet alors élue à l’Assemblée nationale du Québec et qui voulait militer à Ottawa. « Le Bloc québécois lui a montré la porte très rapidement. Le même principe s’applique. On a des citations de députés conservateurs, dont celle de M. Deltell lors de son passage de Québec à Ottawa. Jamais, disait-il, je n’aurais fait ça être payé par un parlement et militer pour aller dans l’autre », a confié M. Blanchet.

Questionné sur le fait que le député d’Arthabaska assure continuer son travail de député et de représentation des citoyens de la circonscription, le chef du Bloc québécois ne tarde pas à répondre. « Les premières réponses qu’il a données  aux questions qu’il a eues à l’Assemblée nationale l’ont été sur le  programme des conservateurs, les opinions des conservateurs et le déficit de Justin Trudeau. Il est immédiatement devenu un candidat conservateur fédéral », a-t-il fait remarquer. 

Yves-François Blanchet est d’avis qu’un député indépendant peut accomplir un excellent travail. Il en donne pour preuve l’actuel député de Richmond-Arthabaska. « Alain Rayes est la preuve qu’on peut être indépendant et faire un excellent travail de terrain. Alain a toujours été excellent comme député, même quand on était des adversaires virulents, je reconnaissais ça de lui. Mais on comprend très bien que l’intention de M. Lefebvre est de faire campagne dans le but de sa propre élection au parlement fédéral. »

Le chef bloquiste a prévenu le député Lefebvre qu’il fera face à un énorme défi dans Richmond-Arthabaska. « Ce n’est pas gagné, car les très conservateurs ne voudront pas d’un caquiste. Les gens qui appréciaient beaucoup Alain Rayes considèrent qu’ils ont été trahis. Les gens de Richmond-Arthabaska risquent de vouloir faire payer le prix aux conservateurs pour ce qu’ils ont fait à Alain Rayes qui jouit d’une très forte popularité, j’en suis même jaloux », a-t-il exprimé.

Concernant la popularité d’Eric Lefebvre dans la population, Yves-François Blanchet dit entendre des interprétations un peu différentes par rapport à ce que sont ses appuis. « Parce que justement il est rapidement devenu toxique pour la CAQ et le Parti conservateur du Canada en voulant prendre la paye d’un parlement dans le but de se faire élire dans l’autre. Même les milieux d’affaires et les citoyens en général risquent d’être très réservés par rapport à M. Lefebvre qui va nuire aux conservateurs à l’échelle nationale, nuire à la CAQ à l’échelle provinciale parce qu’il fait preuve d’un opportunisme que les Québécois risquent de ne pas lui pardonner », a-t-il signalé.

Le chef du Bloc a aussi fait référence aux récents sondages qui, a-t-il rappelé, révèlent que son parti, chez les francophones, obtient des appuis qui sont l’équivalent des appuis conservateurs et libéraux additionnés. « On double les appuis de nos adversaires chez les francophones. Ça peut ne pas durer, mais ça annonce certainement un énorme défi pour M. Lefebvre », a-t-il fait valoir.

Candidature bloquiste dans Richmond-Arthabaska

Interrogé sur le type de candidat ou candidate qu’il souhaite dans la circonscription de Richmond-Arthabaska, Yves-François Blanchet veut présenter

« quelqu’un qui sera représentatif du milieu, de la modernité, de l’évolution de la société québécoise, quelqu’un qui va bien sûr reconnaître l’importance des dérèglements climatiques que les conservateurs ont plutôt tendance à nier, quelqu’un qui va comprendre qu’il faut plutôt se tourner vers les énergies vertes, vers l’innovation, vers la transformation de nos propres ressources naturelles  plutôt que de faire de l’extraction de produits toxiques vers les marchés d’exportation ».

Le chef bloquiste connaît bien la région, ayant déjà demeuré à Sainte-Hélène-de-Chester. « Victoriaville a intrinsèquement une belle modernité et elle va davantage se reconnaître dans l’offre d’un parti tout aussi moderne que dans celle qui semble souvent procéder davantage de Jurassic Park », a-t-il signalé.

Cela dit, Yves-François Blanchet affirme ne pas être très pressé de dénicher le candidat ou la candidate pour Richmond-Arthabaska. « Il y a des hypothèses de candidature qu’on n’est pas pressé de confirmer. Je pense qu’Alain Rayes va terminer son mandat. On a donc vraisemblablement entre un an et un an et demi devant nous. » 

Chose certaine, a-t-il assuré, les enjeux de la circonscription devront être discutés pendant la prochaine année et des questions très sévères devront être posées à Eric Lefebvre. « À chaque semaine qui va passer entre maintenant et l’élection,  partielle ou générale, dans Richmond-Arthabaska, les conservateurs vont payer le prix de vouloir que quelqu’un soit candidat prématurément en prenant la paye des Québécois, payé à Québec, et en l’utilisant pour être candidat à Ottawa. Ils vont payer le prix chaque jour. » 

Le chef bloquiste parle d’une lutte à deux dans le comté. « Je pense qu’il va y avoir des discussions sérieuses sur ce que sont les intérêts des gens de Richmond-Arthabaska et que ce sera, à cause de l’attention qui est mise sur ce comté-ci, une espèce de tribune où les grands débats du Québec se retrouveront là où on aura une véritable compétition à deux entre les conservateurs et le Bloc québécois. »

Yves-François Blanchet promet d’être très présent dans la circonscription aux côtés de son prochain candidat. « Cette personne pourra profiter tellement, mais tellement de ma présence dans la circonscription. En boutade je vous dirais, si d’aventure il y avait une élection partielle, j’aurais très envie de me magasiner un appartement pour être certain d’être là le plus souvent possible et le plus longtemps possible. »

Une visite prévue

Le passage du chef du Bloc québécois à Victoriaville était prévu, a-t-il fait savoir, depuis environ cinq semaines.

Il tenait à visiter le Centre d’innovation en ébénisterie et meuble (Inovem), l’un des trois centres collégiaux de transfert technologique du Cégep de Victoriaville. « Je suis un fan assez intense des centres de transfert technologique des collèges du Québec. Je les visite à peu près partout où je vais pour cueillir des informations, des connaissances. C’est aussi pour alimenter une réflexion sur un modèle économique québécois qui sera davantage axé sur l’innovation et la transformation sur le territoire québécois de nos propres ressources, comme le bois, le meuble et autres secteurs qu’on explore un peu partout. C’était le but de la visite », a-t-il conclu.