Éoliennes : l’expérience positive de la Montérégie

Une délégation de la MRC d’Arthabaska, composée du préfet Christian Côté, de la directrice de la gestion du territoire, Pascale Désilets et de la directrice des communications, Catherine Lauzon, a effectué, mardi, une visite terrain à Saint-Michel en Montérégie pour s’enquérir de l’expérience d’une quinzaine d’années de cette communauté avec les éoliennes.

Cette région a été choisie parce qu’il s’agit d’un milieu agricole, donc un milieu comparable à celui de la MRC d’Arthabaska, souligne Catherine Lauzon. Mais aussi parce que la hauteur des éoliennes ressemble à celles projetées dans les Bois-Francs, 188 mètres comparativement à 205 mètres pour celles prévues dans les Bois-Francs. À ce jour, deux projets éoliens, totalisant 48 éoliennes, ont déjà été réalisés dans le secteur de Saint-Michel (10 éoliennes) et de Saint-Rémi. Et un troisième s’apprête à voir le jour.

Accompagné de Pierre-Yves «Le P» Blais pour la captation d’images vidéo et de photographies, les intervenants sylvifrancs ont pu échanger avec le maire de Saint-Michel, Jean-Guy Hamelin. Au tout début, avant la réalisation du premier projet, les citoyens ont exprimé certaines craintes. Les mêmes préoccupations, en fait, que celles des citoyens de la MRC d’Arthabaska. Mais ces craintes ont disparu, a-t-on fait remarquer, et la Montérégie vit une expérience positive avec les éoliennes.

Le bruit figure en tête de liste au chapitre des préoccupations. « On ne l’entendait pas l’éolienne chez le maire qui habite à 900 m », indique le préfet Christian Côté. Avant même l’implantation des premières éoliennes, raconte-t-il, des citoyens ont pu faire l’expérience, dans un espace restreint, de ce que cela représente 40 décibels. Une démonstration qui, note-t-on, a été convaincante et rassurante pour les gens.

Les représentants de la MRC d’Arthabaska n’ont pas manqué d’enregistrer le bruit au pied d’une éolienne. L’appareil a enregistré 49 décibels. « Nous étions à la base de l’éolienne et on ne l’entend presque pas. Un ventilateur de maison à basse vitesse produit, selon moi, plus de bruit », observe Christian Côté.

Le préfet a d’ailleurs mesuré le bruit dans sa chambre à coucher, lui qui demeure près du parc industriel de Kingsey Falls. « J’enregistrais 47 décibels. Certains disent qu’il faut 30 décibels pour un sommeil réparateur. Pourtant, mes nuits sont très bonnes », confie-t-il. Autre préoccupation maintes fois soulevée, une diminution de la valeur des propriétés. Or, ce n’est pas ce que montre l’expérience de la Montérégie. « Depuis les premières implantations à Saint-Michel, trois rôles d’évaluation ont été déposés. Le prix des terres est demeuré le même, qu’elles aient ou non une éolienne », mentionne le préfet Côté.

Le maire Hamelin de Saint-Michel a aussi été questionné sur la santé animale et humaine. « C’est vrai que ce ne sont pas des producteurs laitiers, mais plutôt des éleveurs de porcs et des producteurs maraîchers. Mais ils disent n’avoir constaté aucun impact négatif sur la production. Quant à la santé humaine, personne ne semble s’être plaint de quelconques malaises », fait remarquer le préfet de la MRC d’Arthabaska.

Aucun effet sur la faune, par ailleurs, n’aurait été démontré. Un décompte des oiseaux avait même été effectué au cours des cinq premières années d’opération des éoliennes. Concernant les craintes reliées à l’effet stroboscope que peut produire le mouvement des pales en présence du soleil, Christian Côté explique que l’effet peut être réduit sinon enlevé avec l’arrêt des éoliennes à certains moments, celles-ci pouvant être programmées.

Le sujet de la perte de terres agricoles a aussi été abordé. Une éolienne nécessite, précise-t-il, un espace de 60 par 30 pieds. « Il y a davantage de pertes agricoles avec les lignes des pylônes électriques. La terre retirée pour faire les chemins est conservée puis ramenée afin de retrouver la même production. Et entre-temps, ils compensent. Les chemins sont aussi analysés pour être remis au moins dans le même état qu’au départ », mentionne le préfet.

Le maire de Saint-Michel, relate Christian Côté, a aussi fait un parallèle entre les impacts tant financiers qu’agricoles d’un projet éolien et un développement résidentiel. Il lui faudrait 70 maisons pour obtenir les mêmes revenus que lui assurent les éoliennes qui, signale-t-on, ont moins d’impacts sur les terres agricoles et forestières.

Dans la MRC d’Arthabaska, rappelle le préfet, le projet vise un objectif de zéro perte nette. « Un de nos buts avec le projet, c’est qu’il n’y ait aucune perte agricole. On souhaite aussi créer un fonds pour continuer de miser sur l’environnement. » Le préfet reconnaît que cette visite arrive un peu tard dans le processus, qu’elle aurait dû survenir avant les consultations menées dans les différentes municipalités concernées par le projet dans Arthabaska. « Il aurait aussi été très intéressant qu’on puisse y amener davantage de gens, mais ça demeure des propriétés privées », note-t-il.

Christian Côté insiste pour rappeler que le mandat de la MRC a toujours été

d’amener de l’information. « On continue à le faire, parce que les gens décident avec l’information dont ils disposent. » Cette visite en Montérégie a été filmée. La MRC partagera l’information sur différentes plateformes. Avec toute l’information qu’il possède maintenant, Christian Côté affirme que, s’il possédait une terre, il accepterait volontiers l’implantation d’une éolienne sur sa propriété.