Environnement : la «révolution» s’impose

ÉDUCATION. On pourrait parler du pédagogue Daniel Landry comme un des conférenciers «chouchou» de l’antenne victoriavilloise de l’Université du troisième âge (UTA). Le jeune prof de sociologie du Collège Laflèche à Trois-Rivières est revenu à Victoriaville mercredi avec une troisième conférence, celle-là portant sur les enjeux environnementaux et politiques. Sa conclusion est on ne peut plus claire. Ce n’est pas d’une petite réforme dont la planète a besoin, mais d’une «révolution».

Devant une quarantaine d’«étudiants» du troisième âge, il a traité d’environnement, ce qu’il considère, «clairement» comme étant «la» question du XXIe siècle.

«Je prends le parti de la science», a-t-il déclaré. Sans candeur, ni fatalisme, a-t-il précisé. Le candide se dit que tout va s’arranger et que viendra un jour quelqu’un – un politicien peut-être – qui va tout régler. Quant au fataliste, il estime que tout est perdu, a-t-il illustré.

Daniel Landry a cité quelques statistiques tirées du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour dire qu’ils sont de plus en plus marginaux les négationnistes des changements climatiques. Pris isolément, un candidat américain comme Ted Cruz qui les impute au discours «gauchiste», est un «clown». «Il peut toutefois devenir un danger s’il est suivi.»

La «sensibilité» aux questions environnementales est telle que même le pape François lui a voué une lettre encyclique «Laudato si’», a évoqué le conférencier. «Il a été le premier à faire un lien entre pauvreté et environnement. Entre conditions de vie et environnement. Il y critique le consumérisme, les inégalités entre le nord qui pille les ressources du sud.»

Un «virage» a été amorcé avec l’élection du gouvernement Trudeau, a-t-il noté, et la Conférence de Paris a également montré qu’il y avait une volonté d’agir des pays. «Même si on n’est pas allé loin, un pas a été fait.»

S’il prend le parti de la science, Daniel Landry prend aussi celui de la journaliste canadienne Naomi Klein, auteure, entre autres, de l’ouvrage «Tout peut changer».

Le pédagogue appuie d’ailleurs une partie de son argumentaire sur les écrits de la journaliste de la Colombie-Britannique qui démontre comment les fondements mêmes de l’économie menacent la planète.

C’est elle qui a inventé la «Blocadie» pour désigner ces mouvements citoyens de résistance contre des projets polluants. «De tels mouvements existent un peu partout dans le monde, au Québec comme en Grèce.»

Les enjeux environnementaux ne sont plus seulement l’affaire des chimistes ou des écologistes, ne concernent pas qu’une seule génération et ils sont transfrontaliers, a souligné le conférencier. Et les solutions doivent venir de l’État, des mouvements citoyens et des individus qui ont encore leur mot à dire et qui doivent faire pression sur leurs gouvernants.

«On est tous coincés dans un mode de vie qui nous pousse à consommer. Il n’y a pas de reproche à faire à une génération ou à une autre. On a eu besoin de ce modèle pour se développer.»

En 2008, on a peut-être raté le coche en acceptant de sauver les banques, a-t-il dit, ajoutant que trop souvent, malheureusement, il faut une crise pour induire les changements.

L’échange d’une trentaine de minutes suivant sa conférence a démontré qu’il y a un monde – à changer – entre la santé de nos systèmes et celle de la planète. «Il ne s’agit pas seulement de se demander par quoi on pourrait remplacer les énergies fossiles, mais comment on pourrait réduire notre consommation d’énergie.»

Voilà pourquoi Daniel Landry parle de «révolution», admettant que le système s’effondrerait si tous optaient pour la simplicité volontaire.

Les étudiants de l’UTA ont eu droit à deux primeurs. Après avoir traité de politique fédérale, de la gauche et de la droite, d’enjeux environnementaux, le jeune prof traitera de politique américaine l’automne prochain.

Et à Victoriaville, s’annonce, également pour l’automne, une vaste opération visant l’élimination du sac de plastique à usage unique.

Quelques suggestions de lecture

«Halte à la croissance», un rapport (aussi appelé Meadows), paru en 1972 au Club de Rome montrant déjà les risques écologiques de la croissance économique et de la population.

«Tout peut changer», un essai sur le capitalisme et les changements climatiques de Naomi Klein paru en 2014. Son conjoint, Avi Lewis en a fait un film.

«Vers l’écologie profonde» du philosophe norvégien Arne Naess, paru en 2009.

«Requiem pour l’espèce humaine : faire face à la réalité du changement climatique», un ouvrage de Clive Hamilton paru en 2013.