Élections fédérales 2015 : les candidats échangent une troisième fois

ÉLECTIONS. Après avoir répondu à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs et de L’Érable et du cégep de Victoriaville, les candidats au scrutin du 19 octobre dans Richmond-Arthabaska ont partagé, une fois de plus, la même tribune à Victoriaville, mercredi soir, celle de la Télévision communautaire des Bois-Francs qui proposait un débat en direct animé par Renée Roy.

Après avoir été invités à se présenter, les candidats Myriam Beaulieu du NPD, Laurier Busque du Parti vert, Marc Desmarais du Parti libéral du Canada, Olivier Nolin du Bloc québécois et Alain Rayes du Parti conservateur, ont ensuite été appelés à s’exprimer sur les principaux enjeux nationaux qu’ils considèrent prioritaires.

D’entrée de jeu, la candidate néodémocrate a fait valoir que le Partenariat Transpacifique constituait un enjeu majeur dans Richmond-Arthabaska, une circonscription très agricole. «Mais le gouvernement Harper ne semble pas comprendre l’impact majeur sur les atteintes à la gestion de l’offre. On a toutes les raisons d’être déçus des conservateurs. Les négociations se sont déroulées dans le plus grand secret, sans transparence, à l’image du Parti conservateur, a noté Myriam Beaulieu. Cette ouverture amène des difficultés pour les producteurs déjà endettés. Des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu.»

Le candidat du Parti vert considère aussi le Partenariat Transpacifique, «un danger très sérieux pour l’avenir de plusieurs entreprises et de travailleurs.» «On se souviendra qu’à la suite de la signature de l’ALENA avec le Mexique et les États-Unis. Plusieurs entreprises y ont vu l’avantage de déplacer leurs productions vers d’autres pays», a souligné Laurier Busque.

Au plan environnemental, le candidat vert voit aussi un enjeu majeur dans le transport pétrolier. «De savoir que du pétrole circule dans des trains faisant l’objet d’une très mauvaise supervision des autorités gouvernementales nous apparaît majeur sur le plan environnemental», a-t-il dit.

Le candidat conservateur Alain Rayes a rappelé qu’il faisait de l’économie sa priorité. «Et je suis complètement abasourdi d’entendre les autres parler du Partenariat Transpacifique de cette façon alors que beaucoup d’organisations et d’industries l’ont vanté le jour même de son annonce, comme notre Chambre de commerce et d’industrie, la Chambre de l’année, qui y voit des opportunités d’affaires», a-t-il fait valoir, ajoutant que pour contrer la pauvreté, il fallait créer des emplois de qualité.

Le libéral Marc Desmarais a, pour sa part, indiqué que son parti allait notamment défendre l’économie et la classe moyenne, tandis que le bloquiste Olivier Nolin a pointé l’agriculture et son importance au Québec et dans le comté. «Les producteurs de lait et de volailles sont les grands perdants du Partenariat Transpacifique. On peut dire qu’ils se sont fait écrémer. Le gouvernement prévoit des compensations, mais, généralement, quand on a des compensations, c’est qu’on a perdu quelque chose», a-t-il lancé.

Les candidats ont dû s’exprimer ensuite sur les principaux enjeux de comté, selon eux.

Le candidat Busque a fait valoir que les initiatives émanant de citoyens et d’organisations nécessitaient un meilleur accompagnement, peu importe le secteur d’activités, pour assurer un avenir intéressant aux générations futures.

À cela, le candidat Alain Rayes a répliqué que les résultats obtenus dans le milieu témoignent que les intervenants travaillent au développement de la communauté et supportent les entreprises et les différents organismes.

Le libéral Marc Desmarais a plaidé pour l’agriculture, la relève agricole et pour des investissements dans la classe moyenne, pour aider de nombreux citoyens à joindre les deux bouts.

La néodémocrate Myriam Beaulieu a, pour sa part, signalé que le gouvernement devait s’intéresser aux communautés en tout temps, non seulement au moment des élections. «Pour tout le monde, pas seulement pour un comté qu’on convoite», a-t-elle observé, ajoutant que son parti a élaboré une stratégie pour soutenir l’économie dans les régions. «Investir dans les PME, c’est plus rentable d’investir dans plusieurs petites entreprises que de tout concentrer dans un seul secteur, le secteur pétrolier, comme l’a fait le gouvernement fédéral», a-t-elle signalé.

Le NPD veut aussi, selon elle, favoriser la relève agricole. «Mais cela ne se fera pas en créant de l’instabilité comme le font les conservateurs avec le Partenariat Transpacifique», a-t-elle fait remarquer.

Des répliques

Lors d’une période de droit de réplique, le bloquiste Olivier Nolin a décoché une flèche à Alain Rayes concernant son salaire de maire qu’il conserve durant la campagne, l’accusant non pas d’illégalité, mais d’immoralité. «Ce n’est rien pour diminuer les dépenses de la Ville», a-t-il noté après avoir relevé une étude plaçant Victoriaville au 7e rang des plus pauvres et au 6e rang des plus taxées.

Le candidat conservateur a invité son adversaire à s’informer, à lire l’article de La Nouvelle Union concernant les indicateurs de gestion montrant clairement que les citoyens paient des taxes en deçà de la moyenne provinciale. Il n’a pas manqué de rappeler aussi que Victoriaville, depuis six ans, figure dans les 10 premières villes où les citoyens se sentent le plus heureux.

Alain Rayes a aussi invité le candidat du Parti vert à revoir les chiffres lancés. «Les citoyens méritent d’avoir une bonne information», a-t-il mentionné.

Par ailleurs, les cinq candidats ont fait face à différentes questions élaborées à la suite d’une consultation du milieu communautaire. Ainsi se sont-ils exprimés sur la situation précaire des femmes de plus de 55 ans, sur la sécurité alimentaire, sur les entreprises d’économie sociale, sur l’agriculture et le développement durable.

À ce chapitre, le NPD propose notamment, a indiqué la candidate Beaulieu, de relancer le secteur des énergies propres pour faire du Canada un leader dans le domaine. «Nous souhaitons aussi éliminer les centaines de millions de dollars en subventions directes des conservateurs à l’industrie des combustibles fossiles, le pétrole, et nous voulons aussi rétablir la réputation internationale du Canada en matière de changements climatiques en participant à la conférence de Paris sur le climat avec des cibles et un plan», a-t-elle exprimé.

Le candidat du Parti vert présente un son de cloche similaire. «Pour faire véritablement du développement durable, nous devons réorienter nos choix sur le plan énergétique, et il nous faut sortir du pétrole en développement une stratégie favorisant les énergies propres», a fait valoir Laurier Busque.

Le candidat conservateur Alain Rayes s’est dit tout à fait d’accord avec lui, expliquant que le développement durable devait considérer les aspects social, environnemental et économique pour accoucher de projets structurants. «Le pétrole, malheureusement, on en a encore besoin. On n’a pas d’alternative dans certains produits. Mais, entretemps, on se doit d’effectuer de la recherche et du développement avec les autres types d’énergie», a-t-il commenté, ajoutant que pour la première fois, le Canada a enregistré une diminution des gaz à effet de serre et que, oui, le pays sera présent à Paris.

Ce qu’a confirmé également le candidat libéral Marc Desmarais. «Pour Victoriaville, a-t-il noté, la création d’emplois verts est très importante. On investira dans un large éventail de projets.»

Le candidat du Bloc québécois, de son côté, a évoqué la nécessité de revoir la fiscalité des grandes pétrolières que le gouvernement conservateur, a-t-il pris soin de souligner, encourage énormément. «Tout cet argent devrait servir à un réinvestissement dans les énergies vertes», a-t-il confié.

Drôle de question!

Pour terminer, on réservait, a dit Renée Roy, une «drôle de question, mais avec un fond sérieux».

En 45 secondes, en fin de débat, l’animatrice a invité les candidats à se projeter dans le futur, à s’imaginer avoir rempli un mandat comme député et à expliquer à l’auditoire les réalisations dont ils sont le plus fier.

«Pour moi, c’est la même fierté comme maire lorsque je vois des projets se réaliser et permettant à la population de s’accomplir. J’aimerais, à la fin d’un mandat, faire en sorte qu’il y ait moins de pauvreté, qu’il y ait plus d’emplois, que les entreprises continuent de prospérer et que la population soit fière de vivre dans la région», a répondu Alain Rayes.

Le libéral Marc Desmarais a fait part de la fierté d’avoir bien représenté les citoyens du comté. «Comme je considère important la création d’emploi, mon plus grand rêve serait d’amener une grande entreprise pour mettre Richmond-Arthabaska sur la carte», a-t-il signalé.

De son côté, le bloquiste Olivier Nolin a exprimé le souhait de la souveraineté. «Au cours des quatre prochaines années, j’espère pouvoir convaincre les gens des bienfaits de la souveraineté, au plan de l’économie, de la langue, pour faire rayonner le Québec à la table des nations, a-t-il noté. En fait, ma plus belle réalisation, après quatre ans, serait de voir mon emploi inutile, que ma place ne soit plus à Ottawa, mais dans le pays du Québec.»

Quant à la candidate du NPD, elle dit souhaiter un virage environnemental. «Dans quatre ans, nous aurons entamé un transfert concert vers l’économie verte et une lutte proactive aux changements climatiques, c’est ce dont je serais le plus fier, a fait savoir Myriam Beaulieu. Et tout aurait commencé par un gouvernement partiaire composé autant de femmes que d’hommes. Plus de femmes en politique mèneraient à des débats et des perspectives diverses pour mieux représenter la population.»

Laurier Busque du Parti vert, lui, a affirmé vouloir verser la moitié de son salaire de député d’environ 160 000 $ à des organismes communautaires de la région.

Les candidats ont bénéficié aussi d’un mot de la fin où Marc Desmarais a soutenu que le Parti libéral incarnait le vrai changement espéré par les Canadiens.

En substance, Olivier Nolin, s’est adressé à la caméra, aux gens à la maison, en leur disant qu’ils ont leur place au Bloc québécois s’ils pensent que le Québec est différent.

Myriam Beaulieu, elle, a profité de son dernier tour pour préciser que personne au NPD n’approuvait le niqab et le pipeline Énergie Est. Elle a qualifié de terrible le bilan économique, social et environnemental du gouvernement Harper, tout en ajoutant que Richmond-Arthabaska pouvait faire une réelle différence en élisant une première femme néodémocrate.

Le candidat du Parti vert, Laurier Busque, peu importe les résultats le 19 octobre, dit sortir gagnant de l’expérience vécue comme candidat.

Enfin, Alain Rayes a réitéré sa ferme conviction d’avoir fait le choix du bon parti politique qui promet des baisses d’impôts et de taxes, qui équilibre le budget sans annoncer de déficits pour les prochaines années. Le Parti conservateur constitue, selon lui, la bonne formation pour supporter les communautés et continuer à faire prospérer la région.