Déversements d’eaux usées : Victoriaville affiche une amélioration significative
Pour une deuxième année, Fondation Rivières rend public un outil permettant de découvrir la liste des municipalités qui se démarquent quant à l’intensité de leurs déversements d’eaux usées en 2020. Elle a aussi mis à jour, sur son site Web, la carte interactive des rejets avec les nouvelles données de 2020 qui révèle qu’il y a eu près de 53 000 déversements d’eaux usées l’an dernier au Québec.
Le triste palmarès 2020 met en lumière l’intensité des déversements de près de 700 municipalités, ce qui permet de distinguer celles qui se sont améliorées depuis 2019 de celles où la situation s’est détériorée. Cette année, nous innovons grâce à l’utilisation d’un puissant logiciel qui permet de comparer la performance des municipalités de taille semblable et aussi de connaître leur classement dans leurs régions respectives.
Parmi les grandes villes, Longueuil se démarque clairement comme le plus grand émetteur d’eaux usées non traitées au Québec, toutes catégories confondues, tandis qu’on peut constater une dégradation importante à Lévis et à Trois-Rivières entre 2019 et 2020. On note d’autre part une amélioration à Laval, Québec, Gatineau et Saguenay. En apparence, Sherbrooke présente des résultats positifs, mais en réalité, la Ville se voit attribuer une note D en ce qui a trait à la qualité de la mesure, puisqu’elle n’a pas complété l’installation des enregistreurs électroniques sur près de la moitié de ses ouvrages qui débordent.
La qualité de la mesure illustre le degré de transparence des municipalités, puisqu’il indique la proportion des ouvrages de surverses d’importance qui sont dotés d’enregistreurs électroniques. Une municipalité qui mesure bien l’intensité de ses déversements est donc désavantagée.
En ce qui a trait aux villes de taille moyenne, ce sont les municipalités reliées au réseau de l’agglomération de Longueuil qui trônent à ce triste palmarès, suivies de près par Roberval, La Tuque, Mercier et Salaberry-de-Valleyfield. Cette dernière s’est améliorée de façon notable, tout comme Victoriaville d’ailleurs. Les municipalités de taille moyenne ont des niveaux d’intensité par habitant absolument inacceptables et c’est probablement là que le plus gros du travail reste à faire.
En ce qui a trait aux petites municipalités, Saint-Tite, Caplan, Marsoui, Waterloo, Manseau et Paspébiac trônent au sommet de ce triste palmarès. Saint-Tite et Manseau ont vu leur performance se détériorer entre 2019 et 2020, tout comme Saint-Joseph-du-Lac et Saint-Césaire. Soulignons une amélioration à L’Ange-Gardien, Disraeli, Bedford, Normandin et Saint-Gabriel-de-Brandon. Montebello, qui trônait au palmarès en 2019, se classe 30e cette année, une indication qu’on y a réglé en partie la source des déversements : un ruisseau qui s’écoulait dans le réseau d’égouts.
Cette année, le triste palmarès nous donne accès à des informations qui n’étaient pas visibles auparavant, dont la qualité de la mesure et le nombre de journées dans l’année où il y a eu des déversements. La Ville de Québec, par exemple, a connu 318 jours avec des déversements sur les 365 jours de l’année.
Pas d’amélioration notable depuis l’an dernier et une permission de polluer pour encore dix ans
Le nombre de déversements s’élevait à 52 794 en 2020, contre 60 663 en 2019. Cette diminution s’explique par des précipitations moindres en 2020. La météo plus clémente a aussi permis une réduction globale de l’intensité des déversements, mais ces réductions ne sont pas structurelles, puisqu’on autorise encore et toujours la construction domiciliaire sans exiger une augmentation de la capacité des infrastructures, comme on a pu le constater avec le cas de Saint-Lin-des-Laurentides.
Le bilan n’est ni pire, ni meilleur que celui de l’an dernier et il n’est pas près de s’améliorer. Dans une position ministérielle du 22 septembre dernier, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) rappelle que son objectif n’est pas de réduire les déversements d’eaux usées, mais simplement de ne pas en augmenter le nombre au-delà des niveaux de 2014. Dans cette même position ministérielle, il accorde aux municipalités jusqu’au 1er janvier 2030 pour atteindre cet objectif.
« Autrement dit, les municipalités ont la permission d’augmenter la pollution dans nos rivières pour les dix prochaines années. Le MELCC annonce que dans dix ans, il sévira contre celles qui n’auront pas ramené leur niveau de pollution à celui de 2014. Pourquoi attendre 2030? Pourquoi ne pas cibler les municipalités délinquantes et s’attaquer maintenant aux problèmes les plus criants? Ça n’a aucun sens. Comme le palmarès et la carte le démontrent, nous savons exactement où se trouvent les problèmes les plus criants. Le premier ministre Legault aime à se qualifier de pragmatique. En quoi une telle mesure mur-à-mur est-elle pragmatique? », questionne André Bélanger, directeur général de Fondation Rivières.
Vous pouvez consulter le palmarès sur le site de Fondation Rivières à https://fondationrivieres.org/.
À propos de l’indice d’intensité des déversements
Le triste palmarès est réalisé sur la base de l’indice d’intensité des déversements développé l’an dernier par Fondation Rivières. Cet indice donne une idée de l’importance des déversements puisqu’il tient compte de la taille des ouvrages qui ont débordé et de la durée des déversements. En divisant cet indice d’intensité des déversements par le nombre d’habitants, il est alors possible de comparer les performances des municipalités entre elles, peu importe leur taille.