Devenir préposée aux bénéficiaires simplement pour aider

Marie Lamarre est à la retraite depuis six ans. Âgée de 51 ans, elle n’a pu retenir ce désir d’aider les autres qui l’a menée à suivre la formation accélérée de préposée aux bénéficiaires à Victoriaville.

Ce n’est pas le fait que la formation soit payée qui a encouragé la résidente de Tingwick à s’inscrire, ni même la promesse d’un salaire annuel de 49 000 $ à la suite de celle-ci. C’est simplement pour répondre à un appel, un besoin criant des personnes aînées (et autres) qui résident dans les CHSLD.

Son engagement ne vient pas non plus d’un surplus de temps à tuer. Au contraire, elle est toujours bien occupée dans différents projets, mais elle a voulu faire sa part dans cette pandémie hors du commun. Marie Lamarre a le don de soi imprégné dans son ADN.

C’est pourquoi depuis quelques semaines, elle est retournée sur les bancs d’école à Victoriaville afin de suivre cette formation accélérée. Elle sait déjà à quoi s’attendre une fois graduée puisqu’elle a été, pendant quelques semaines au printemps, aide de service au CHSLD du Chêne à Victoriaville. «C’est ma fille, qui a décidé de donner de son temps aussi, qui m’a dit : beaucoup de monde meurt, tu dois à ton tour donner pour aider», explique Marie en entrevue téléphonique. Déjà bien active au niveau du bénévolat, elle n’a pu contredire sa fille et s’est lancée dans cette aventure humaine.

Ces semaines à titre d’aide de service lui ont démontré que cette tâche n’était pas du simple bénévolat. «J’ai vu tous les besoins des gens et j’ai adoré l’expérience. On ne peut vivre dans un si grand pays et ne rien faire pour ceux qui l’ont bâti», a-t-elle souligné. Ainsi, après avoir discuté avec son époux et à sa suggestion même, Marie a choisi de suivre la formation et de revenir activement sur le marché du travail.

En devenant préposée aux bénéficiaires, elle sera en mesure d’aider encore davantage. Elle a bien vu, au CHSLD, que celles qui y travaillent (des femmes en majorité d’où l’utilisation du féminin) sont surchargées. «C’est une bonne chose que le gouvernement ait mis en place cette formation», estime-t-elle en ajoutant que le cours de trois mois lui permettra d’aider des aînés à avoir une belle fin de vie.

En classe, elle est entourée de personnes dévouées, un beau groupe, fait-elle remarquer. Même chose pour les enseignants qu’elle apprécie beaucoup. «On voit que les gens sont là pour les bonnes raisons», ajoute-t-elle. Marie est bien contente d’apprendre de nouvelles choses, elle qui confie avoir toujours aimé les études. «J’ai fait cinq ans au Cégep», dit-elle en riant.

Pour ce qui est de la formation, tout va bien pour elle jusqu’à maintenant. Elle estime que le plus délicat, ce sont les déplacements et le lavage des gens. «Il faut le faire avec la même patience et la même rigueur qu’avec les enfants», compare-t-elle. On lui apprend également comment mettre et utiliser les équipements de protection de façon adéquate et les façons dont il faut travailler. Bientôt, elle reviendra sur le terrain avec les stages qui débuteront en milieu de travail.

Mais pour Marie Lamarre, la présence auprès des résidents en CHSLD n’a jamais vraiment cessé puisqu’elle y travaille encore, à titre d’aide de services, une fin de semaine sur deux. «Je l’avais promis», dit-elle simplement. D’ailleurs, elle espère bien, à la fin de sa formation, que c’est dans cet établissement qu’elle sera appelée à travailler. «Je me suis habituée avec les personnes qui y résident et je connais le personnel fantastique qui y travaille.»

La future préposée sait exactement dans quoi elle s’embarque et dit même qu’elle n’a pas l’intention de ne faire qu’une seule année en CHSLD à la suite de la formation, comme il est demandé. «Je vais donner autant que je peux, 10 ans si c’est possible. C’est un métier qui permet de revenir à la base et d’aider ceux qui en ont besoin», mentionne-t-elle.

Elle a vu de près ce virus, qu’une de ses filles a contracté. «J’ai aussi un cousin qui en est mort aux États-Unis», exprime-t-elle. Mais de son côté, elle n’en a pas peur, bien qu’elle respecte toutes les consignes de sécurité. «J’ai la foi, alors je ne m’inquiète pas», indique-t-elle simplement.

Ce qu’elle espère de tout son cœur, c’est que le personnel, notamment grâce à la formation, soit assez nombreux pour affronter la deuxième vague, s’il y en a une. «Afin que nous soyons en mesure de mieux contrôler cette pandémie et surtout de protéger nos aînés», précise-t-elle.

Philantrophe de bien des façons

Haïtienne d’origine (même si elle n’y a vécu que 10 mois à sa naissance), elle sait bien ce que c’est qu’une urgence sanitaire. En effet, lors du tremblement de terre en Haïti, en 2010, elle a rapidement voulu se rendre sur place (où elle a une propriété) pour prêter main-forte aux secouristes. Il faut dire qu’elle y faisait déjà du bénévolat pour une fondation qui était chère à son défunt père.

Arrivée sur les lieux, c’était la crise, avec près de 300 000 morts à travers le pays. «Il fallait aider, soigner. Nous avons alors été formés en quelques jours, ce qui a permis de sauver plusieurs personnes», rappelle-t-elle.

Le don de soi est donc dans ses mœurs depuis longtemps et Marie Lamarre a voulu les transmettre à ses trois enfants, dès leur plus jeune âge. «Je viens d’une famille chrétienne qui s’investit énormément dans la cause humanitaire et vise un avenir meilleur pour tous. Aider son prochain est simplement humain», résume-t-elle.