Devant des opposants, la MRC d’Arthabaska appuie officiellement le projet éolien

Prenant place à l’hôtel de ville de Victoriaville, mercredi soir, des opposants au projet éolien ont vu le Conseil de la MRC d’Arthabaska donner son appui officiel au projet du promoteur Boralex en adoptant une résolution d’appui en ce sens.

Les élus se sont pliés ainsi à l’exigence d’Hydro-Québec comme quoi un promoteur doit démontrer qu’un projet éolien obtient l’appui de son milieu.

D’entrée de jeu, le préfet Christian Côté a rappelé les différentes démarches menées depuis l’été 2022. « On a voulu en apprendre plus sur les éoliennes, mais aussi sur la situation de l’énergie au Québec », a-t-il indiqué, ajoutant que les élus « ont voulu faire preuve de transparence en invitant les citoyens du territoire, la communauté d’affaires et les partenaires à un grand exercice visant le dialogue et l’échange. »

L’appui de la MRC d’Arthabaska au projet se base, a-t-il souligné, sur les retombées sociales, environnementales et économiques. « Toutefois, gardons en tête que nous n’en sommes qu’au début du projet : avant d’aller plus loin, il devra être retenu par Hydro-Québec, puis être présenté lors des audiences du  BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) où les citoyens pourront à nouveau faire entendre leur voix », a mentionné le préfet.

Par ailleurs, le Conseil de la MRC, a confié le directeur général Frédérick Michaud, se réunira, de nouveau, mercredi prochain, en séance extraordinaire, pour traiter de la question du règlement prévoyant un emprunt de 100 millions de dollars destinés à la construction et à l’exploitation du parc éolien.

Une firme comptable doit terminer son analyse des chiffres. « On a reçu des chiffres qui doivent être vérifiés par une firme externe afin de s’assurer qu’ils sont conformes. Quand on aura le rapport, on pourra soumettre au Conseil le règlement d’emprunt avec un montant spécifique qu’il faudra emprunter si le projet éolien est retenu », a-t-il expliqué.

Des questions

Pas moins d’une douzaine de citoyens, lors de la période de questions, n’ont pas manqué d’interpeller et de questionner les élus.

La transparence, la notion d’acceptabilité sociale et le manque d’information ont notamment été soulevés.

Certains ont fait valoir que le projet divisait, que l’acceptabilité sociale n’était pas atteinte. À cela, le nouveau maire de Saint-Albert, Dominique Poulin, a précisé, qu’à son avis, Hydro-Québec allait déterminer s’il y a acceptabilité ou non dans le milieu.

Une citoyenne de Sainte-Séraphine, Annie Lampron, a déploré le manque d’information. « Je n’ai vu aucune information dans notre journal paroissial ni sur la page Facebook de la Municipalité », a-t-elle fait savoir.

À cela, le préfet a rétorqué que Boralex avait implanté son bureau de projet à Sainte-Séraphine. « Avec un projet de la sorte, il faudrait qu’il soit ouvert plus qu’une journée par semaine. L’information, c’est la base », a-t-elle soutenu.

Des résidents de Warwick, par ailleurs, ont reproché à la mairesse suppléante, Noëlla Comtois, son appui au projet, contrairement à ce qu’elle aurait affirmé lors de la séance du conseil municipal.

« À Warwick, c’est non, les éoliennes, mais j’ai dit qu’il fallait respecter les autres municipalités et ne pas leur mettre de barrières », s’est-elle défendu.

« Pourquoi ignorer la voix des citoyens? », a-t-on lancé aussi, notamment au maire Antoine Tardif de Victoriaville.

« Ce projet, on en parle depuis plus d’un an, a-t-il noté. On a respecté toutes les procédures. Et il n’y a pas eu de mouvement, pas de signature de registre. On a constaté qu’il n’y avait pas d’opposition. »

D’une manière expressive et presque théâtrale même, une citoyenne de Saints-Martyrs-Canadiens a aussi décrié le projet, déplorant le manque d’information. « C’est quoi ce délire? C’est honteux. C’est vraiment de prendre les gens pour des cons », a-t-elle lancé.

Elle a déplié aussi une grande affiche pour illustrer ce que peut représenter la hauteur des éoliennes qui garniraient le parc de Boralex.

Quant au BAPE, c’est au début du processus qu’une telle audience doit avoir lieu et non quand tout est ficelé, selon elle.

Citoyen de Sainte-Élizabeth-de-Warwick, Pierre-Paul Leblanc a fait connaître sa déception concernant le processus établi. « C’est déplorable. Il aurait fallu une grande consultation publique pour connaître la véritable opinion des gens sur l’avenir de la région », a-t-il dit.

Une opinion qui rejoint celle de Johanne Allard de Victoriaville. « Il faudrait un véritable débat. Débattre de différentes options avec de vrais spécialistes. Il ne faut pas laisser l’argent nous diviser et dissoudre notre qualité de vie », a-t-elle terminé.

L’ancien maire de Warwick, Diego Scalzo, a aussi pris la parole. « Je suis pour les éoliennes, mais pas dans les zones habitées », a-t-il signifié, tout en demandant si les règlements prévoyaient un plafond, s’ils limitaient par exemple la hauteur des éoliennes et le bruit produit. Il n’a toutefois pas obtenu de réponses à ces questions.

Pour sa part, Claude Charron de Saint-Ferdinand a vécu, a-t-il dit, les impacts des éoliennes, soutenant qu’elles ont pesé dans la balance concernant la dévaluation de 5% de la valeur de sa propriété.

« Et puis, la division sociale, c’est un impact terrible. Dix ans plus tard, c’est encore tabou chez nous. Les blessures et cicatrices ne se sont pas encore refermées », a-t-il exprimé, avant de questionner le maire de Victoriaville sur le premier principe du développement durable.

« À Victoriaville, on base le développement durable sur trois volets : économique, social et environnemental. Avec l’actuel projet, on pense que du point de vue environnemental, c’est important de voguer vers la transition énergétique et d’y contribuer comme région. Du côté économique, le projet générera des retombées qui pourront aider au financement de projets sociaux dans les municipalités, comme le transport collectif, par exemple », a-t-il fait valoir.