Des travailleuses de la santé inquiètes pour leur sécurité
Des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes, membres du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec, expriment des inquiétudes en lien avec les femmes enceintes qui prodiguent des soins, mais aussi avec le matériel rationné.
«On vit beaucoup d’inquiétude. C’est une situation anxiogène», indique Nathalie Perron, présidente du syndicat affilié à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
Elle représente plus de 5000 membres dans la grande région, dont 850 dans les MRC d’Arthabaska et de L’Érable.
La situation des femmes enceintes est «très préoccupante». «On les a retirées des urgences et des cliniques de dépistage, mais elles continuent à dispenser des soins ailleurs. Cela les expose à des risques de contracter la COVID-19», précise Mme Perron.
La présidente syndicale réclame la même action qu’à Sherbrooke. «Les travailleuses enceintes ont toutes été retirées. C’est ce qu’on veut pour l’ensemble de nos membres. Cela ne signifie pas de les renvoyer à la maison, mais plutôt de les réaffecter à d’autres tâches qui ne nécessitent pas de contacts avec les patients», plaide-t-elle, d’autant que la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail) a retiré ces femmes de milieux comme les pharmacies et les épiceries. «Or, quand les gens sont malades, ils viennent à l’hôpital et rencontrent notre personnel. On veut éviter que les femmes enceintes se mettent en danger ainsi que leur enfant», souligne Nathalie Perron.
L’employeur, croit-elle, entend le message, mais semble attendre les directives du ministère.
Le syndicat invite plutôt la direction à se mettre rapidement en action. «Rien n’empêche un employeur d’être proactif, de prendre une décision. C’est ce qui manque, du leadership, avance la présidente. C’est ce qu’on déplore. Je pense qu’on est capable de faire mieux comme organisation, de faire plus de prévention et être davantage proactif.»
Nathalie Perron s’insurge aussi de la difficulté qu’éprouvent ses membres à obtenir le matériel de protection. «Tout est rationné, contrôlé par les gestionnaires. Il manque parfois de matériel, signale-t-elle. On doit attendre pour avoir l’équipement nécessaire pour pouvoir se protéger en présence de patients suspectés ou qui ont reçu le diagnostic.»
Il est primordial que ses membres soient adéquatement protégés, qu’ils aient accès à tout l’équipement nécessaire. «Sans protection adéquate, on peut s’infecter et transmettre le virus à d’autres. Il n’est pas normal qu’on doive courir, quémander pour obtenir le matériel. On a toujours su comment bien utiliser notre équipement de protection. Tout est bien documenté quand et comment l’utiliser. Ce n’est pas normal que ce soit barré sous clé. C’est grandement préoccupant», exprime la présidente estimant qu’il ne faut pas attendre une crise pour avoir le matériel sur place.
Nathalie Perron se questionne à la vue de policiers munis de masque N-95 alors que ses membres, en première ligne avec les patients, peinent à avoir des masques ordinaires, «ces masques qu’on donne aux patients quand ils ont la grippe». «On doit avoir accès à ce type de matériel sans être obligé de quémander parce qu’on donne des soins et on ne veut pas se mettre en danger pas plus que nos patients», conclut-elle.
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