Des toges confectionnées localement pour les finissants

Cette année, pour leur collation des grades,  cérémonie organisée par Marie-Ève Vallières et Andrée Gosselin, les finissantes et finissants de l’école secondaire Le boisé de Victoriaville porteront fièrement la toge. Mais pas n’importe quelle «robe». Des toges fabriquées par les élèves du CFER Normand-Maurice.

L’an dernier, les finissants n’ont pas eu cette chance. Oui, malgré la pandémie, ils ont eu droit à une célébration extérieure pour souligner la fin de leur parcours scolaire. Mais sans la toge. «Les élèves étaient très heureux de la cérémonie, mais le commentaire qui revenait : il manquait la toge. Mais il n’y avait rien à faire. Les toges qu’on louait auparavant n’étaient pas disponibles», souligne Marie-Ève Vallières, enseignante en cinquième secondaire.

De là, Andrée Gosselin, enseignante elle aussi en cinquième secondaire, a suggéré que la situation serait tout autre si l’école possédait ses propres toges. Une observation qui a agi telle une étincelle.

Directrice adjointe à l’école Le boisé, Patricia Huppé a allumé rapidement. «Moi une adepte du recyclage et une personne écoresponsable, j’ai tout de suite pensé au CFER (centre de formation en entreprise et récupération) doté d’un atelier de couture. On n’a qu’à leur demander, me suis-je dit. Ils sont sûrement en mesure de confectionner des toges», raconte-t-elle.

Le directeur du CFER, Guy Martel, son équipe et l’ensemble des élèves n’ont pas hésité et ont adhéré au projet avec enthousiasme.

Pour fabriquer les 150 toges nécessaires, le CFER a fait l’acquisition de tissus, une remorque remplie longue de 53 pieds. «On a acheté du matériel neuf rebuté par les entreprises. Ça nous a servi de matière première. On en avait suffisamment pour réaliser les 150 premières toges. En noir, il en reste encore pour en fabriquer le double», précise le directeur.

«Ce tissu neuf, bien qu’il ne soit pas recyclé, était voué à se retrouver au dépotoir. On est écoresponsable en les détournant de l’enfouissement», se réjouit Patricia Huppé.

Selon leur degré de compétence, l’ensemble des élèves du CFER a mis la main à la pâte pour produire les toges. «Il y avait des tâches pour chacun, les mesures, le taillage, le repérage des bons tissus et le prototypage, entre autres», explique Guy Martel.

«Ils ont bien participé», assure Christelle Leclerc, responsable du département de couture au CFER Normand-Maurice et heureuse de cette contribution au projet. «J’étais vraiment touchée de cette commande. Pour un moindre coût, c’est tellement facile d’acheter en Chine, fait-elle remarquer. Je trouvais magnifique qu’on pense à acheter local et qu’on fasse appel à nos élèves. Pour eux, il s’agit d’un bel apprentissage.»

À partir d’un modèle de toge, différents patrons ont été réalisés. «La beauté de la chose, c’est que nous avons sept patrons pour autant de grandeurs différentes», observe Patricia Huppé.

Résultat convaincant

«Nous sommes ultra satisfaits!» Ainsi s’exprime Marie-Ève Vallières pour commenter notamment la très grande qualité du produit. «On a une qualité de tissu meilleure que ce que nous avions. Vraiment un beau tissu très résistant et les fermoirs sont ultrasolides», signale-t-elle.

La responsable de la collation de grades savoure cette association avec le CFER. «Je suis très heureuse de ce partenariat qui permet un rayonnement et la mise en lumière du travail des élèves», exprime-t-elle.

L’école Le boisé, maintenant propriétaire de ses toges, ne revivra donc pas la situation de l’an passé. Cette année, le samedi 12 juin, lors de la collation des grades, les finissants porteront la toge, un produit d’ici.

«J’ai trouvé ça plaisant de travailler avec les autres élèves», confie Émy Cyr, finissante au CFER, en commentant son expérience. Fière, bien sûr, de savoir que les élèves finissants endosseront les toges qu’ils ont fabriquées.

Cette réalisation pourrait ouvrir la porte à d’autres projets, avance Patricia Huppé, et même la confection de toges pour d’autres établissements. «Je suis persuadé que plusieurs voudront mettre la main sur nos toges, surtout avec une telle qualité. Le besoin existe», note-t-elle.

Questionné sur cette possibilité de reprendre une production pour d’autres écoles, le directeur du CFER reconnaît que «cela peut être réalisable à échelle raisonnable en le sachant d’avance et en favorisant des établissements près de chez nous».

Si le CFER recevait une demande de la sorte, la direction procéderait à une analyse sérieuse pour évaluer la capacité de répondre à la demande et d’avoir accès au matériel nécessaire.

Chose certaine, pas question pour le CFER Normand-Maurice d’oublier sa mission. «Nous sommes un parcours de formation axé sur l’emploi. On ne voudrait pas, par exemple, qu’une production puisse mettre la formation de côté. Nous travaillons au développement de compétences chez nos jeunes. Cette mission demeure. Nous sommes un laboratoire dynamique. Mais quand on peut servir et bénéficier d’une visibilité, c’est quelque chose d’intéressant pour nous», fait-il valoir. Ce fut notamment le cas, en début de pandémie, alors que l’équipe du CFER a fabriqué tout près de 7000 masques.

Enfin, sait-on jamais, l’équipe de l’école Le boisé pourrait mûrir l’idée de confectionner les mortiers, ces toques que portent les diplômés. Une couturière en a même décortiqué un pour connaître les dessous de sa confection.

Actuellement, l’établissement les achète et les élèves les conservent en souvenir.