Des «étrangetés» dans le projet de loi 86

ÉDUCATION. Déposé vendredi par le ministre de l’Éducation, François Blais, le projet de loi 86, modifiant la gouvernance scolaire, laisse perplexe Nancie Lafond, présidente du Syndicat de l’enseignement des Bois-Francs (SEBF). «Je l’accueille avec de gros points d’interrogation», résume-t-elle.

À quelques heures de la fin de la session parlementaire, vendredi, le ministre a déposé ce projet de loi visant, entre autres, à troquer les commissions scolaires contre des conseils scolaires et à confier plus de pouvoirs aux conseils d’établissements des écoles. Ayant lu «en diagonale» la soixantaine de pages du projet de loi, Nancie Lafond se demande comment ce «jeu» dans les structures améliorera le sort et la réussite des élèves. Elle a aussi relevé certaines «étrangetés» pour ne pas dire des «paradoxes».

«Le projet de loi parle des profs comme des «experts de la pédagogie» alors qu’il confie plus de pouvoirs au ministre ainsi qu’aux conseils d’établissement en cette matière. Actuellement, tout ce qui concerne les méthodes pédagogiques n’est pas débattu au conseil d’établissement présidé par un parent qui possède un vote prépondérant. Il y a des risques que des désaccords sur des sujets pédagogiques au conseil d’établissement créent des malaises. Pire que cela entrave l’autonomie professionnelle des enseignants.»

La présidente du SEBF ajoute que d’un côté de la bouche, le gouvernement flatte les enseignants en les reconnaissant comme des «experts» et que de l’autre, aux tables de négociations, il balaie du revers de la main les solutions qu’ils avancent pour améliorer la réussite des élèves. «Il dit que nous sommes les experts, mais nous balaie sur le terrain.»

Nancie Lafond estime d’ailleurs que le dépôt du projet de loi survient à un bien étrange moment. «Comme si le gouvernement voulait détourner l’attention de la négociation. Alors que le gros morceau de l’éducation ces temps-ci, c’est la négociation!» Sur la composition du conseil scolaire – appelé à remplacer la commission scolaire – le projet de loi 86 prévoit un siège (sur 16) aux enseignants et un autre pour les professionnels. «Mais on n’a aucune idée de la façon dont l’enseignant sera choisi.»

Le projet de loi a été présenté, pas expliqué, poursuit Mme Lafond.

Comme les négos accaparent les esprits ces temps-ci, il faudra attendre après les fêtes pour l’«analyse fine et pointue» du projet de loi par les syndicats, lesquels participeront à la commission parlementaire.

Si plusieurs aspects de la convention collective ont été réglés aux tables sectorielles, reste encore à négocier les conditions salariales et les dispositions du régime de retraite, note la présidente.

Au moment d’écrire ces lignes – lundi après-midi – un débrayage était toujours prévu pour le mercredi 9 décembre. Mme Lafond avait toujours espérance d’un règlement avant Noël.