Des coccinelles à la pelle…

Ce sont les conditions climatiques, un temps chaud s’étant étalé sur plusieurs jours, qui expliquent la prolifération de coccinelles asiatiques cet automne, explique Jean-Philippe Légaré, entomologiste à la direction de la phytoprotection du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

Il soutient que le phénomène est assez généralisé au Québec, dans les forêts, mais plus particulièrement dans les milieux agricoles.

Il explique que tout est relié, les cultures, les ravageurs et leurs prédateurs. Le climat a favorisé le développement des plantes, des insectes qui veulent s’y attaquer, ce qui a accru la disponibilité de nourriture pour les coccinelles asiatiques, leurs prédateurs. L’étirement de la saison leur a permis de créer une nouvelle génération.

Lorsque la nourriture n’est plus disponible, par de belles journées ensoleillées, les coccinelles s’envolent et cherchent refuge pour l’hiver, cherchant à s’introduire dans les maisons par tous les interstices.

«Le mieux que l’on peut faire, c’est de tenter d’isoler le plus possible sa maison. Sinon, il y a des compagnies d’extermination qui parviennent à faire du bon travail.»

Les coccinelles asiatiques, «super voraces», ne figurent pas à une liste d’espèces à protéger, répond M. Légaré.

Mais elles sont fort utiles. «Les producteurs agricoles sont heureux lorsqu’ils en voient beaucoup dans leurs champs.» Moins heureux sont ceux qui, certains jours, ont dû faire face à de véritables invasions, ce qui a été le cas la fin de semaine dernière.

Oui, les coccinelles peuvent pincer la peau, admet l’entomologiste. Eh oui, il est possible que sans être dangereuses pour la santé humaine, elles peuvent provoquer des réactions allergiques chez certaines personnes.

Il répond aussi par l’affirmative en disant qu’elles possèdent des glandes sécrétant une odeur nauséabonde, les protégeant ainsi de prédateurs. On leur en connaît d’ailleurs bien peu.

Jean-Philippe Légaré dément la «légende rurale» qui attribue aux producteurs de canneberges du Québec l’introduction de la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis en latin).

Il explique que ce sont les producteurs américains qui les ont importées pour contrôler les pucerons ravageurs de cultures. Il a toutefois fallu plusieurs décennies avant que l’espèce s’établisse aux États-Unis, les premières tentatives remontant à 1900. Ce n’est qu’au milieu des années 1980 que les coccinelles asiatiques ont commencé à faire leur boulot de prédateur dans les champs américains.

Depuis, leur aire de répartition s’est étendue dans toute l’Amérique du Nord et au Québec depuis 1994 où personne n’a eu besoin d’en importer!

Bénéfique aux agriculteurs parce qu’elle réduit le recours aux insecticides, la coccinelle devient nuisance pour les résidents, la population étant difficilement contrôlable.

Au Québec, nous précise-t-on au ministère de l’Agriculture, il est possible d’observer 90 espèces de coccinelles. La coccinelle originaire d’Asie est en train de devenir une espèce dominante, déplaçant même les autres espèces indigènes.