Des appels qui font du bien

Comme plusieurs autres bénévoles, Robert Jutras s’est donné comme mission, il y a maintenant trois semaines, de faire des appels à des personnes aînées, confinées chez elles.

Il était réticent à parler de son expérience au départ, indiquant qu’il faisait ça simplement pour aider les autres. Mais il s’est rapidement laissé emporter, parlant de ces gens avec qui il entretient, depuis quelques jours, une relation téléphonique, sympathique la plupart du temps.

C’est sa fille qui lui a demandé de se lancer dans cette aventure bénévole et humaine, lui fournissant une liste de dix noms à contacter, toutes autonomes. «J’ai un peu hésité au départ puisque je ne connaissais pas les personnes ni leur visage», a-t-il expliqué en entrevue téléphonique.

La première semaine a été un peu difficile, M. Jutras ayant à trouver des sujets d’intérêt pour ces personnes afin de les amener à parler de la façon dont elles vivent ce confinement et, par la même occasion, leur apporter le réconfort dont elles ont besoin. «Il y en a qui m’ont dit, poliment, qu’ils n’étaient pas intéressés puisqu’ils ont plusieurs enfants qui appellent chaque semaine», a-t-il découvert. D’autres sont positifs à cet appel, mais ne sont pas trop jasants.

«La semaine dernière, après Pâques, c’était le sujet. Ils m’ont dit qu’ils avaient trouvé ça difficile de ne pas avoir de visite pour cette fête. Mais ils comprennent la situation», contextualise-t-il. En commençant sa troisième semaine d’appels sur les huit prévues, Robert Jutras en a appris davantage sur ces gens qui se confient maintenant plus volontiers à lui. «Je découvre leur histoire et j’ai remarqué que plusieurs ne sont pas originaires de Victoriaville», fait-il savoir.

Mais puisqu’il connaît tout le monde, un peu partout, il n’a pas été difficile pour lui de trouver des liens avec ceux à qui il parle maintenant hebdomadairement. Si bien qu’il peut passer entre 20 et 30 minutes pour chaque appel. «Je ne leur donne pas de rendez-vous précis. J’appelle au cours de la semaine, selon ma disponibilité. C’est bien intéressant, j’apprends beaucoup d’histoires de la région et d’ailleurs», remarque-t-il.

Certains lui ont dit qu’ils avaient connu son père, Yvon Jutras, à qui on doit le boulevard du même nom et reparlent d’une autre époque. «C’est drôle parce qu’il y a longtemps qu’il est mort et on m’en parle encore.»

D’autres racontent leur quotidien et les difficultés qu’ils éprouvent. «Il y en a aussi qui s’informent de moi», dit-il encore. Mais pour ces appels amicaux, les bénévoles doivent respecter certaines consignes, dont ne pas afficher leur numéro et éviter d’aborder le thème de la maladie qui fait actuellement rage à travers le monde. Mais de ce sujet, les gens en parlent puisqu’ils sont directement touchés dans leur quotidien. «Plus ça va, plus ils se dégênent», souline-t-il.

Et au fil du temps, il a pu apprendre que quelques-uns étaient bien équipés, informatiquement parlant, ce qui leur permettait de garder un lien encore plus direct avec leurs proches. «Ma gang, dit-il affectueusement, a de bons liens avec ses enfants.»

De toute cette histoire nait, sans qu’elle ne soit planifiée, une belle amitié entre l’appelant et les appelés. Si bien que ce n’est pas impossible, lorsque tout cela sera terminé, que des rencontres se produisent, en personne.

Expo habitation Bois-Francs

Même s’il occupe une partie de son temps à parler bénévolement aux aînés, Robert Jutras trouve tout de même du temps pour remettre en route l’Expo habitation Bois-Francs, dont il est l’organisateur. Il a dû, on s’en souvient, annuler la présentation 2020, prévue les 20, 21 et 22 mars, les rassemblements ayant été interdits dès le 12 mars. «Il avait été difficile à organiser, mais il aurait été beau», a-t-il fait savoir.

À la suite de l’annulation, il a fallu réagir rapidement afin d’aviser les exposants qui ont été bien reconnaissants de sa vitesse d’exécution. «J’ai eu plusieurs mots de félicitations et des élans de générosité aussi. Un exposant m’a même dit de garder la moitié de la somme qu’il avait payée pour le salon», a-t-il apprécié.

Bien entendu, ce report lui coûte de l’argent, mais il s’est remis au travail et est à déterminer les dates du salon pour 2021.