Décès de Daniel Gaudreau, un homme de cœur et d’idées

Il y avait à la fois de la tristesse et de l’inquiétude chez Gaudreau Environnement lundi matin en deuil de son président de son «enviro-maître». Daniel Gaudreau est décédé autour de midi, vendredi, au CHUM où il était hospitalisé depuis quelque temps.

La nouvelle de sa mort a été diffusée par voie de communiqué vendredi après-midi.

S’il est un mot qui revient sur les lèvres des trois interlocuteurs de La Nouvelle Union appelés à livrer un témoignage sur le disparu, c’est le mot «générosité».

Le maire actuel, André Bellavance, l’ex-maire de Victoriaville, Jean-Paul Croteau et le vice-président et chef de la direction de Gaudreau Environnement, Claude Charland en conviennent tous.

Il a été généreux de son temps, de son énergie, de ses idées, de son argent, de son aide à d’innombrables causes, soutiennent les trois hommes qui l’ont côtoyé de différentes façons.

Claude Charland estime d’ailleurs qu’il n’est pas faux de penser que l’homme d’affaires s’est investi au détriment de sa santé. Souvent, ajoute-t-il, il fallait freiner ses élans à vouloir soutenir plusieurs causes simultanément.

«Ce qui lui importait, c’était de voir la communauté se développer», soutient M. Charland qui, bien avant de s’installer à la barre de Gaudreau, Environnement connaissait Daniel depuis une bonne cinquantaine d’années. «On allait à l’école et on jouait au hockey ensemble. On avait presque le même âge. J’ai 58, il en avait 57», signale M. Charland.

L’ex-maire de Victoriaville (1999-2001), Jean-Paul Croteau évoque aussi la générosité dont Daniel Gaudreau a fait preuve et cela à plusieurs moments de sa vie d’hommes d’affaires, même lors de l’«épouvantable chicane» autour du lieu d’enfouissement sanitaire ayant agité Victoriaville à la fin des années 1990.

Deux bâtisseurs indissociables

«Il aurait pu, oui, refuser tout compromis et être rancunier», soutient M. Croteau. Au contraire, note ce dernier, il a accepté un règlement à l’amiable avec la Ville et, plus tard, un partenariat qui allait faire naître la société d’économie mixte Gesterra. Une «solution idéale, dit encore M. Croteau, qui assure stabilité, pérennité et services pour la gestion des matières résiduelles sur le territoire de la MRC d’Arthabaska».

Si Victoriaville peut se targuer d’être le «berceau du développement durable», souligne M. Croteau, c’est grâce à Normand Maurice et aussi à Daniel Gaudreau. «Parce qu’ils sont indissociables.»

Au décès de Normand Maurice – le 31 décembre 2004 – Daniel Gaudreau avait lui-même déclaré qu’il avait le sentiment d’avoir perdu un «père», disant du «guerrier Normand Maurice» qu’il avait au plan politique, fait avancer l’industrie de la récupération au Québec.

M. Croteau se souvient des débuts… laborieux de la récupération. C’était au temps où il était conseiller municipal à Arthabaska, bien avant la fusion avec Victoriaville en 1993. Normand Maurice avait convaincu la Ville d’Arthabaska de fournir un petit bac noir à ses citoyens afin de récupérer l’équivalent de trois sacs «Steinberg» de matières comme du verre, des bouteilles et du papier.

L’entreprise intégrée de collecte, de transport et de récupération qu’a pu faire croître Daniel Gaudreau est en quelque sorte née de l’impulsion de Normand Maurice. Ce dernier a fini par se retirer des activités de gestion, rappelle M. Croteau, ce qui a constitué une bonne chose, ces activités devant être exploitées par le privé, selon lui.

«Les invectives de Normand Maurice sur les comportements qu’il fallait abandonner – comme les dépôts sauvages – Daniel les a vite comprises», commente Claude Charland.

«C’est un bâtisseur, un innovateur, un homme de cœur qui a su créer une entreprise unique au Québec, laquelle exploite un des centres de tri les plus modernes au Québec», poursuit le maire Bellavance. Il ajoute que Daniel Gaudreau, son entreprise de plus de 500 employés, ses innovations comme la collecte à trois voies, le camion laveur de bacs, l’écocentre font la fierté de Victoriaville. «Il était à la fois un monsieur et un gars simple à qui on pouvait dire «Salut Daniel!». Il était facile d’approche.»

Président de Gesterra, M. Bellavance a pu côtoyer Daniel Gaudreau presque jusqu’à la fin. Il était, certes, réservé, pas enclin à discourir, mais lorsqu’il parlait, tout le monde écoutait, décrit le maire.

Claude Charland confirme que Daniel Gaudreau ne cherchait pas l’avant-plan. «Il avait une présence forte, mais tranquille. Quand il arrivait quelque part, il en imposait. Pas pour son physique, mais pour son attitude, ses opinions, ses idées, ses connaissances. Je suis content d’avoir pu profiter de sa présence.»

Aucun des hommes ne s’inquiète de l’avenir de Gaudreau Environnement. «Responsable comme il était et avec un gestionnaire – Claude Charland – qui a fait ses preuves, j’ai confiance que Daniel avait bien préparé sa succession», soutient le maire Bellavance. «Il faut faire confiance à la génétique», dit Claude Charland. L’avenir de l’entreprise sera dicté par les volontés testamentaires du défunt.

Il faut revoir une vidéo (http://bit.ly/2ihpOHk) pour mesurer le «chemin» parcouru par Daniel Gaudreau, et le mot chemin n’a rien de fortuit. Il raconte que tout jeune encore, il conduisait – sans permis – des camions pour l’entreprise de son père, Jacques, récupérant le carton du tas d’ordures.

«Une entreprise, ça se monte avec des gens et cela, Daniel ne l’a jamais oublié. Il avait une attention particulière pour ses employés. C’est lui qui tenait à aller magasiner les montres pour ceux qui travaillaient depuis 25 ans», dit Claude Charland.

Le parcours de l’homme aux yeux verts s’apparente à celui d’autres bâtisseurs du même créneau industriel, les frères Lemaire, remarque André Bellavance. Et comme les frères Lemaire, Daniel Gaudreau a dû faire en sorte que son entreprise lui survivra, croit Jean-Paul Croteau.

Ses proches, dont sa conjointe et ses filles, recevront les condoléances jeudi et vendredi jour des funérailles (14 heures à l’église Saint-Christophe-d’Arthabaska) au Complexe funéraire Grégoire et Desrochers.