Décès au Chêne : une mort naturelle pour un homme victime d’agressions

RAPPORT. Victime d’agressions de la part d’autres résidents du Centre d’hébergement Le Chêne, Patrice Bélisle, 70 ans, décédé en après-midi le 20 octobre 2014, a succombé à une bronchopneumonie. Il s’agit donc d’un décès de cause naturelle, conclut le coroner Pierre Bélisle dans son rapport rendu public, jeudi matin.

En raison de coups reçus peu de temps avant le décès du septuagénaire, le médecin de l’homme avait signalé l’événement au coroner qui a entrepris une investigation, assisté par des enquêteurs du Service régional d’enquête de la Sûreté du Québec, Mauricie-Centre-du-Québec.

Une autopsie, limitée au cerveau, a été pratiquée le 21 octobre à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. «L’examen externe ne révèle pas de lésion au niveau du visage, ni de la tête, indique le coroner dans son rapport. À l’interne, le pathologiste n’observe aucun hématome sous la peau ou sous dural. Il n’y a pas de trace de sang dans la boîte crânienne ni indice de fracture.»

La pathologiste, toutefois, ayant observé une légère congestion dans la région temporo-occipitale, a demandé une évaluation neuropathologique. Celle-ci a été réalisée à l’Hôpital Enfant-Jésus à Québec.

Le médecin a conclu à une démence de type mixte, maladie d’Alzheimer et démence à corps de Lewy. «Il n’a pas noté d’indice d’une lésion traumatique, non plus qu’une hémorragie récente ou semi-récente. Il ne fait donc pas de lien entre le décès de M. Bélisle et les coups qu’il aurait reçus à l’occasion des agressions», précise le coroner Pierre Bélisle.

Les circonstances

En abordant les circonstances entourant le décès de Patrice Bélisle, le coroner souligne que la maladie d’Alzheimer de l’homme amène de l’agressivité et des périodes d’errance au cours desquelles il emporte souvent des choses récoltées dans les chambres des autres résidents lors de ses «explorations».

Cette errance très invasive amène les autorités de l’établissement à prendre la décision, en mars 2014, à transférer M. Bélisle dans une autre unité prothétique, un transfert qui s’effectue en avril 2014.

Quatre mois plus tard, le 16 août, le septuagénaire est entré dans la chambre d’un autre résident qui l’a poussé. «Il tombe au sol, assis. Il ne présente pas de traumatisme. Il se relève seul et continue sa tournée», relate le coroner dans son rapport, soulignant ensuite un autre incident, celui du 27 septembre, où Patrice Bélisle a reçu des coups au visage, infligés par un autre résident.

Les coups lui ont laissé une lésion à joue droite, une rougeur et une enflure à la paupière gauche.

Les autorités songent alors à déménager l’homme dans une autre unité. Le personnel discute aussi avec sa famille de la possibilité de soumettre M. Bélisle, pour sa propre sécurité, à de la contention pour de courtes périodes.

Puis le 11 octobre, autre incident, un résident pousse M. Bélisle. Ce dernier tombe au sol et sa tête heurte une armoire. «Il est relevé et mis sous surveillance constante durant un certain temps. Il n’a pas perdu conscience, note le coroner. En soirée, il est retrouvé au sol, assis entre deux chaises. Il n’est pas blessé.»

Trois jours plus tard, Patrice Bélisle présente de sérieux problèmes d’équilibre et ses déplacements se font plus difficiles. Par la suite, il cessera de s’alimenter et de s’hydrater, demeurant au lit. La fièvre se mettra de la partie. Son décès sera constaté le 20 octobre à 13 h 52.

Le médecin traitant de l’homme pensait bien qu’une pneumonie l’avait emporté. Mais il a sollicité une autopsie pour exclure la possibilité que le décès soit relié à un traumatisme crânien découlant des agressions récentes.

Ce qui a été confirmé.

Il s’agit d’un deuxième décès de cause naturelle confirmé en peu de temps au Centre d’hébergement du Chêne.