De routier à Vétéran de l’année, le parcours de René Sénéchal

VICTORIAVILLE. On pourrait passer des heures en compagnie de René Sénéchal, effectuer un tour du monde virtuel avec lui, se faire raconter des anecdotes, des vertes et des pas mûres, comme on dit. Il a tant à témoigner du pays de ses souvenirs. Justement, c’est lui qui sera le Vétéran de l’année à l’occasion des cérémonies du Jour du Souvenir le samedi 8 novembre au cénotaphe de Victoriaville.

«C’est un honneur, la plus belle promotion qui soit pour un militaire!», s’exclame le sergent victoriavillois ayant fait partie de l’aviation royale canadienne entre 1953 et 1984.

«On m’avait même rappelé en 1985 pour que je me rende en Colombie-Britannique!» Il a décliné, ayant décidé de profiter de sa retraite. La boxe, le hockey, la marche l’ont tenu en forme. À 81 ans, fier et droit, René Sénéchal raconte. Comment il en est venu à s’enrôler. Des aventures et des anecdotes.

Originaire de North Hatley, il se souvient de ses jeunes années d’ennui au volant d’un camion. Il avait 17 ans… même pas l’âge légal pour conduire (21 ans à l’époque).

Ce métier qu’il n’aimait pas lui aura tout de même servi plus tard, lorsque maître-largueur et maître de bord pour diverses divisions aériennes comme l’escadrille 435, il savait comment charger les hommes, les équipements, le matériel à bord des aéronefs. «Cette expérience de camionneur a fini par me servir», dit-il, expliquant qu’il fallait prendre en considération tous les poids et volumes, incluant celui du pétrole afin de faciliter le décollage… et l’atterrissage.

Comme bien d’autres, René Sénéchal rêvait d’être aux commandes d’un avion. Mais il n’a jamais pu réaliser ce rêve, en raison d’une faiblesse visuelle. C’est en voyant passer le dirigeable R-100 au-dessus de Manseau là où il habitait à la fin des années 1930 que l’envie lui a pris de travailler dans les airs.

Il en a vu des pays! Et cela à bord de toutes sortes d’appareils : CC Hercule, C-119, Box Car, DC-3 Dakota et C-109 Otter.

Il a dû se montrer patient avant de prendre les airs, se former en communications, en approvisionnement, travailler en administration. Faire des allers et retours entre le Québec, l’Ontario, l’Alberta. Il a fini par travailler comme load master et larguer du matériel aux «Esquimaux» du Nord du Québec, puis partir en Europe ravitailler des militaires de l’ONU basés en Égypte et au Moyen-Orient, puis à Lahr en Allemagne.

À une certaine époque sa vie personnelle ne tenait qu’à des «chaussons, caleçons, chemises» pour de longs séjours (89 jours) en Allemagne.

M. Sénéchal peut raconter le pire comme le meilleur avec le même petit éclair dans le regard et le sourire au coin des lèvres.

Non, il n’a jamais «crashé», mais a dû se poser pour ramasser les restes humains d’aviateurs américains qui s’étaient écrasés. Il se souvient de l’embarquement d’une femme bédouine, enceinte, que l’ONU avait demandé d’évacuer. Il raconte aussi comment, lors de sa plongée dans le golfe de la mer d’Akaba, il avait été pourchassé par des serpents de mer.

Sa famille résidant à Victoriaville depuis 1938 dans ce qui est devenu le rang Allard, René Sénéchal s’y est marié à Yolande Gagné en 1965. Le couple n’a jamais eu d’enfants, «malheureusement», précise l’octogénaire.

Au rétroviseur, il dit qu’ont été «très intéressants» ses 31 ans dans l’aviation. Il se tient informé. Il croit qu’on vivra d’autres attentats comme ceux des dernières semaines à Saint-Jean-sur-Richelieu et au parlement d’Ottawa. «Quand on a une grande vitrine, il ne faut pas risquer d’aller jeter des pierres chez les voisins», conclut-il.