Peu de questions entourant le projet de 75 millions $

À peine quelques questions ont été posées, mardi, à Tingwick, lors de la séance d’information du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) au sujet de l’important projet de développement 75 millions de dollars de la Ferme Roulante du chemin Craig.

Ce projet, s’il est accepté, permettra à la Ferme Roulante d’augmenter considérablement son cheptel sur une période de 15 ans. Ainsi, le nombre de vaches laitières, sous un même toit, passerait de 599 à 1400 vaches en plus de 100 veaux.

Pas moins de 70 personnes ont assisté, mardi après-midi, à la rencontre animée par Alexandre Corcoran-Tardif, conseiller en communication au BAPE. Une rencontre à laquelle participait bien sûr le propriétaire de la Ferme Roulante, Yves Roux, accompagné de la consultante Suzelle Barrington de la firme Consumaj qui a réalisé l’étude d’impacts.

Mme Barrington a présenté le projet et ce que la Ferme Roulante comptait faire pour le respect des normes environnementales.

Pour la Ferme Roulante, a-t-elle expliqué, faire passer le nombre de 599 à 1400 vaches et 100 veaux constitue une évolution normale du cheptel de la ferme. «Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais sur un horizon de 15 ans. Elle augmentera son cheptel au fur et à mesure qu’elle aura les terres pour faire l’épandage de fumier et qu’elle aura les quotas de lait pour vendre sa production. Il y a donc des conditions, non seulement environnementales, mais aussi de production pour la réalisation du projet», a précisé la consultante.

Cette évolution normale, dont parle Mme Barrington, correspond à une tendance observée, celle de la disparition de petites fermes moins performantes aux dépens des établissements de plus de 78 vaches. «Depuis 2015, au Centre-du-Québec, 160 entreprises laitières ont abandonné leur production», a indiqué Suzelle Barrington.

Ainsi, la Ferme Roulante viendrait remplacer près de 40 fermes moins performantes.

Par ailleurs, la consultante a expliqué que la Ferme Roulante aurait pu éviter la réalisation d’une étude d’impacts en construisant plusieurs bâtiments, à une certaine distance entre eux, mais concentrés sur la même propriété pour abriter 1400 vaches.

Mais l’entreprise agricole voit bien des avantages de regrouper le bétail sous un même toit. «On consommerait 50% de moins d’énergie dans l’étable, sans compter l’économie au chapitre du transport du lait. Le transporteur ne fera qu’un arrêt plutôt que de visiter 40 fermes. Un avantage intéressant aussi au niveau de l’entretien des chemins», a signalé Mme Barrington.

Pour réaliser son projet, non seulement la Ferme Roulante devra investir dans l’agrandissement d’un bâtiment, mais devra acquérir des terres en culture. «Et ce sont déjà des terres qui reçoivent déjà des déjections. Le projet de la Ferme Roulante ne changera rien au niveau des surfaces en culture dans la région, ni au chapitre de l’épandage. Il pourrait même y avoir des avantages. La ferme pourra concentrer ses épandages de fumier et limiter les odeurs», a-t-elle fait valoir.

Mesures d’atténuation

La consultante de Consumaj a, par ailleurs, fait état de différentes mesures pour atténuer les impacts, notamment les odeurs.

«La Ferme Roulante, a-t-elle noté, va déjà au-delà de la règlementation concernant les distances séparatrices, sans compter l’avantage de la topographie puisqu’il existe une dénivellation de 22 mètres entre la ferme et le village.»

Au niveau sonore, Suzelle Barrington a fait valoir que les tracteurs d’aujourd’hui, plus performants, se font aussi moins bruyants, tout en signalant que les activités de la ferme, des activités de jour, se concentreront derrière les bâtiments.

Au niveau du sol, la Ferme Roulante effectue un bon contrôle de l’érosion comme le démontre le taux de 4% et plus de matières organiques.

Pour la protection de la faune et de la flore, les 124 hectares de bandes riveraines contribuent, a-t-elle précisé, à la qualité des cours d’eau.

«La Ferme Roulante ne prévoit pas de défrichage de terre pour s’agrandir. Elle vise la préservation des milieux humides. Elle a aménagé aussi sur ses sites des aires pour les chevreuils et les castors», a-t-elle ajouté.

Un impact, toutefois, pourrait se faire sentir quant à une augmentation de l’achalandage sur les routes. Une hausse qui, échelonnée sur 15 ans, apparaît négligeable, selon elle.

Cette augmentation, justement, a suscité l’inquiétude d’une citoyenne de Tingwick, soucieuse de préserver la qualité de vie au village, tout en se questionnant sur la possibilité d’une voie de contournement.

Ce à quoi le maire Réal Fortin a répondu qu’une voie de contournement n’était pas prévue, Tingwick se situant en milieu agricole.

Le propriétaire de la Ferme Roulante, Yves Roux, a cependant voulu se faire rassurant indiquant avec des remorques permettant une plus grande capacité de chargement, les transports se feront moins fréquents. «On passera moins souvent. De plus, pour emprunter le village moins souvent, nous utilisons un autre chemin, comme la route Cantin», a-t-il fait savoir.

Une autre question d’un citoyen concernait un périmètre de protection au sujet d’un puits pour les animaux. Un périmètre ne s’applique, a-t-on appris d’une participante, que pour les puits destinés à l’eau potable ou pour la transformation alimentaire.

Le conseil municipal en accord

La Municipalité de Tingwick, après avoir obtenu l’information nécessaire, donne son accord au projet. «Nous avions une série de questions quant au bien-être de la population et le respect de la règlementation concernant, entre autres, les normes de sécurité et l’approvisionnement en eau. Nous avons obtenu toutes les réponses. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas d’objection à la réalisation du projet», a confié le maire Réal Fortin.

Un fleuron!

La Ferme Roulante fait partie du patrimoine de Tingwick, a fait valoir Suzelle Barrington, rappelant ses débuts avec quelques vaches en 1951.

En 1984, Yves Roux a acheté la ferme paternelle avec sa conjointe. «Aujourd’hui, avec 580 vaches en lactation, la Ferme Roulante, qui achète annuellement pour 3,5 millions de dollars en services dans la région, représente un pilier économique important», a-t-elle souligné.

La réalisation du projet de 75 millions de dollars permettrait aussi à la Ferme Roulante de créer de 10 à 20 emplois supplémentaires. Et l’achat des services auprès de fournisseurs de partout dans la MRC d’Arthabaska grimperait à plus de 5 millions $ annuellement.

Prochaines étapes

À la suite de cette séance d’information, les citoyens peuvent toujours consulter, jusqu’au 9 mars, au bureau municipal de Tingwick, l’étude d’impact et autres documents décrivant le projet.

De plus, tout citoyen, organisme, groupe ou municipalité souhaitant la tenue d’une demande d’audience publique du BAPE doit en faire la demande par écrit au plus tard le 9 mars à la ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Isabelle Melançon.

La tenue d’une telle audience ferait en sorte de repousser le projet puisque la recommandation de la ministre au Conseil des ministres pour une décision pourrait se faire le 27 octobre.

Sinon, une telle recommandation pourrait survenir quelque part entre le 15 et le 30 juin.