De la peinture à la couture

Pour quelques jours, l’artiste-peintre Lorraine Ricard a mis de côté ses pinceaux pour ressortir sa machine à coudre afin de créer, non pas des tableaux, mais des masques en tissu plié.

Comme plusieurs, elle a vu que le port de ce genre de masque sera peut-être indispensable très bientôt. «Ma fille travaille à l’Hôpital Juif de Montréal et elle s’est retrouvée au front, à l’urgence. Moi je voyais le microbe lui sauter dessus et quand j’ai entendu qu’il était question de rendre le port du masque obligatoire dans les transports en commun, j’ai décidé de commencer à en faire», explique-t-elle tout simplement.

Il faut dire qu’elle est styliste et patronniste de métier. Alors elle a vérifié, sur Internet, les modèles proposés, s’est mise à la tâche et a vu qu’ils n’étaient pas très confortables, surtout pour ceux qui portent des lunettes. Lorraine s’est donc affairée à créer un patron à son goût, de grandeur universelle. «J’ai sorti ma machine à coudre (la dernière fois qu’elle l’avait utilisée, c’était pour faire des robes pour les Fêtes victoriennes, il y a quelques années), ma boîte d’élastique du garage et commencé à en faire avec des draps», a-t-elle raconté au téléphone.

Son prototype, qui a une doublure en pelon et un cure-pipe pour resserrer sur le nez, elle a voulu le tester en le faisant essayer à un médecin ainsi qu’à une infirmière auxiliaire. Les deux ont trouvé l’équipement confortable.

Elle s’est donc lancée dans une production temporaire qui devrait lui permettre de confectionner environ 200 masques qu’elle propose sur sa page Facebook. «J’ai déjà plusieurs commandes à Victoriaville et je vais en poster aussi à Trois-Rivières», fait-elle savoir.

Elle a profité de l’achat local pour trouver ses fournitures, entre autres, pour le tissu, difficile à dénicher ces temps-ci. Ce sont donc à partir de draps plats neufs qu’elle taille ses carreaux pour les masques. «Avec un drap de grandeur «queen», je fais 80 carreaux, donc 40 masques», explique-t-elle.

Lorraine devait reprendre le travail le 5 avril, après s’être remise d’une chirurgie, mais les événements ont reporté ce retour au boulot. Elle profite donc de son temps libre pour coudre des masques. «C’est bien beau la peinture, mais je peux faire autre chose aussi», a-t-elle exprimé.

Hors de question pour elle de faire de cette production une entreprise. «Je le fais parce que les gens en ont besoin et que j’ai le temps», dit-elle simplement. Mais son modèle a fait boule de neige et la demande est assez intense. Toutefois, lorsqu’elle livre ses protections, elle ne manque pas de rappeler que cela ne remplace pas la distanciation physique.