Coûts des loisirs : «ce n’est pas qu’aux gens de Victo de payer»

La Ville de Victoriaville est à négocier les termes de nouvelles ententes de loisirs avec les municipalités désireuses d’utiliser ses plateaux et services. Elle s’appuie, pour ce faire, sur les données d’une étude de coût de revient de ses services qu’elle a commandée à la firme Raymond Chabot Grant Thornton.

Selon les données de ce rapport, on observe qu’en cinq ans, entre 2010 et 2016, le coût total des infrastructures de loisirs a passablement augmenté, passant de 6,9 millions $ à 15,9 millions $ en 2016.

Toujours selon le rapport – lequel tient compte du nombre d’inscriptions aux activités – les Victoriavillois devraient payer 88,9% de cette facture, les non-résidents se répartissant le reste.

L’étude établit le coût de revient pour chacune des municipalités «clientes», la voisine Saint-Christophe-d’Arthabaska étant la plus grande utilisatrice des services, représentant 6,7% de toute la clientèle.

Pour presque toutes les municipalités dont l’entente vient à échéance le 31 décembre prochain, le coût de revient a littéralement explosé.

Le maire de Victoriaville fait remarquer qu’en cinq ans, la Ville a injecté quelque 40 millions $ dans ses infrastructures de sports et de loisirs, évoquant la construction du Complexe sportif Sani Marc, du Complexe multisport Promutuel, l’aménagement d’un stade de baseball et le réaménagement du pavillon Agri-sport.

«Et le calcul du coût de revient ne tient pas compte du Carré 150, non plus que des 1,4 million $ que l’on s’apprête à investir dans la modernisation du pavillon Jean-Béliveau.»

En cinq ans, précise aussi le maire, le nombre d’inscriptions des non-résidents a bondi, ce qui concourt à expliquer les fortes hausses des coûts de revient pour la plupart des municipalités, comme à Saint-Albert où il a gonflé de 968%. Saint-Albert serait une des municipalités où la fréquentation a aussi augmenté de façon importante, selon les autorités victoriavilloises.

Le cas de Saint-Christophe

Selon le rapport, Saint-Christophe devrait payer une somme de 1 059 014 $, une augmentation de 109% par rapport à l’entente 2012-2017. «Ce n’est pas le prix qu’on est à négocier», assure le maire de Victoriaville, André Bellavance.

Il dit que, effectivement, la Ville tient compte du fait que Saint-Christophe possède aussi ses parcs. Dans le cas très précis de Saint-Christophe, le maire Bellavance fait remarquer que la municipalité n’a ni piscine, ni aréna, qu’en matière de loisirs, elle est «complètement intégrée à Victo», pour reprendre les termes du directeur général Martin Lessard

«Les citoyens utilisent la totalité de nos services. Ce n’est pas aux payeurs de taxes de Victo de subventionner les citoyens de Saint-Christophe», affirme le maire. Il ajoute qu’il peut être «bien agréable» pour un Christophien de «tout faire à Victo, en bénéficiant d’un compte de taxes plus bas».

M. Bellavance poursuit en disant que Victoriaville demande un juste prix, celui de l’utilisateur-payeur. «C’est une question d’équité à l’endroit des Victoriavillois. Les Victoriavillois seraient frustrés si la Ville ne chargeait que des frais dérisoires pour l’utilisation de ses plateaux. Ce n’est pas qu’aux gens de Victo de payer la facture.»

«Mais ces ententes, c’est plus porteur pour tout le monde. Elles nous assurent qu’on maintiendra des services modernes et de qualité et qu’on restera attractif comme région», affirme-t-il.

Il dit que si, dans ses ententes avec les municipalités, Victoriaville ne tenait pas compte du coût de revient, elle se priverait des moyens de réinvestir. «Parce que chaque dollar des autres municipalités est réinvesti dans les infrastructures de sports et de loisirs», souligne encore M. Lessard.

«Victoriaville ne signe pas des ententes pour faire de l’argent, mais pour respecter ce principe de l’utilisateur-payeur, renchérit le maire. Victoriaville n’est pas en train de flouer les citoyens des autres municipalités.»

Une autre formule?

Et si des municipalités décidaient de ne pas signer une nouvelle entente avec Victoriaville, est-ce que leurs résidents pourraient tout de même fréquenter les services de la ville centre en payant eux-mêmes la facture?

Victoriaville n’écarte pas cette possibilité, mais ne saurait, pour l’instant estimer combien il en coûterait à chacun. Le maire estime que les ententes sont toujours préférables, administrativement plus simples à gérer et permettant les investissements à long terme.

Actuellement, une seule municipalité cliente aurait annoncé qu’elle ne renouvellerait pas son entente avec Victoriaville. On n’a pu savoir quelles municipalités avaient paraphé une nouvelle entente de cinq ans avec la Ville.