Coronavirus : le bon samaritain des épiceries

En quatre semaines environ, le Bécancourois Xavier Nourry s’est rendu dans les épiceries de la région près d’une dizaine de fois. À chaque sortie, il avait en main de longues listes de commandes provenant, pour la majorité, d’inconnus qui l’ont contacté sur Facebook après qu’il ait généreusement – et gratuitement – offert ses services comme «coursier» dès le début de la crise du coronavirus.

«J’ai commencé le dimanche après la fermeture des écoles, raconte ce gradué du Collège Notre-Dame-de-l’Assomption, qui étudie maintenant au Collège Laflèche. Je suis rendu à une quinzaine de commandes.»

Et ça se poursuit. «J’ai de plus en plus de nouveaux clients. Je suis récemment allé faire quatre épiceries en même temps, pour quatre personnes. Demain, j’en ai une autre», soulignait le jeune homme de 18 ans lors de notre entretien téléphonique, mardi dernier.

Chaque semaine, il intègre son bénévolat à son horaire de travail et d’études. «Je planifie ma semaine. Lorsque des gens m’écrivent, je regarde avec eux les plages horaires disponibles et je m’organise pour leur donner le service au moment qui leur convient le mieux.»

Xavier Nourry travaille dans un dépanneur; un service essentiel qui demeure ouvert durant la crise. «Je suis déjà exposé. On rencontre beaucoup de gens et on manipule de l’argent. Par contre, comme je suis jeune, je risque moins d’avoir des complications si j’attrape le virus. Dans ce contexte, j’aime mieux que ce soit moi [qui sorte faire les commissions] que ceux qui sont plus vulnérables. Ça me fait plaisir.»

La livraison se fait sans contact, évidemment. Il dépose les achats et envoie une photo du reçu au client, qui n’a qu’à lui faire un virement au montant de la facture. À son retour à la maison, il désinfecte sa voiture, se lave longuement les mains, met ses vêtements au lavage (y compris le manteau) et file dans la douche. «Ma mère a accroché une «check-list» sur la porte, pour quand je reviens, sourit-il. Le protocole est obligatoire!»

Jusqu’à présent, il a servi des personnes placées en quarantaine à la suite d’un retour de voyage, des mères monoparentales et des personnes âgées. Il demeure en contact avec elles lorsqu’il effectue les commissions. «Je les appelle parce que parfois, il manque de produits sur les tablettes». Ensemble, ils tentent de trouver des solutions ou alternatives. «Les gens sont compréhensif et reconnaissants.»

Il doit prévoir quelques heures de son temps pour chaque sortie. «Ça dépend des commandes. Hier, je suis parti durant quatre heures et demie! J’ai acheté pour près de 700$ d’épicerie, révèle le bon samaritain. Au début, il y avait un peu de méfiance [par rapport à mes services]. Je me faisais tester. Ma première livraison a été… du sel! J’ai reçu des commentaires positifs ensuite, et ç’a débloqué.»