Communautaire : «On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a!»

Présentant des données permettant de prendre la mesure de l’«empreinte» communautaire, la directrice générale de la Corporation de développement communautaire des Bois-Francs (CDCBF), Chantal Charest a profité du moment pour livrer son «éditorial» sur le récent plan de Québec pour lutter contre la pauvreté.

«Sortir 100 000 personnes de l’aide sociale d’ici 2023! Ce n’est pas la première fois qu’on entend ça! Et comment on va le faire? C’est là que ça bogue», a commenté Mme Charest.

Elle s’indigne de la façon dont le gouvernement prend ses décisions sans «prendre contact avec la réalité».

«Il pense que donner un peu plus d’argent aux prestataires, bing, bing, ils se trouveront vite un emploi, à la faveur d’une pénurie de main-d’œuvre!», a-t-elle ironisé.

Or, a poursuivi Mme Charest, le marché du travail est plus exigeant qu’il ne l’était. «Et les prestataires sont souvent des gens analphabètes fonctionnels, très éloignés du marché», soutient Mme Charest, affirmant que c’est d’abord de réinsertion sociale dont les prestataires ont besoin avant une réinsertion au travail.

Tout en précisant que certaines mesures gouvernementales sont bien accueillies – «même si elles sont annoncées à la fin d’un mandat!» -, Chantal Charest réclame un «changement de climat», une approche «plus intelligente», plus «d’argent», une meilleure reconnaissance du travail communautaire devenu, signale-t-elle, le «filet de sécurité du gouvernement». «Avant, c’était le CSLS qui jouait ce rôle. C’est à nous maintenant que le gouvernement confie des mandats, mais sans nous procurer le financement qui va avec de nouvelles responsabilités.»

«On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, a-t-elle dit. Et, de façon surprenante, notre milieu est en santé.»

L’«empreinte communautaire»

Devant des élus, des partenaires et des membres de groupes communautaires, Mme Charest a livré le portrait statistique de ses 66 organisations membres, dont 33 logent à la Place communautaire Rita-Saint-Pierre au 59, rue Monfette.

Le dernier portrait avait été réalisé il y a cinq ans. Ce plus récent tient dans une brochure.

Mme Charest a fait remarquer que ces 66 organismes oeuvrant dans 17 secteurs d’activité regroupent près de 21 500 personnes (du personnel, des administrateurs, des bénévoles, des membres).

S’il fallait payer au salaire minimum les 3000 personnes qui ont donné 158 848 heures, il faudrait débourser 1 707 616 $, a-t-elle calculé.

Au total, les entreprises de services membres de la Corpo affichent des revenus de 17,7 millions $, dont un peu plus de 56% proviennent de subventions. «C’est un levier économique et de l’argent dépensé ici»

«Le» communautaire est plutôt féminin; des 508 personnes qui y travaillent, 83% sont des femmes.

«Il y a des gens pour qui ça va bien et c’est tant mieux. Mais, nous, on ne voit pas beaucoup ça ici», a dit Mme Charest, parlant de tous ceux et celles qui, «enlisés dans des ornières», cognent à la porte des organismes pour du soutien et des services. «C’est dans ce qu’on fait quotidiennement pour eux qu’on trouve notre compte.»

Elle a profité de son auditoire pour dire que c’était une chance que la Corpo se trouve bien intégrée à son milieu et qu’elle puisse compter sur une communauté qui contribue.

Elle souhaite que le bénévolat ne soit pas que l’affaire d’une génération, que la Corpo se préoccupe de faire parler plus et mieux du communautaire sur la place publique et que ses membres disposent de moyens pour dispenser des services dans les municipalités rurales. Parce que les gens dans la misère ne se trouvent pas qu’à Victoriaville, a-t-elle conclu.