Comment survivre à son malheur ou le parcours de Roxane Vallières

Ne jamais perdre espoir, croire en ses rêves et faire de l’activité physique ont été le leitmotiv de Roxane Vallières au cours de la dernière année. Diagnostiquée d’un cancer du sein en décembre 2016, la Princevilloise de 31 ans a choisi de ne pas s’apitoyer sur son sort. Neuf mois plus tard, elle courait la course du demi-marathon (21,1 km) de Montréal.

Conjointe de Sébastien Guillemette et maman de deux petites filles âgées de trois ans (Gabrielle) et de 18 mois (Laurence), Roxane s’est toujours préoccupée de sa santé et a toujours été quelqu’un qui aimait bouger et se tenir assez en forme.

Deux mois seulement après son dernier accouchement (avril 2016), elle avait repris le travail (coiffeuse) et jouait déjà au dek hockey et à la balle molle. Tout allait si bien qu’elle décidait même de s’inscrire, en septembre 2016, à la course du demi-marathon 2017 de Montréal et profiter du rabais que lui procure ainsi une inscription hâtive.

«Ça faisait quelques années que je courais et c’était un rêve que je voulais réaliser que de prendre part au demi-marathon, même si je n’avais encore jamais participé à des courses de plus de 5 kilomètres», raconte Roxane. «J’avais l’intention de m’entraîner et j’avais un an pour le faire.»

Le choc

Toutefois fin septembre et début octobre 2016, elle commence à se sentir plus fatigué. Au début, elle pense qu’elle a peut-être recommencé à travailler trop rapidement. La situation empire tellement qu’elle croit même faire les frais d’une dépression postpartum.

Enceinte de sa petite dernière (en 2015), Roxane s’était découvert une petite bosse sur l’un de ses seins et rien d’anormal n’avait été constaté après examen à ce moment. «Sa présence m’avait toujours préoccupé et j’avais même l’impression qu’elle avait continué à grossir. Quand je suis retourné voir mon médecin (3 octobre) pour lui parler de ma fatigue, je lui ai dit que je voulais la faire enlever parce que ça m’inquiétait», d’expliquer Roxane mentionnant que sa mère, âgée dans la cinquantaine, avait été atteinte d’un cancer du sein en 2014.

S’en suit une première mammographie, puis une deuxième plus ciblée, une échographie et finalement une biopsie. Le 13 décembre 2016, le diagnostic tombe : elle est, elle aussi, atteinte d’un cancer du sein.

Période des Fêtes oblige, l’opération pour lui retirer la masse cancéreuse a lieu le 10 janvier 2017. Un mois après celle-ci, elle revoit le médecin qui lui laisse entendre que la maladie est plus avancée de ce qu’on croyait. Si on lui avait parlé de radiothérapie au départ, on lui recommande vite la chimiothérapie.

Inquiétudes et réconfort

Le 1er mars 2017 débute ses traitements de chimiothérapie (qui ont duré quatre mois). Après un mois de pause, elle amorce une autre série de traitements de radiothérapie cette fois. Depuis, elle est traitée par hormonothérapie. «On ne m’a jamais dit que j’étais guérie, mais on m’a dit faire tout ce qu’on pouvait pour éviter que la maladie ne revienne.»

«Au tout début de mes traitements de chimiothérapie, j’ai lu beaucoup de livres sur des gens qui ont eu le cancer et qui s’en sont sortis et qu’il y avait moins de chances de récidive quand on faisait de l’exercice physique», souligne Roxane.

«Le soir même de mon deuxième traitement, même si cela avait été difficile, je suis allée courir. Ça m’a donné de l’espoir. Le médecin Martin Rouillard m’avait dit que je pouvais faire de l’exercice, mais de ne pas me mettre d’objectif. C’est là que je lui ai annoncé que j’étais inscrite au demi-marathon. Il m’a alors dit : je ne te dis pas que tu ne pourras pas le faire.» On est à ce moment à la mi-mars.

«J’ai donc couru pendant mes traitements de chimiothérapie, des 2, 3 et même des 4 km. J’ai eu beaucoup d’amies qui sont venues avec moi. Ce n’était pas la grande forme, mais j’y allais quand même et je me sentais de mieux en mieux. Même, que je ressentais moins les effets secondaires de mes traitements et que j’avais un meilleur moral. Je me sentais plus vivante.»

À la fin de ses traitements de chimiothérapie, le médecin croit qu’elle sera capable de participer au demi-marathon. «J’augmente donc la cadence de mes entraînements. J’ai participé à un 5 km (Bonjour printemps à Victoriaville), à un 10 km à Trois-Rivières ainsi qu’à un 15 km (Ultime Défi à Victoriaville). J’ai aussi pris part à la course du relais pour la vie de la MRC de L’Érable au mois d’août.»

Une semaine avant le demi-marathon de Montréal, elle a aussi réalisé un bel exploit en faisant l’ascension du Mont-Ham avec sa petite fille de 18 mois sur le dos alors que son conjoint faisait de même avec la plus grande.

Le rêve

Lors de la course du demi-marathon à Montréal, deux de ses amies, les sœurs Nancy et Karine Guérard, ont couru avec elle. Elles ont franchi le parcours en 2 h 31 minutes. «Il faisait chaud et je redoutais un peu de moi-même. Mais, les encouragements de mon chum, le support de mes amies et une gourde bien remplie d’eau (j’avais bien pris soin de regarder le parcours pour le ravitaillement) ont fait en sorte que je l’ai couru comme si c’était un 5 km. Je ne pensais à rien, si ce n’est que j’étais chanceuse d’être en vie et de courir comme ça. J’étais tout simplement zen. L’important, ce n’était pas le temps qu’on avait pris pour le faire, mais bien de le réussir.»

La course du demi-marathon marque en quelque sorte un nouveau départ pour Roxane. «C’est un bel accomplissement. Je repars de l’autre bord et je mets les derniers mois tout en arrière», de dire celle qui envisage de reprendre éventuellement son travail de coiffeuse, mais à domicile pour débuter. «Je veux aussi continuer à courir et à profiter de la vie», dira-t-elle simplement.

Son traitement d’hormonothérapie l’oblige cependant à subir chaque mois une injection à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska en plus d’un suivi médical aux trois mois. Chaque jour, elle doit aussi absorber un comprimé en lien avec son traitement pour les cinq et peut-être même les dix prochaines années.

Roxane ne s’est toutefois pas réinscrite pour la course du demi-marathon. Elle a un autre projet en tête, soit celui de participer à un marathon. Elle verra en temps et lieu.

Une cause qui lui a toujours tenu à cœur

Avant même d’être malade, le cancer était une cause qui lui avait toujours tenu à cœur. Elle s’était impliquée pour amasser des fonds au Défi têtes rasées et pour la Maison de fin de vie Marie-Pagé.

Lors de la course du relais pour la vie en août 2016 et sans savoir ce qui l’attendait elle-même, elle courait aux côtés de Catherine Beaudoin, sa collègue de travail au salon de coiffure Un gars Une fille à Princeville, ambassadrice du Relais pour la vie de la MRC de L’Érable et jeune maman dans la vingtaine qui a perdu l’usage de ses jambes à la suite d’un rare cancer.

Au niveau municipal, Roxane s’est également impliquée au niveau du comité de développement économique et du comité de la famille de Princeville.