Cheminement scolaire : long combat d’une mère pour son fils

VICTORIAVILLE. Depuis plusieurs années, Josée Hudon se démène avec les autorités scolaires afin que son fils de 16 ans puisse recevoir l’encadrement adéquat pour poursuivre son cheminement. C’est une mère fatiguée qui s’est confiée à La Nouvelle Union.

Son garçon a reçu, en troisième année, un diagnostic de TDAH, trouble d’un déficit d’attention avec hyperactivité. En 2010-2011, il a fréquenté la polyvalente La Samare en cheminement particulier. «Mais il passait plus de temps à la maison», souligne Josée Hudon.

La maman rencontre la direction plus d’une fois, demande des services adaptés pour son adolescent. «Cependant, on le renvoie souvent à la maison», rappelle-t-elle.

En 2011-2012, l’établissement tente autre chose. «Il a fait neuf jours, puis il a été expulsé en raison de son comportement. Il ne collaborait pas», note la mère.

À un moment, on réintègre le jeune à l’école. Après une journée, une autre expulsion. Pour dix jours cette fois-ci.

L’expérience de La Traverse

C’est alors qu’arrive une nouvelle expérience pour l’adolescent admis à la ressource La Traverse à Warwick. Une réussite, selon Josée Hudon. «Il a fréquenté La Traverse à temps plein pendant un an et demi. Certes, on a noté quelques écarts de conduite, mais on a observé une grande amélioration. Je ne reconnaissais pas mon fils.»

Malheureusement pour le jeune homme, devenu trop vieux, il doit quitter La Traverse. On l’envoie ainsi à l’école-entreprise à Princeville. «Mon fils a un but : réussir son quatrième secondaire pour entrer dans les Forces armées canadiennes et devenir mécanicien de machinerie lourde», précise Josée Hudon.

Mais ça ne se passe pas très bien à l’école-entreprise. La maman affirme que l’établissement ne respecte pas les plans d’intervention établis et ne prend pas au sérieux l’adolescent qui tient des propos suicidaires. «Le psychologue nous a répondu : il ne l’a pas fait», relate la mère consternée.

Un dirigeant de l’établissement dira, semble-t-il, à un certain moment: «Il va l’avoir son diplôme».

Pas le genre de message que souhaitent entendre Josée Hudon et son conjoint Stéphane Hamelin. «Nous ne sommes pas ici pour acheter un diplôme. Ce qu’on réclame, c’est un meilleur encadrement pour mon fils», fait valoir la maman.

Finalement, le jeune homme retourne à La Traverse dont on annoncera plus tard la fermeture. «À la fin de l’année, les représentants de la Commission scolaire des Bois-Francs nous avaient fait savoir que La Traverse demeurerait ouverte. On l’a fermée malgré tout. Nous étions très déçus, mentionne Josée Hudon. On nous a assuré que les enfants obtiendraient les mêmes services.»

À l’École secondaire Le boisé

L’adolescent prend la direction, cette fois, de l’École secondaire Le boisé. On le dirige vers ce qu’on appelle le CAP, un cheminement particulier. «Au CAP, malgré certains écarts et quelques accrochages, le bilan, dressé à la mi-novembre, est positif», indique la mère.

À cette période, un service d’aide aux élèves prend forme et accueille maintenant l’adolescent. Sauf que la chimie n’opère pas, le courant ne passe pas entre l’élève et un éducateur spécialisé.

Le 16 décembre, l’établissement fait appel à la Sûreté du Québec pour expulser l’ado. «Il n’écoutait pas les consignes, mais il ne se trouvait pas en état de crise», soutient la mère qui a récupéré son fils à l’école.

«Mon fils n’est pas un ange. Ce qu’il dit, j’en prends et j’en laisse. Même chose pour les intervenants à l’école», témoigne Mme Hudon.

Ainsi expulsé, l’élève ne pouvait remettre les pieds à l’école avant le 6 janvier. Trois jours plus tard, un dîner s’organise entre l’éducateur spécialisé et l’adolescent pour tenter de créer des liens.

Mais le 12 janvier, nouvel accrochage. L’adolescent revient au bercail après les trois quarts de la journée passée en classe.

«Alors que ça ne se passait pas si mal au CAP, on a décidé de l’envoyer à temps plein au service d’aide sachant que ça n’allait pas bien. Ils ont dit qu’il faudrait qu’il s’adapte. Pourtant, au CAP, il avançait plus vite qu’assis à la maison», déplore Josée Hudon.

L’élève a cessé de fréquenter l’école le 13 janvier.

Une rencontre avec les autorités débouche sur une aide personnelle pour l’adolescent à raison d’une heure par jour, cinq jours par semaine. «Voyons, s’exclame la maman. Ce n’est pas suffisant. Il a besoin d’aide, d’une aide spécifique.»

Le lendemain, on corrige le tir. L’aide est augmentée à deux heures par jour. Les rencontres commençaient le 28 janvier.

«Encore là, deux heures ne suffisent pas. À La Traverse, il obtenait des résultats convaincants, il a progressé, fait-elle remarquer. Nous voulons qu’il soit éduqué à temps plein, que l’école respecte ses engagements. On souhaite qu’il termine son quatrième secondaire et qu’il réalise son rêve», poursuit la mère fatiguée de son combat qui dure depuis quatre ans.

«Le système fait pitié. C’est une vraie risée. C’est décourageant. J’ai beaucoup de misère à leur faire confiance. Je ne souhaiterais pas ce que je vis à mes pires ennemis», ajoute Mme Hudon qui a fait appel au Protecteur de l’élève, en plus de cogner à la porte du ministère de l’Éducation. «Mais le ministère me redirige vers la Commission scolaire», dit-elle.

Deux heures ne suffisent pas

L’adolescent a entrepris avec une enseignante ses deux heures de formation quotidienne dans un petit local de l’école Sainte-Marie à Princeville

«Ma priorité, c’est qu’on augmente à quatre heures le nombre d’heures. Deux heures le matin, deux heures l’après-midi pour qu’il puisse avancer plus rapidement. C’est la seule chose que je demande. Mon fils est motivé, il s’applique bien», soutient Josée Hudon.

Les autorités scolaires envisageraient, selon elle, de le réintégrer au SAS, au service d’aide. «Là même où cela ne fonctionne pas avec lui», note-t-elle. «On m’a fait savoir aussi qu’on attend les résultats d’une neuropsychologue, question d’identifier les besoins de mon fils. Après toutes ces années, ils ont décidé d’une évaluation pour connaître ses besoins. On étire le temps, déplore-t-elle. C’est une vraie risée. Cela dure depuis quatre ans.»

L’an prochain, en raison de son âge, l’adolescent pourra fréquenter l’éducation des adultes. «Je vais l’y inscrire, mais pas à Victoriaville. C’est inhumain, ils m’ont tellement écoeurée», laisse tomber la maman, découragée.