Cégep : les compressions se feront sentir partout
VICTORIAVILLE. Les compressions que s’apprête à imposer le gouvernement feront mal au cégep de Victoriaville et ses impacts se feront sentir à tous les niveaux. La question a été soulevée, lundi soir, lors de l’assemblée ordinaire du conseil d’administration du Cégep.
«On a fait face à sept compressions depuis cinq ans, on a coupé 1,8 million de dollars. On a écrémé, et voilà qu’on en rajoute. C’est certain que ça va paraître, c’est sûr que tout le monde sera touché», a souligné le directeur général Vincent Guay
«Si on a moins d’argent, il est certain qu’il y aura moins de services quelque part», a-t-il ajouté.
On saura au début mai, avec les règles budgétaires, l’ampleur des compressions pour l’établissement collégial. «Pour le moment, on ne fonctionne qu’avec des rumeurs, mais on s’attend à des compressions entre 750 000 $ et 1 050 000 $», a-t-il précisé.
Les compressions n’épargneront personne. «On regardera partout. Dans des endroits, des choses disparaîtront», a confié le directeur général sans en dire davantage.
«On est déjà rendu à l’os, et on doit gruger davantage», a commenté, de son côté, le président du conseil d’administration, Jean Lambert.
Pour sa part, le directeur des études, Christian Héon, affirme que les compressions affecteront les services aux élèves. «C’est la première fois que je le sens comme ça. Ce n’est pas que théorique, les services aux élèves seront affectés. Des projets concrets dans tous les départements seront touchés, des projets qui seront moins complets et moins coûteux», a-t-il souligné, tout en faisant valoir qu’il ne pouvait souscrire au fameux cliché «faire plus avec moins». «Pas au point où on en est», a-t-il dit.
«Ça ne tient pas la route avec tant de compressions», a renchéri Jean Lambert.
Une lettre au ministre
Certes, le conseil d’administration du Cégep a adopté, lundi soir, une résolution manifestant son désaccord aux compressions budgétaires annoncées et son inquiétude face aux effets sur la poursuite de sa mission, sur le maintien des services aux élèves, sur son développement et sur ses ressources humaines.
Mais le directeur général Vincent Guay a pris les devants en adressant au ministre de l’Éducation, François Blais, une lettre cosignée par le président du conseil d’administration, Jean Lambert.
«J’ai écrit au ministre pour lui brosser de façon précise quelle était la situation au cégep de Victoriaville parce que chaque établissement a sa couleur, ses particularités. On l’a bâti notre institution. On y est attaché, a confié M. Guay. Je souhaitais faire valoir au ministre, par cette lettre, l’état de situation chez nous pour qu’il puisse en tenir compte.»
Déficit appréhendé
Dans ce contexte de compressions budgétaires, la direction du Cégep, a exprimé le directeur général, souhaite épargner au maximum les études, viser l’équilibre budgétaire comme l’oblige la loi et tenter de sauver le personnel. «Parce qu’il y a, au fond, un non-sens dans le fait d’engager des gens, puis les congédier au gré des compressions.»
L’institution collégiale se verra dans l’obligation d’analyser sérieusement tous les départs, pour la retraite ou autre. «Pour voir dans quelle mesure on peut les remplacer ou ne pas les remplacer en vue de générer des économies», a expliqué Vincent Guay.
Si on ne connaît pas encore l’ampleur des compressions, la question du déficit a été largement abordée lors de la réunion du conseil d’administration. «Si le pire se réalise, à savoir une compression atteignant 1 050 000 $, il est certain qu’on connaîtra un déficit d’opération. On verra alors à piger en partie dans les surplus, parce que tout déficit doit être couvert par des sommes d’argent que nous avons», a fait savoir le directeur général.
Vincent Guay a qualifié «d’épouvantable» cette compression, mais il se console un peu. «Ce n’est pas aussi catastrophique que d’autres cégeps. Pour certains qui n’ont pas de surplus, les compressions s’élèvent à un million et ils ont été contraints de remercier bien des gens», a-t-il signalé.
Le directeur général du cégep de Victo a indiqué que tout allait être fait de façon la plus intelligente possible «pour ne pas dénaturer le Cégep, pour maintenir ce qui en fait l’âme». «Mais l’exercice n’est pas facile», a-t-il reconnu.
«Même si les compressions se situaient au minimum, cela demeure un désastre», a qualifié Jean Lambert, le président du conseil d’administration, qui ne cache pas sa frustration.
Comme l’ont fait certains membres de l’association des présidents de conseil d’administration de collèges, Jean Lambert se propose aussi d’écrire une lettre pour exprimer sa façon de penser au gouvernement. «Je ne serai pas poli, a-t-il promis. Je suis frustré de voir à quelle vitesse ils détruisent le réseau. C’est frustrant, ils sont inconscients et ne sont à l’écoute de rien. Moi, je suis fier de notre collège et de l’engagement des gens. Ils sont en train de tuer ça. Ils travaillent en sans-dessein.»