Aurait-on pu prévenir un suicide?

Le coroner Me Yvon Garneau s’est penché sur le suicide, le 25 mars 2017, d’un Victoriavillois de 61 ans qui, peu de temps avant de commettre l’irréparable, avait contacté un centre de prévention du suicide.

Le malheureux avait été découvert vers 17 h par deux motoneigistes qui circulaient sur la piste 65 à Victoriaville en direction de la rue des Mésanges.

L’état du corps à l’arrivée des paramédics environ 10 minutes plus tard laissait croire que le décès venait de survenir dans les minutes précédentes.

Les analyses toxicologiques ont révélé un taux d’alcoolémie de 250 mg d’alcool par 100 ml de sang.

L’enquête

Dans son rapport, le coroner Garneau souligne que l’homme, le jour de son décès, avait parlé avec sa conjointe vers 12 h 30. Rien ne laissait présager le pire.

Dans son enquête, le coroner a appris que le sexagénaire, deux mois plus tôt, en janvier 2017, avait vécu une rechute d’alcool. «Il avait verbalisé et même précisé, à ce moment de rechute, des intentions suicidaires», écrit Me Garneau.

Un suivi avait alors été conseillé au Victoriavillois qui s’était engagé à des sessions de rencontres des Alcooliques anonymes.
D’ailleurs, le matin de sa mort, il a participé à une session. En cours de thérapie, signale le coroner, l’homme aurait fait part à sa conjointe de sa crainte de rechuter une nouvelle fois dans l’alcool. «Au point de dire, note le coroner Garneau, qu’il ne se le pardonnerait pas. C’est d’ailleurs lorsqu’il se trouvait en état d’ivresse qu’il verbalisait des propos suicidaires.»

Dans l’auto du sexagénaire garé près des lieux où il a été retrouvé, les policiers ont retrouvé un cahier de notes personnelles avec une note adressée à sa conjointe, une bouteille vide de boisson forte et son téléphone cellulaire dont l’historique a confirmé qu’il avait appelé, à 15 h 14, un centre de prévention du suicide.

Certaines personnes rattachées au centre de prévention du suicide, note le coroner, ont critiqué, après le drame, le résultat lité au jugement clinique de l’intervenant.  Le coroner a constaté, dans sa recherche de compréhension du processus d’évaluation, que les intervenants du Centre de prévention du suicide, où l’appel du Victoriavillois a été logé, possèdent une formation obligatoire spécifique et oeuvrent sous la direction générale du Centre de prévention du suicide Accalmie de Trois-Rivières.

Rien ne démontre, indique le coroner Garneau, que la grille d’estimation de la dangerosité d’un passage à l’acte n’a pas été respectée.

Mais il ressort toutefois, souligne le coroner, «qu’une cote finale plus élevée aurait pu être attribuée à Monsieur», une cote qui est attribuée à une personne suicidaire quant au danger qu’elle passe à l’acte.

Me Garneau retient aussi de ses discussions qu’avec l’aide de la Sûreté du Québec, il aurait été possible de retracer rapidement la personne suicidaire. «Les dirigeants et les spécialistes sont bien conscients qu’en prévention du suicide, en certaines circonstances, la notion de temps est vitale», mentionne le coroner qui conclut son rapport en indiquant qu’au cours des derniers mois, le Centre de prévention du suicide Accalmie de Trois-Rivières, qui a reçu l’appel de détresse, a déployé des actions permettant de réduire les possibilités que ce genre d’événement ne se reproduise.