Aliments locaux dans les institutions : un deuxième rendez-vous fixé par le CISA

Après un premier événement l’an dernier, le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) du Cégep de Victoriaville organise un deuxième sommet sur l’approvisionnement institutionnel en aliments locaux dans la MRC d’Arthabaska, le vendredi 9 juin, au Centre des congrès de l’Hôtel Le Victorin.

Après avoir réuni quelque 125 personnes l’an passé, les organisateurs en souhaitent encore davantage cette année et visent les 150 participants. Le premier sommet regroupait, comme le souhaitait le CISA, une diversité de personnes issues de toute la chaîne d’approvisionnement, des producteurs, des transformateurs, des distributeurs, des représentants des écoles, des centres de la petite enfance (CPE) et du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).

Mais surtout, l’activité a porté fruit en termes d’impacts et de portée. « Les gens sondés après l’événement ont fait savoir que ça les avait motivés dans ce que certains avaient déjà commencé en matière d’achat local. Et pour d’autres, le sommet est venu allumer cette volonté d’amorcer une démarche d’apport d’aliments locaux dans leurs menus », souligne Aude Fournier, enseignante-chercheure au CISA.

Les participants, qui ont peu d’occasions de se rencontrer, ont dit avoir le goût de continuer de mieux se connaître et se comprendre pour faciliter les liens d’affaires et les partenariats. « Ils nous ont dit vouloir savoir ce qui se passait sur le territoire et où en sont les gens. Au premier sommet, on a beaucoup mis en évidence les modèles innovants, inspirants à l’extérieur de la MRC », note Aude Fournier.

Les idées exprimées et les pistes de solution émanant du premier sommet ont alimenté le travail du CISA au cours de l’année, contribuant à ficeler une stratégie territoriale concertée pour favoriser l’adhésion et l’adoption de pratiques d’approvisionnement par l’ensemble des institutions du territoire. « Il y a des choses qu’on peut lever au niveau de l’institution, mais des actions nécessitent un travail de réseautage, de collaboration, entre plusieurs types d’acteurs de la chaîne d’approvisionnement. C’est ce qu’on a voulu travailler au cours de l’année en lien avec ce premier sommet », explique l’enseignante-chercheure.

Deuxième rendez-vous

Ayant comme thème « Plus d’ici dans nos cafétérias », le deuxième sommet du 9 juin s’adresse à toutes les institutions (écoles, CPE, établissements de santé, résidences pour aînés) de la MRC d’Arthabaska, mais il vise aussi l’ensemble des producteurs, transformateurs et distributeurs de toute la région du Centre-du-Québec. « Avec cet événement, on veut offrir aux acteurs de la chaîne d’approvisionnement institutionnel une occasion de s’inspirer des pratiques et mécanismes d’approvisionnement déployés dans diverses institutions de la MRC d’Arthabaska. On veut mettre en valeur les différents chantiers institutionnels que nous avons accompagnés au Cégep, dans les CPE, au CIUSSS. On tient à mettre en valeur ce qui a été fait ici pour accroître l’apport d’aliments locaux », fait valoir Aude Fournier.

À la présidence d’honneur du sommet, on a fait appel à la journaliste et animatrice Pascale Tremblay qui œuvre depuis plus de 35 ans dans le domaine bioalimentaire québécois. « En plus d’introduire et de clore la journée, elle échangera toute la journée avec les participants pour prendre le pouls de la région, voir ce qui se passe sur le terrain et nous livrera à la fin le fruit de ses réflexions, de ses observations. C’est vraiment une observatrice privilégiée des changements et défis auxquels fait face le secteur bioalimentaire du Québec », observe Aude Fournier.

Au menu du sommet figurent des panels, des formations spécialisées et des ateliers. « La journée s’ouvrira avec différents panels sur les expériences dans les CPE, les établissements d’enseignement secondaire et collégial, en milieu hospitalier et en centre d’hébergement et de soins longue durée. Les gens voulaient entendre ce qui se passait sur le territoire. On pourra donc le présenter et répondre aux questions des participants. Les panélistes témoigneront de leur réalité, des difficultés, mais aussi des avantages qu’ils ont constatés en amorçant ou en complétant une transition vers une alimentation plus locale », expose Christine Vigneault-Gingras, chargée de projet au CISA.

La fin de matinée donnera lieu à des formations spécialisées. « On sentait un besoin de ce côté. Oui, on veut amorcer un virage, mais pour cela toutes sortes de petits trucs peuvent aider au quotidien. Par exemple, comment peut-on lutter contre le gaspillage alimentaire dans les cuisines et introduire des aliments locaux sans augmenter le coût de l’assiette. Il y a des stratégies qu’on peut utiliser dans les cuisines pour y arriver. Et du côté des producteurs aussi, il existe différents trucs pour découvrir, pour mieux comprendre et approcher de la bonne façon le marché institutionnel », fait remarquer Aude Fournier.

Les formations traiteront donc de la façon d’accroître la part d’aliments québécois sans accroître les dépenses, de la vente directe aux institutions et de l’importance d’une meilleure compréhension des besoins spécifiques des institutions. Il sera aussi question du développement d’activités éducatives en lien avec l’agroalimentaire, des stratégies d’approvisionnement institutionnel et d’un outil clé en main pour le calcul du pourcentage des achats locaux des institutions.

Après le lunch, une activité animée de réseautage permettra aux participants d’échanger et de visiter les kiosques de producteurs et transformateurs locaux.

« En après- midi, on procédera à la mise en valeur des institutions déjà en mouvement dans la MRC d’Arthabaska pour accroître la part d’aliments locaux dans les menus. Le préfet Christian Côté reconnaîtra des institutions qui ont choisi d’emboîter le pas », indique Christine Vigneault-Gingras.

Des intervenants du CISA procéderont aussi à la présentation de la stratégie territoriale concertée. « On présentera les actions ayant été priorisées par les acteurs du milieu et qui sont déjà en marche. Ce n’est pas juste un plan d’action qu’on présente, c’est un plan qui est déjà en marche. Il y a déjà des actions complétées », confie Aude Fournier. Les participants prendront ensuite part à des ateliers de développement. « On va mettre les gens au travail pour contribuer à des dossiers qui nécessitent davantage de concertation », précise Christine Vigneault-Gingras.

« Au sommet, les gens vont pouvoir contribuer à ces actions qui ont été identifiées à travers la stratégie. Ils pourront bonifier certaines actions qui seront privilégiées sur le territoire pour accroître les aliments locaux », ajoute Aude Fournier. Au début du projet, la part d’aliments produits ou transformés au Québec dans les menus des institutions de la région représentait 50% du coût total des achats, et autour de 10 ou 11% pour les produits régionaux. Une nouvelle quantification est en cours en vue d’un nouveau portrait de la situation.

Mais au CISA, on constate une volonté de privilégier davantage les aliments locaux. « C’est quelque chose qui était frappant au premier sommet. On est venu activer un peu les troupes, mais la volonté était présente sur le terrain. Il y avait un bon terreau, une vision du système alimentaire bien installée. Nous, on vient juste s’inscrire dans cela et soutenir, donner le petit élan qui manque pour que l’action débloque », observe Aude Fournier.

Les intéressés à prendre part au sommet ont jusqu’au 20 mai pour s’inscrire au www.plusdici.ca. Au moment de l’entrevue, les inscriptions allaient bon train.

Ce projet, précise-t-on, a été financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, dans le cadre du Programme-cadre de développement collectif des marchés bioalimentaires. L’événement est possible grâce au soutien de Baska, nouvelle division de la Fromagerie Victoria.