Alain Rayes serein malgré la perte de son titre

Dégommé de son poste de lieutenant politique au Québec pour le Parti conservateur qu’il occupait depuis trois ans, le député de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, accepte sereinement, dit-il, la décision du nouveau chef Erin O’Toole, et ne cache pas sa hâte de voir la nouvelle fonction qu’il lui réserve. «Je sais que je jouerai clairement un rôle. On me l’a fait savoir», avance-t-il en entrevue téléphonique au www.lanouvelle.net.

La décision du chef ne constitue pas une surprise pour lui. «Je m’en attendais. Ce n’est pas une déception. Il s’agit d’une réalité en politique avec un nouveau chef qui arrive avec sa nouvelle garde. Il souhaite faire des changements. Je m’y étais préparé», confie-t-il.

Certes, Alain Rayes avait fait savoir au nouveau chef qu’il était prêt à continuer dans son rôle de lieutenant politique s’il le souhaitait. «Mais il a décidé d’opter pour le seul député qui l’a appuyé (Richard Martel). Je pense aussi que c’est une façon de reconnaître sa loyauté, son support et tout le travail qu’il a accompli pour qu’il devienne chef du Parti conservateur», fait-il valoir.

Alain Rayes ne sait pas quel aurait été le résultat s’il avait appuyé publiquement Erin O’Toole, mais il se dit satisfait des explications fournies. «Les explications sont légitimes, le fait que Richard Martel soit quelqu’un de plus flamboyant, avec un discours plus direct, indique-t-il. C’est peut-être ce qu’il recherchait aussi, un gars très travaillant, dynamique et connu d’une bonne partie de la population au Québec.»

Le représentant de Richmond-Arthabaska poursuit en disant ne pas trop chercher à comprendre, sachant qu’il s’agit d’une joute politique. «Ça fait partie du jeu de chaise musicale. Tout le monde a été remplacé dans l’équipe de direction. Il y a eu un changement de garde complet», observe-t-il.

Donc, la décision du chef ne le fâche pas, affirme-t-il, ajoutant qu’il aura un autre rôle à jouer. «Il y a plusieurs fonctions clés au sein du parti. Il y a l’équipe de direction, mais aussi tous les autres rôles dans le cabinet fantôme», note-t-il.

Alain Rayes dit attendre avec empressement de connaître la fonction qui lui sera attribuée. «Je l’ai toujours dit, je suis un gars d’équipe. J’ai adoré mes trois dernières années. Ça a été une opportunité pour moi d’apprendre à la vitesse grand V toute la joute médiatique, de rencontrer des gens partout au Québec. Je me suis ainsi créé un réseau important qui pourra aider le parti», fait-il remarquer, ajoutant avoir offert tout son support à Richard Martel. «Nos bureaux sont voisins à Ottawa. On se côtoie. J’ai contribué à son recrutement. On lui avait dit de demeurer authentique. C’est ce que les gens aiment de toi. Je pense que c’est une des qualités qui a dû faire une différence», croit-il.

Le député Rayes dit souhaiter le meilleur des succès au nouveau lieutenant. «Mon objectif, c’est la victoire aux prochaines élections. Tous les députés se sont ralliés au nouveau chef. Tout le monde y voit une opportunité de marquer des points au prochain scrutin. C’est à cela que je veux contribuer», clame-t-il.

Alain Rayes retournera donc au cabinet fantôme. «J’y étais auparavant en sécurité publique et au niveau des infrastructures. J’ai hâte d’apprendre, car il s’agira d’une autre opportunité. Si je peux ajouter un autre volet pour peaufiner mon apprentissage au fédéral, ce sera juste un plus pour mon avenir. Je prends tout ça très sereinement. Je suis très zen dans cette aventure», commente-t-il.

Le représentant de Richmond-Arthabaska ne considère pas un cabinet fantôme comme quelque chose de symbolique. «Pas du tout. Notre nouveau chef n’était pas dans l’équipe de direction, il a joué des rôles importants dans le cabinet fantôme. Ce sont des fonctions complètement différentes», explique-t-il.

L’équipe de direction élabore les stratégies quotidiennes, gère le caucus. «Des choses que j’aimais beaucoup faire. Et en étant lieutenant, il y avait la préparation de la campagne», souligne le député Rayes.

À sa connaissance, la plupart des lieutenants politiques du Parti conservateur n’ont fait qu’une élection. «Cela exige beaucoup d’énergie, de temps et de sacrifices familiaux. Je prends cela de façon très sereine», signale-t-il, ajoutant qu’il disposera de plus de temps pour faire autre chose, notamment assurer une plus grande présence dans la circonscription.

Bien sûr, le rôle de lieutenant revêt quelque chose de symbolique. «C’est une visibilité et tu parles au nom du chef. Mais il existe bien d’autres façons de contribuer politiquement. Quant à moi, je le vois comme un nouveau défi, un nouvel apprentissage, un nouveau parcours», expose-t-il.

Ne pas figurer, peu importe le titre, dans l’équipe de direction, ne choque pas non plus Alain Rayes. «Je cite en exemple Gérard Deltell qui y fait son entrée. Jusqu’ici, il ne se trouvait pas dans l’équipe de direction. Ça n’a jamais rien enlevé à son leadership, à sa notoriété, à son travail et à sa contribution au parti.»

Alain Rayes, qui ne voit pas sa nouvelle réalité comme une rétrogradation, assure qu’il fournira, dans son nouveau rôle, la même fougue, la même énergie, la même passion. «C’est un autre type de défi, complètement différent», souligne-t-il, s’estimant chanceux d’avoir agi comme lieutenant politique pendant trois ans, une expérience qui, dit-il, l’a fait grandir tout en lui permettant de développer son style.  «Peu de gens ont eu cette occasion de jouer ce rôle. Richard Martel sera le cinquième. Je lui ai donné, comme conseil, de rester authentique, de remplir son mandat à sa façon. Les gens découvriront l’homme que j’ai connu et j’ai très confiance que ce sera un succès pour notre équipe.»

Alain Rayes soutient qu’il demeurera sur les rangs à la prochaine élection. «Mon objectif ultime, c’est que Justin Trudeau quitte le parlement canadien et que les conservateurs fassent le ménage dans les finances publiques et contribuent à relancer l’économie», conclut-il.