À Victoriaville pour parler de vie… et de mort

C’est à Victoriaville, patrie du plus important fabricant de cercueils au Canada, Fournitures funéraires Victoriaville, que s’est ouvert, lundi matin, le 61e congrès de la Corporation des thanatologues du Québec. Il faut dire que c’est un Victoriavillois, Denis Desrochers, du Groupe Grégoire et Desrochers, qui préside la Corporation depuis deux ans.

Jusqu’à mercredi soir, quelque 300 membres de la Corporation, des directeurs de funérailles, des thanatopracteurs, des fournisseurs de produits funéraires, étaient appelés à échanger sur les rites funéraires.

Peut-on parler d’«évolution»? Josée Masson, directrice générale de Deuil Jeunesse ne saurait le dire. Elle constate plutôt qu’il y a eu de grands changements. Qu’on est passé d’une époque où pendant trois jours, nuit et jour, on veillait nos morts dans nos salons; aujourd’hui, les funérailles peuvent s’expédier en quelques heures. Les pleureuses se sont tues et on fait progressivement disparaître de notre vision la dépouille du défunt.

Denis Desrochers partage entièrement son point de vue, disant que la crémation est le mode de disposition de 75% des défunts. Il déplore que, malheureusement, ce mode de disposition soit désormais assimilé à un rituel. Escamoter des rituels a une incidence sur les endeuillés. Moins de la moitié des défunts sont exposés devant public, a-t-il fait remarquer.

Il s’agit là du plus grand paradoxe, a souligné Mme Masson, donnant l’exemple de ces familles qui, pour entreprendre leur deuil, ont besoin que l’on retrouve leur proche disparu… «pour voir son corps».

Ambassadrice de la Corporation des thanatologues, la directrice générale de Deuil Jeunesse affirme que pour vivre un deuil, il faut affronter la réalité de la mort, la reconnaître, ressentir et exprimer ses émotions.

Elle était invitée à animer un atelier lors du congrès, proposant aux participants des mises en situation puisées à même ses expériences d’accompagnement des endeuillés. Est-ce parce que le défunt ne voulait rien que ses proches doivent expédier ses obsèques? Et puis, amène-t-on un enfant au salon funéraire? Mme Masson devrait proposer des réponses à ces questions.

La Corporation cherche tout autant à former et informer ses membres qu’à sensibiliser la population à l’importance des rituels, a ajouté M. Desrochers.

Un cercueil toutes les deux minutes et demie

Les congressistes ont commencé leur séjour par une visite de la grande usine de 300 000 pieds carrés de Cercueils Vic Royal. Il en sort un cercueil toutes les deux minutes et demie, a spécifié Sylvain Brochu, directeur qualité, produits, services à la clientèle.

En point de presse à la suite de la visite, Alain Dumont, PDG de Fournitures funéraires Victoriaville, également membre de la Corporation des thanatologues, a rappelé que l’entreprise avait bien changé depuis que, en 1997, il en avait accueilli les congressistes. C »était peu de temps après l’incendie ayant ravagé une partie de l’usine et les bureaux de Cercueils Vic Royal.

Depuis, l’entreprise a investi 32 millions $ pour devenir bien plus qu’un fabricant de cercueils, a-t-il précisé. Les changements dans les rites funéraires forcent aussi Fournitures funéraires Victoriaville à multiplier ses partenariats, à miser sur la recherche et l’innovation pour être en mesure de livrer rapidement un produit adapté et de qualité, à diversifier ses activités. À ce sujet, Alain Dumont puisse fournir ses produits tant au salon funéraire, au crématorium qu’au cimetière.

S’il se réjouit que l’entreprise familiale née en 1907 en soit à sa quatrième génération de Dumont avec l’intégration du fils, Charles-Olivier, Alain Dumont note que le manque de main-d’œuvre est chronique.

Il a fait rire les participants à la conférence de presse en disant que Victoriaville était une ville merveilleuse pour y vivre… et pour mourir.