À Doulou, on n’a plus peur des «Nassaras» (Blancs)!

«Les Nassaras (qui signifie Blancs en mooré) et nous, ça va. On en n’a plus peur!», s’est exclamé l’enseignant Zemsi Kiendrebéogo qui a fréquemment servi d’interprète lors des rencontres entre partenaires victoriavillois de Song-Taaba et les gens de l’Association de solidarité patonyimba pour le bien-être social (ASPBS) de Doulou, village du Burkina Faso en Afrique de l’Ouest.

Il illustrait ainsi l’évolution du partenariat entre Victoriaville et Doulou au cours des cinq dernières années.

Il a rappelé qu’il y a cinq ans, lorsque les «étrangers» canadiens avaient débarqué à Doulou, Noirs et Blancs s’assoyaient les uns face aux autres, sans trop se regarder. Maintenant, c’est en toute «réciprocité» qu’ils se rencontrent, la disposition des places en ayant témoigné lors de la fête d’accueil du 14 janvier.

Chaque année, Song-Taaba organise un séjour d’au moins deux semaines en terre burkinabé pour dresser le bilan des activités de chacun des comités et à préparer le menu de l’année à venir.

De Sainte-Élizabeth-de-Warwick, Caroline Guérard (directrice générale du Refuge La Piaule du Centre-du-Québec) et son conjoint Jacques Bernier, copropriétaire de la ferme céréalière Berni (2001), ont respectivement pris le portrait des activités des comités orphelinat et agricole. Quant à la jeune Audrey Landry de Saint-Albert, elle avait le mandat de s’informer des résultats de la clinique visuelle. Richard Leroux s’est enquis des activités du comité du microcrédit pour femmes, alors que Réginald Sorel était chargé du projet vélo.

Tant lors de la fête d’accueil que lors des échanges avec les membres des comités, les gens de Doulou ont pu exprimer leur gratitude… et leurs «doléances». Les besoins y sont grands, même si beaucoup a été fait, a-t-on observé. «On ne cesse de croire en vous!», a dit Fatimata Kaboré lors de la fête d’accueil, s’adressant aux Victoriavillois.

Doulou a besoin d’électricité, d’eau, d’un terrain de foot réglementaire, de publicité pour les pagnes que ses femmes tissent inlassablement tous les jours, d’électrification.

Doulou souhaiterait garder ses jeunes en leur offrant la possibilité d’y poursuivre leurs études secondaires, un cheval de bataille pour le chef du village, Alfred Kaboré, qui l’espère encore pour la rentrée 2018.

Du côté agricole, on voudrait réparer un des puits et on rêve d’un château d’eau permettant d’approvisionner le dispensaire, l’ASPBS et la population. L’eau manque, même lors de la saison des pluies qui a été particulièrement difficile en 2017 et qui a réduit de beaucoup les récoltes.

Ce que Song-Taaba apporte à Doulou n’est qu’une «goutte d’eau», a souligné son coordonnateur, Richard Leroux, la pauvreté étant ce qu’il y a de plus grand à Doulou.

«Il est facile de créer une association et il est bien de se trouver un partenaire. Ce qui l’est moins, c’est de savoir comment entretenir ce partenariat, comment gérer les gens. Nos cultures et nos réalités sont différentes, même si nos carottes et nos bananes se ressemblent. Au-delà de nos différences, il nous faut mettre le management de l’avant, continuer d’attiser la flamme», a dit le président Tanga Kiendrebéogo invité à commenter le cinquième anniversaire des deux associations.

Les femmes du comité exécutif ont loué l’esprit qui animait les associations. «Nous n’avons pas de grandes études, mais nous arrivons à nous comprendre et à nous entendre», a dit Pauline Zongo, membre de l’exécutif et oeuvrant à l’orphelinat.

Des valises pleines de dons

Ce sont elles, Pauline Zongo et Salimata Zongo, qui ont accueilli tout ce que des donateurs de la région de Victoriaville, des petits et des grands, acheminent par les bagages des partenaires victoriavillois. À l’aéroport de Ouagadougou, un douanier apprenant que tous les articles étaient destinés à la communauté de Doulou a dit espérer qu’un jour, ils prennent le chemin de son village!

Ainsi, des élèves de 9 et 10 ans de la classe d’Audrey Tardif-Leblanc de l’École Le Manège ont été sensibilisés à la cause des orphelins de Doulou, leur enseignante s’y étant rendue en 2013 avec Song-Taaba.

Chacun des élèves de Victoriaville a acheminé un message personnalisé aux 30 orphelins et orphelines. Leur message accompagné de leur photo comportait un dessin, un paysage ou une activité hivernale… la neige étant un concept bien flou et mystérieux pour les Burkinabés. Certains ont décrit en quelques mots ce qu’ils avaient illustré, un renne, un bonhomme de neige.

Le séjour annuel de l’association victoriavilloise à Doulou sert de «courroie de transmission» à d’autres généreux donateurs sylvifrancs.

C’est le cas de la Victoriavilloise Diane Leblanc qui, chaque année, ne cesse de courir les soldes des magasins afin de remplir à ras bord des valises de vêtements neufs et d’articles scolaires pour les enfants comme pour les adultes. Song-Taaba reconnaît qu’elle a une chance inouïe de profiter chaque année de l’immense générosité de cette dame.

Ayant appris que leurs voisins de rang, Caroline Guérard et Jacques Bernier, s’apprêtaient à retourner en Afrique, les sœurs Anderhub, Anna-Lena (3 ans) et Amélie (7 ans) leur ont fait don de souliers qu’elles ne portaient plus. Les petites voisines ont confié au couple qu’elles étaient privilégiées de vivre au Québec, qu’elles possédaient beaucoup de chaussures et que les petits enfants africains pourraient en profiter.

Mariala Grubert qui exploite une garderie à Victoriaville a aussi invité son petit monde à donner des jeux éducatifs à l’orphelinat de Doulou.