42% de la richesse sera contrôlée par des femmes au Canada en 2028

«Au Québec comme ailleurs au Canada, la majorité des femmes font toujours face à des inégalités économiques qui affectent leur autonomie financière. Toutefois, il y a une embellie à l’horizon : 42% de la richesse au Canada sera contrôlée par les femmes en 2028[1]. Desjardins Gestion de patrimoine salue les Québécoises et les Canadiennes qui se donnent un plan financier pour réaliser leurs ambitions et leur volonté à s’impliquer dans leur gestion financière ou celle de leur couple.»

Ces propos sont ceux de Sylvie Lévesque, conseillère en placement chez Valeurs mobilières Desjardins à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Avec l’augmentation significative du nombre de femmes sur le marché du travail au cours des dernières décennies, la richesse contrôlée par les Canadiennes n’a cessé d’augmenter. Elle atteindra 42% en 2028 (ou 3200 milliards de dollars), comparativement à 35% en 2016 (ou 1400 milliards de dollars). Cette progression est également imputable aux actifs que les femmes recevront en héritage au Canada, un transfert estimé à 900 milliards entre 2016 et 2026.

Malgré ces chiffres encourageants, la gestion de patrimoine au féminin doit composer avec des défis réels au Canada. Ainsi, le revenu médian des Canadiennes est inférieur à celui des hommes, quel que soit le niveau de scolarité ou la région canadienne comme en fait foi la figure qui suit.

Revenu d’emploi médian par niveaux de scolarité des Québécois de 25 à 65 ans travaillant à temps plein toute l’année (recensement 2016) et, à titre indicatif, droits REER correspondants

Scolarité Québécois

(Droits REER)

Québécoises

(Droits REER)

Différence de revenu Différence de revenu   (en %)
Primaire-secondaire 41 600 $

(7 488 $)

31 400 $

(5 652$)

(10 200 $) (25 %)
Professionnel-collégial 50 500 $

(9 090 $)

38 800 $

(6 984 $)

(11 700 $) (23 %)
Baccalauréat 79 500 $

(14 310 $)

58 900 $

(10 602 $)

(20 600 $) (26 %)

Source : Niveau de scolarité et revenu d’emploi, Institut de la statistique du Québec, 2018

Ces écarts de revenu altèrent la capacité d’épargner des Canadiennes et font en sorte que leurs droits de cotisation REER (18% du revenu imposable jusqu’à concurrence de 27 830 $ en 2021) sont moindres que les épargnants de sexe masculin. C’est en partie ce qui explique que le revenu de retraite moyen des femmes est d’environ à 80% de celui des hommes.

Les rentes du RRQ versées aux femmes : 19% inférieures

Cette tendance se reflète également sur les rentes du RRQ. Au Québec, le niveau de revenu inférieur aux hommes conjugué aux retraits fréquents du marché du travail des femmes affecte la rente versée aux Québécoises par le Régime de rentes du Québec (RRQ). Ainsi, en 2017, les prestations de la RRQ étaient en moyenne de 6110 $ pour les femmes de 65 ans et plus, comparativement à 7573 $ pour les hommes du même âge, soit un écart de plus de 19%.

La gestion du patrimoine au féminin

Sylvie rappelle le concept des trois P vers l’autonomie financière : planification budgétaire, planification de la retraite (connaissances liées aux régimes enregistrés) et la protection du patrimoine (aspects légaux). Voici quelques exemples de pratiques gagnantes.

Planification budgétaire

Le revenu disponible de la majorité des femmes est affecté par le retrait du marché du travail à l’occasion de la maternité et affecte leur capacité d’épargne. Ces conséquences financières peuvent être semblables pour celles qui agissent comme proches aidantes (auprès d’enfants handicapés ou de parents en perte d’autonomie).

S’impliquer dans la gestion budgétaire, personnelle et celle du couple ou de la famille pour partager les responsabilités et se donner des objectifs communs. Les dernières statistiques indiquent actuellement que 23% des femmes se disent impliquées dans la gestion de leurs finances.

31% des Canadiennes estiment avoir de bonnes connaissances financières; 75% auraient souhaité s’impliquer plus tôt. Un moyen pour améliorer ces connaissances, c’est se doter d’un plan financier personnalisé conjoint ou individuel.

Comme plusieurs études le démontrent, être accompagnée par une conseillère ou un conseiller financier et se donner un plan révisé annuellement permet d’accroître les actifs accumulés; citons par exemple une étude de CIRANO qui chiffre que les ménages canadiens ayant un conseiller depuis au moins 15 ans ont accumulé 290% plus d’actif que leurs homologues non conseillés.

Utilisez les virements préautorisés pour faciliter l’atteinte des objectifs d’épargne; les virements périodiques (hebdomadaires, aux quinzaines, mensuels) plutôt qu’annuels procurent un rendement généralement supérieur en raison du rendement composé périodiquement plutôt qu’annuellement.

Planification de la retraite

Les Canadiennes ont une espérance de vie de 84,1 ans, contre 80,2 pour les hommes, ce qui allonge la période de leur vie au cours de laquelle elles reçoivent des sommes de régimes publics, de fonds de pension privés (si offert par l’employeur) et doivent planifier les revenus provenant de leur épargne personnelle.

Avec l’aide de votre conseiller, évaluez les avenues d’optimisation fiscale quant à l’utilisation de vos droits de cotisation REER et de ceux de votre conjoint, vos droits de cotisation CELI et des modalités du régime enregistré d’épargne étude (REEE) si vous avez enfants mineurs.

Lors de l’établissement de votre profil d’investisseur, assurez-vous de bien comprendre les possibilités de fluctuations du portefeuille qui vous est offert et sa composition. 46% des Canadiennes souhaitent investir dans des placements responsables; selon Morningstar, 42% des fonds d’actions responsables figurent dans le premier quartile pour leur rendement en 2020;

Si votre situation le permet au moment de la prise de la retraite, évaluez la possibilité de reporter le versement de la rente du Régime de rentes du Québec, qui se verra bonifiée au-delà de l’âge de 65 ans. La bonification sera de 0,7% par mois de report pour une bonification maximale à l’âge de 70 ans de 42%.

Protection du patrimoine

Les veuves baby-boomer canadiennes survivent entre 10 à 15 ans à leur conjoint et pour cinq personnes veuves au Canada, quatre sont des femmes. Par ailleurs, 39,9% des ménages québécois vivaient en union libre en 2016; nombre de ces conjoints n’ont pas de mécanisme de protection comme le partage du patrimoine familial en cas de séparation.

Vous êtes conjoints de fait ou mariés? Dans les deux cas, il faut retenir qu’un testament est requis pour protéger le conjoint survivant. En effet, à défaut de testament, selon le Code civil du Québec, le conjoint de fait n’est pas reconnu à titre d’héritier et le conjoint marié est rarement le seul héritier.

Par exemple, en l’absence de testament, une conjointe ou un conjoint marié avec descendants héritera du tiers des biens alors que les deux-tiers ira aux enfants; si le ou la conjointe mariée est sans descendant, elle/il héritera des deux-tiers et ses parents du tiers (père/mère).

Vous détenez un compte d’épargne libre d’impôts et votre testament est antérieur à 2009? Faites-y ajouter une clause propre au CELI. Ainsi, à votre décès, les sommes pourront être transférées à votre conjoint sans affecter les droits CELI de ce dernier.

Dotez-vous d’un mandat de protection (anciennement nommé le mandat en cas d’inaptitude) qui vous permet de désigner la ou les personnes qui prendront les décisions vous concernant si vous devenez inapte. Il vous permet de choisir des proches de confiance pour veiller sur vous et gérer vos biens au cas où vous n’en auriez plus la capacité.

Même si vous avez pris soin de nommer un bénéficiaire dans votre fonds de pension ou dans votre testament, sachez qu’une priorité est accordée au conjoint reconnu selon le régime à moins que celui-ci y ait renoncé pour laisser place à vos héritiers. La notion de «conjoint reconnu» peut varier selon le régime. Il est nécessaire de vérifier auprès de votre administrateur de régime les règles applicables à votre situation en cas de décès.

Les deux principales conséquences fiscales d’un décès sont la disposition réputée des biens en immobilisations à leur juste valeur marchande (JVM) et l’inclusion, dans le revenu, des sommes détenues dans le Régime enregistré d’épargne retraite (REER). Quelques solutions sont à envisager selon la situation. En présence d’un conjoint, il est possible de léguer en tout ou en partie les biens et régimes enregistrés. Cette solution s’appelle communément le «roulement au conjoint» et reporte l’impôt à payer lorsque le conjoint survivant dispose de ces biens, retire des régimes enregistrés ou décède à son tour.