Noms proposés à Asbestos : nature et originalité

Quatre des six nouveaux noms proposés pour la ville d’Asbestos font référence à la nature. Il s’agit d’une chose selon le professeur de l’Université de Sherbrooke Marc D. David, spécialiste de l’image, qui souligne que la municipalité doit toutefois arriver à se distinguer de tous les noms faisant référence à la nature dans la province.

L’Azur-des-Cantons, Jeffrey-sur-le-Lac, Trois-Lacs et Val-des-Sources rappellent tous les paysages et les plans d’eau de la région.

«De façon générale, tous les noms qui s’éloigneront de l’aspect industriel de l’amiante et qui seront évocateurs d’une image bucolique de campagne pour attirer des touristes seront un gros plus, souligne Marc D. David. Par contre, des lacs et des forêts au Québec, il y en a beaucoup. Il faut que ce soit un nom inspirant pour que les gens aient le goût de passer par là, d’en faire leur destination, d’habiter là ou même d’investir dans la municipalité. La naturalité est toujours inspirante.»

Du côté communicationnel, le nom qui ressort le plus du lot, selon Marc D. David, est Val-des-Sources.

«Il se prononce très bien, lance-t-il. Le terme source au pluriel réfère à plusieurs plans d’eau. C’est un de ceux qui s’éloignent le plus de l’amiante.»

L’Azur-des-Cantons est toutefois le plus original selon le professeur de l’UdeS.

«La référence pour tout le monde avec azur, c’est la Côte d’Azur, souligne-t-il. Je trouve par contre que c’est très original. Il se distingue et si on va dans la banque de toponymie des municipalités, il n’y a rien comme ça.»

Confusion

Le nom Larochelle porte à confusion, selon Marc D. David. Le nom est déjà utilisé par une ville en France et on pourrait croire qu’il représente un personnage de l’histoire d’Asbestos. Or, ce n’est pas le cas et le terme Larochelle ramène à la géographie et l’histoire minière de la région.

«C’est un peu ce que les gens d’Asbestos veulent se débarrasser, explique-t-il. C’est moins porteur que les termes source, lac ou canton.»

Phénix et Trois-Lacs faisaient, quant à eux, partie de la première liste.

«Trois-Lacs, c’est très conventionnel, commentait alors Marc D. David. Ça peut être bien pour les gens s’ils avaient un fort attachement à Trois-Lacs avant la fusion, mais peut-être un peu moins pour les gens qui étaient à Asbestos. Dans tous les cas, ça reste un nom valable, mais qui ne se distingue pas des autres municipalités comme Trois-Rivières, Deux-Montagnes, Sept-Îles, on peut en sortir des tonnes.»

«Phénix, c’est déjà une ville qui existe aux États-Unis et ailleurs, mentionnait-il. Il faut comprendre que le phénix passe l’éternité à se consumer et renaître, c’est un cycle de destruction et de renaissance. Je ne pense pas que c’est ce que les gens veulent avoir.»

Un processus bénéfique

Les dernières semaines n’ont pas été de tout repos pour le conseil municipal et le comité d’acceptabilité social qui ont dû retourner sur la table à dessin après une réaction très forte de la part de la population envers les quatre premiers noms sélectionnés. Cette étape, qui n’était pas du tout prévue, pourrait venir cimenter le sentiment d’appartenance envers le nouveau nom selon M. D. David.

«Ça veut aussi dire que les gens sont passionnés, s’impliquent et s’investissent et ça, c’est un exercice très démocratique et très sain, souligne-t-il. Ce n’est pas juste une personne dans un comité obscur qui décide. Le maire Grimard et son équipe ont manifestement écouté la population, ils ont été attentifs et le fait de revenir retravailler les noms ça démontre une ouverture certainement appréciée.»

La Tribune