Une carrière bien remplie pour Mario Juaire

Reconnu pour son expertise en urbanisme, Mario Juaire laisse derrière lui une carrière de 43 ans dans le monde municipal, dont 27 dans un poste de direction générale. L’homme de 65 ans a en effet foulé les planchers de l’hôtel de ville de Princeville une dernière fois vendredi (6 mai).

Le natif de Farnham, en Estrie, est un diplômé du Collège de Rosemont de Montréal en sciences de l’administration et un bachelier ès Arts spécialisé en géographie (aménagement du territoire) de l’Université de Sherbrooke. Comme les emplois se faisaient plutôt rares dans son domaine d’activités au moment de sa sortie de l’université en 1978, il a travaillé pendant 18 mois avec deux de ses amis universitaires pour réaliser le plan d’aménagement de Plessisville via un programme fédéral Canada au travail. « Nous avons notamment établi la zone blanche de la Paroisse et déposé les premiers plans de la rivière Bourbon », se souvient M. Juaire avant de se retrouver au chômage. « Je demeurais à Québec à cette époque et je voyageais soir et matin pour venir travailler à notre local qui était situé à l’Association de chasse et pêche sur la rue Saint-Jean. »

De 1980 à 1982, il décroche un emploi à la Corporation municipale du comté de Mégantic, alors située à Inverness, où il agit à titre de responsable du département des matrices graphiques de l’entité chargée de l’évaluation foncière. « Nous avions à nous déplacer pour circonscrire les contrats des propriétés de chacune des municipalités sur un plan. Il nous arrivait parfois de drôles de situations comme au lac Joseph par exemple, où nos mesures débordaient d’un terrain à l’autre. Aujourd’hui, avec la réforme cadastrale, il n’existe plus beaucoup d’erreurs. »

En 1982, la Corporation municipale du comté de Mégantic devient la Municipalité régionale de comté de L’Érable et il se voit confier le poste d’aménagiste. C’est lui qui rédige et assure la coordination de l’élaboration du premier schéma d’aménagement de la MRC de L’Érable, un travail qui s’est échelonné jusqu’à son adoption en 1988 et qui était demandé par le gouvernement qui désirait que les municipalités régionales de comté se dotent d’un plan d’ensemble de leur développement au niveau du zonage, de la construction et du lotissement notamment.

En 1989, il se voit offrir par le maire de la Ville de Princeville, J. -Maurice Talbot, le poste de secrétaire-trésorier adjoint. « La Ville de Princeville n’était pas encore fusionnée avec la Paroisse à ce moment et la Ville venait de perdre son inspecteur municipal et souhaitait donner assistance à son secrétaire-trésorier. « J’ai appris la job avec Fernand Poiré. Mon travail consistait principalement à m’occuper des règlements et délivrer des permis de construction. » Puis en 1995, il lui succède comme secrétaire-trésorier.

Fusion

C’est lors de la fusion de la Ville et de la Paroisse de Princeville qu’il devient le directeur général de la nouvelle Ville de Princeville en 2000. Avant la première élection, il se souvient que les deux conseils municipaux siégeaient dans une même salle.

« La fusion fut une excellente décision pour les deux entités municipales », laisse entendre M. Juaire. « Les deux parties s’entendaient déjà bien puisque nous partagions en régie nos services de loisirs et d’incendie. Il y a eu un référendum en Paroisse et les gens étaient d’accord. Les impacts sur la Paroisse ont été étalés sur plusieurs années et le budget de la nouvelle Ville consacrait d’importantes sommes d’argent pour des travaux en Paroisse. » Lors de la fusion, le secrétaire-trésorier de la Paroisse, Jean-Marc Bédard, est devenu son directeur adjoint.

Il est à l’origine du mode de scrutin actuel de la ville fusionnée alors qu’il avait suggéré un remodelage des districts permettant d’élire deux conseillers à partir du noyau urbain et les quatre autres conseillers à partir de districts chevauchant à la fois le territoire de la Ville et de la Paroisse. « Cela a toujours bien fonctionné jusqu’à ce jour », se réjouit-il.

Il a côtoyé cinq maires durant ses années à Princeville, soit J.-Maurice Talbot, André Pellerin et Raymond Saint-Pierre dans l’ancienne Ville de Princeville puis Laurent Carignan et Gilles Fortier dans la Ville de Princeville fusionnée. Selon M. Juaire, chacun avait ses qualités. « M. Talbot était plus axé vers le développement économique alors que M. Pellerin est celui qui a donné le gros boum côté développement résidentiel tout en se préoccupant aussi du côté économique et commercial. M. Saint-Pierre a davantage été un maire de transition alors que Laurent Carignan se préoccupait du volet sociocommunautaire. C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine du matériel promotionnel de la Ville qui est offert aux citoyens qui organisent des événements. »

« Pour M. Fortier, c’est le côté loisirs qui a pris le dessus et qui a été la bougie d’allumage pour faire de Princeville une municipalité attractive qui offre une belle qualité de vie. La construction de la nouvelle bibliothèque, du parc multisports de même que l’agrandissement et la rénovation de l’aréna en sont quelques exemples. Il ne faut pas oublier non plus la construction de la nouvelle caserne incendie sous sa gouverne. « Quand on connaît la vision des membres du conseil municipal, c’est plus facile de travailler et d’apporter des suggestions », ajoute-t-il.

Mario Juaire s’est aussi impliqué dans la mise sur pied de la Société d’horticulture et de Patrimoine Princeville. Il a de plus apporté sa contribution au 150e de Princeville en 1998. Il a participé au jumelage avec la commune bretonne de St-M’Hervé alors qu’une délégation de cette communauté était venue à Princeville en 1998 et que des gens de Princeville s’étaient rendus là-bas en 2001. « Nous les avons accueillis de nouveau en 2018. Nous avons scellé un genre de pacte d’amitié et d’échange culturel avec cette communauté. Ce fut très constructif. »

Ce qu’il retient des débats qui se sont déroulés lors des séances publiques, il se souvient de ses premières rencontres fin 1989 et début 1990 alors que des citoyens s’opposaient à ce que les élus puissent adhérer aux régimes de retraite, ce qui avait pour effet « d’augmenter » leurs salaires. Il y a également eu à quelques reprises les enjeux de taxes avec les agriculteurs subissant de fortes augmentations qui ont suscité de vives discussions à l’hôtel de ville et toute la saga entourant la destitution de l’ex-maire Pellerin.

Il a été président des élections municipales de Princeville de 1995 jusqu’à 2013, soit jusqu’à l’embauche d’un greffier. Il avait aussi été secrétaire d’élection en 1991. Avec la Ville de Princeville, c’est autour d’une centaine d’employés (y compris le personnel saisonnier, les étudiants et les pompiers volontaires) dont il avait la responsabilité.

Autres implications

M. Juaire agit de plus à titre de directeur de scrutin lors des élections provinciales depuis 2013 pour le comté d’Arthabaska. C’est d’ailleurs lui qui va préparer celle qui aura lieu à l’automne.

Le Princevillois d’adoption s’est également beaucoup impliqué au niveau du COMAQ (Corporation des officiers municipaux agréés du Québec). Il a d’ailleurs reçu le prestigieux Mérite COMAQ 2021 attestant de son engagement exceptionnel au sein de la Corporation depuis plus de 20 ans. 

Il a siégé au conseil d’administration de la COMAQ pendant deux mandats entre 2013 et 2019, dont deux ans à titre de président. C’est d’ailleurs sous sa gouverne que la Corporation a réalisé son dernier exercice de planification stratégique et a célébré son 50e anniversaire en 2018.

Il laisse une ville en santé

M. Juaire estime que Princeville occupe bien sa place dans la MRC de L’Érable et que le futur augure bien pour la municipalité de près de 6500 habitants. « J’ai toujours eu un penchant pour les projets de développement résidentiel et j’ai toujours aimé m’y impliquer, de discuter avec les arpenteurs et ingénieurs. C’est le bout que j’ai préféré faire », raconte-t-il fier de son parcours de gestionnaire dont le résultat est le fruit, tient-il à mentionner, de tout un travail d’équipe.

Pour ce qui est de son successeur à la direction générale de la Ville de Princeville, Dominic Doucet, Mario Juaire estime que la Ville de Princeville a mis la main sur un candidat dynamique et ouvert aux changements et que la Municipalité est entre bonnes mains. « Je suis vraiment content du choix qui a été fait. »

En ce qui concerne son plan de retraite, M. Juaire compte en profiter avec les membres de sa famille (il compte cinq petits-fils). Voyager, si le prix du gaz peut baisser, est aussi dans ses intentions tout comme reprendre son passe-temps qu’est la photo et se mettre à jour dans de menus travaux à la maison.