Un troisième ange gardien pour Guy Huard

La Semaine québécoise des personnes handicapées (1er au 7 juin) se termine et Guy Huard, résident de Victoriaville, souhaite en profiter pour sensibiliser, de nouveau, à l’importance de ne pas déranger les chiens-guides lorsqu’ils portent leur harnais et sont donc au travail. Il est particulièrement concerné par la situation, lui qui vient d’en recevoir un troisième.

Pour celui qui souffre de rétinite pigmentaire depuis de nombreuses années et est légalement aveugle depuis 1991, la consigne est d’une importance capitale. Il faut savoir que depuis trois semaines, Guy Huard a retrouvé sa liberté grâce à son nouveau chien-guide. Après une formation intensive de 21 jours chez Leader Dogs For The Blinds à Rochester au Michigan, il est revenu avec un labrador croisé avec un golden retriever qui lui permet de retrouver son autonomie.  Depuis deux ans, en effet, il était sans chien, son deuxième étant décédé du cancer pendant la pandémie de la COVID-19 en 2020. « J’ai alors eu l’impression d’être en prison », se souvient-il, expliquant qu’il ne se sentait pas à l’aise de se déplacer avec sa canne blanche.

De ce fait, il est bien heureux d’avoir à ses côtés cet ange gardien qui lui permet de se déplacer d’un endroit à l’autre, en toute sécurité. Il a d’ailleurs repris ses habitudes de faire des marches dans son quartier et même au centre commercial, question d’habituer son nouvel ami à son environnement.

Le chien, dont le nom d’emprunt est Jean-Paul (Guy préfère ne pas divulguer son vrai patronyme afin que les gens qu’il rencontre ne soient pas tentés de l’interpeller et ainsi le déranger dans son travail), est une aide technique pour Guy Huard et non un jouet comme il se plaît à le répéter depuis de nombreuses années.

En effet, il y a encore des gens qui ne savent pas que lorsque les chiens sont au travail (un harnais sur leur dos l’indique), il ne faut pas les déranger. « Mais il y a de l’amélioration », indique Guy Huard. Toutefois, il doit toujours et régulièrement rappeler qu’il faut même éviter tout contact visuel avec le chien afin que celui-ci garde sa concentration et poursuive son travail. « Si on dérange le chien, on compromet mon aide technique et donc, par le fait même, ma sécurité », sensibilise-t-il. À titre d’exemple, il indique qu’on n’oserait pas jouer avec les freins d’un fauteuil roulant alors que son occupant effectue un transfert ou même qu’on ne ferait pas une jambette à quelqu’un qui est en béquilles. « C’est la même chose pour mon chien-guide », dit-il encore.

Depuis 2004, Guy Huard bénéficie de l’aide d’un chien dans sa vie de tous les jours. En fait, il en est à son troisième. « Ça a changé ma vie. Je ne suis pas le même homme quand j’ai un chien-guide », confie-t-il. Sa maladie des yeux a lentement progressé et aujourd’hui son résidu visuel fait en sorte qu’il distingue seulement la lumière et le noir. Le chien lui permet de continuer ses activités, d’aller au restaurant, dans les lieux publics et de toujours avoir une paire d’yeux qui veille sur lui.

Ainsi, Guy est toujours ouvert à répondre aux questions des gens au sujet de son accompagnateur poilu qui, il le sait bien, attire les regards. Mais il devient parfois en colère lorsqu’on aborde directement son assistant. « Il est très bien dressé, mais ce n’est pas une machine. On ne peut lui enlever complètement son instinct », rappelle-t-il.

En plus, puisqu’il est arrivé depuis peu, le chien doit se faire ses repères, s’habituer aux parcours de son maître et, surtout, demeurer attentif à son travail. « Quand il arrive, il n’est pas parfait. Il faut environ six mois pour acquérir ses habiletés. Alors si les gens veulent m’aborder, je leur demande de le faire par le côté droit (le chien est à sa gauche) et d’ignorer tout simplement Jean-Paul », précise-t-il.

Un chien du Michigan

Pour ses trois chiens, Guy Huard s’est toujours tourné vers Leader Dogs For The Blinds, aux États-Unis, plutôt que vers Mira, organisme québécois. « Je n’ai rien contre Mira, mais j’ai été dirigé vers l’autre organisme qui a une appartenance au Club Lions », explique-t-il.

En effet, il raconte que les Lions de la région ont toujours donné à cet organisme et un gouverneur de district avait même visité les lieux qu’il lui a conseillés. Il y a trouvé un excellent soutien, ce qui explique pourquoi il y est retourné pour ses autres chiens. « C’est une grosse école internationale où on obtient beaucoup de services, même après qu’on ait reçu notre chien », ajoute-t-il.

Avec son Jean-Paul, Guy a déjà développé un lien très fort. « J’ai recommencé à sortir, tous les jours et ça va bien. Il apprend vite », apprécie-t-il. Il souhaite donc tout simplement rappeler que pour lui, le chien-guide est une aide technique qu’il ne faut pas compromettre. « C’est ma sécurité et mon intégrité physique qui est alors en jeu », réitère-t-il.

Guy Huard est encore impressionné de toutes les capacités que démontre son nouvel ami. « Je pense que j’ai frappé le gros lot », termine-t-il. Alors, si vous croisez Guy à Victoriaville, vous saurez quoi faire : ignorer le chien, mais ne pas hésiter à interroger son propriétaire.