Un motoneigiste témoigne sa reconnaissance à ses sauveurs

Par une journée froide le 31 janvier 2021 alors que le thermomètre affichait environ -21°C, le Drummondvillois Richard Dionne effectuait une randonnée de motoneige dans la région, accompagné d’un ami (Rémi Houde), lorsqu’il a été victime d’un bête accident dans un sentier à Warwick. Grièvement blessé, le motoneigiste tenait, un an plus tard, a témoigné sa reconnaissance envers tous les intervenants, paramédics, pompiers et policiers qui se sont occupés de lui.

« Sans vous, je ne serais pas ici. Vous m’avez sauvé », leur a-t-il dit lors d’une récente rencontre à la caserne de Warwick en présence du www.lanouvelle.net. Richard Dionne, 52 ans, pratique la motoneige depuis une dizaine d’années. Il le fait avec prudence, sans vitesse ni alcool. L’accident, a-t-il raconté, s’est produit vers midi le 31 janvier 2021 dans un sentier qui passe derrière La Sablière de Warwick. Après une légère pente, une série de petites bosses a fait perdre la maîtrise au motoneigiste qui a été éjecté et projeté contre un arbre. « En fait, j’ai fait le tour de l’arbre avec mon bassin », a-t-il dit.

Son ami, qui suivait en motoneige, n’a pas vu l’accident en raison de la côte. « Quand il m’a aperçu, j’étais étendu au sol. J’ai perdu très brièvement conscience », a-t-il noté. Richard Dionne a tenté alors de bouger, de se relever, mais Rémi Houde lui a conseillé de ne pas le faire. Sur le coup, je n’éprouvais aucune douleur, malgré la sévérité des blessures. « Fractures du bassin, poignet, coude, fémur gauche, blessures à trois ligaments de la jambe droite », a-t-il énuméré.

Aucune douleur, a-t-il noté, du moins jusqu’à l’hôpital alors qu’il a laissé échapper un cri quand l’ambulancière lui a touché le ventre. C’est ce qu’ont lui a conté. « Moi, je n’en ai plus souvenir », a-t-il précisé. Quatre longs mois d’hospitalisation, dont deux mois aux soins intensifs, ont suivi, une période marquée par de nombreuses interventions chirurgicales. Depuis l’accident, en fait, Richard Dionne a subi pas moins de 11 opérations. « Ils m’ont notamment enlevé un mètre et demi d’intestins et trois pouces de côlon », a-t-il révélé.

La réadaptation, par la suite, n’a pas été de tout repos. « Ça a été difficile, mais ça s’est tout de même bien passé. J’ai gardé un bon moral. J’ai toujours été un gars positif », a exprimé l’homme qui travaille pour les travaux publics à la Ville de Sherbrooke. « Étant chef de section, je dirige une cinquantaine de personnes. J’ai toujours dit la vérité à mon équipe, toujours été positif dans mes discours. J’ai toujours fonctionné de cette façon », a-t-il souligné.

Gratitude

Richard Dionne tenait a exprimé sa gratitude à toutes ces personnes qui ont pris soin de lui il y a un peu plus d’un an. Le déclic s’est fait dans un centre hospitalier sherbrookois quand, dans sa chambre d’hôpital, il a croisé la femme médecin qui l’avait déjà opéré à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. « Elle m’a reconnu et malgré la COVID, elle m’a serré dans ses bras et s’est mise à pleurer. Et moi aussi », a-t-il reconnu.

Dès lors, Richard Dionne a considéré l’importance pour lui de rencontrer ces personnes qui l’ont secouru et sorti du bois. « Ce sont mes sauveteurs. Je leur dis merci. C’est grâce à eux si je suis en vie. C’est toute une équipe. S’ils ne me sortent pas de là assez rapidement, de façon bien consciencieuse, je ne serais pas là aujourd’hui. Par la suite, il y a eu le personnel médical, les chirurgiens, tous ont mis la main à la pâte. Mais à la base, ce sont eux (les pompiers et paramédics) qui sont venus me chercher. C’est tout un travail d’équipe », a-t-il soutenu.

Pompier à Drummondville, un de ses amis partage tout à fait cet avis. « Dans tout cet accident, la chaîne des intervenants a très bien fonctionné. C’est peut-être pour ça qu’il a la vie sauve aujourd’hui », a avancé Marco Héroux. Richard Dionne considère important de valoriser publiquement le travail des intervenants d’urgence qui disposent aussi d’équipements hors route essentiels au sauvetage. 

À l’exception des policiers, tous les intervenants ont répondu à l’invitation de Richard Dionne qui, en plus de leur témoigner sa reconnaissance de vive voix, leur a remis un présent.

Il s’agit des paramédics Marie-Ève Ménard et Steve Gagné d’Urgence Bois-Francs et du superviseur aux opérations, Joël Fortier, et de trois membres du Service de protection contre les incendies de Warwick : l’officier responsable, le lieutenant Ian Charron et les pompiers Tommy Marchand et Steve Tousignant.

Quand les paramédics doivent intervenir hors route, là où l’ambulance ne peut se rendre, ils font appel aux pompiers et à leurs équipements de sauvetage, comme ce fut le cas en janvier 2021. À partir du chemin, les intervenants ont dû parcourir alors une distance d’environ deux kilomètres.

Avant que les sapeurs ne se rendent jusqu’à la victime avec leur véhicule tout terrain et la civière-traîneau, la paramédic Marie-Ève Ménard avait pu prendre les devants grâce à un bon Samaritain qui l’a embarquée sur sa motoneige. « Puisque les pompiers avec le traîneau ne peuvent circuler rapidement, le motoneigiste les a dépassés sécuritairement. Je suis arrivée la première, mais Steve (Gagné) a suivi peu de temps après. J’ai constaté que le patient était conscient, qu’il respirait », a-t-elle signalé.

Tandis qu’on évacuait Richard, Marie-Ève a voulu réconforter son ami motoneigiste. « Je savais qu’il n’était pas sorti du bois, mais je voulais le rassurer en lui disant qu’on faisait tout en notre possible pour l’aider et qu’on le dirigerait rapidement à l’hôpital », s’est-elle souvenue. Les intervenants apprécient l’initiative de Richard Dionne. « Dans notre travail, on n’a pas souvent de suivi concernant les patients. Je me souviens qu’avec M. Dionne, ça n’allait pas trop bien, sachant qu’il n’allait pas sortir rapidement de l’hôpital », a commenté Marie-Ève Ménard, tout en relevant sa force de caractère. « Il nous remercie, oui, mais avec toutes les blessures subies, quelqu’un d’autre ne marcherait peut-être pas encore aujourd’hui. Mais lui, il possède une force de caractère. Il a du mérite incroyable », a-t-elle attesté. « En 20 ans, il m’est arrivé à seulement quatre occasions de recevoir des nouvelles d’un patient, a ajouté Steve Gagné. C’est plaisant d’en avoir parce qu’on se demande souvent comment ils vont. »

« De recevoir un tel témoignage, c’est touchant, a renchéri Joël Fortier, superviseur aux opérations chez Urgence Bois-Francs. De voir le patient entreprendre lui-même des démarches pour venir nous remercier, c’est très rare et vraiment gratifiant pour notre travail. Ça nous donne envie de continuer de le faire. » Avec ce type d’intervention, les pompiers aussi ont le sentiment d’être utiles. « Ça valorise le travail qu’on effectue auprès du patient », a formulé le lieutenant Ian Charron. Au fil des ans, des équipements de sauvetage hors route ont été développés dans plusieurs services d’incendie. Warwick a longtemps été seule à couvrir le territoire de la MRC d’Arthabaska. Avec le temps, le territoire a été subdivisé. Les pompiers warwickois desservent neuf municipalités : Warwick, Tingwick, Saint-Rémi-de-Tingwick, Kingsey Falls, Sainte-Séraphine, Sainte-Clotilde-de-Horton, Saint-Samuel, Sainte-Élizabeth-de-Warwick et Saint-Albert.

« Nous sommes bien desservis aujourd’hui, tant dans la MRC d’Arthabaska que dans celle de L’Érable. Les MRC, avec de l’aide financière gouvernementale, ont investi. Seulement dans la MRC d’Arthabaska, Warwick, Victoriaville, les régies Incentraide et des 3 Monts possèdent les équipements pour les sauvetages hors route. On se sépare ainsi le territoire pour réduire les temps d’intervention », a fait valoir Mathieu Grenier, directeur du Service de protection contre les incendies de Warwick.

Dans la MRC de L’Érable, le Service de sécurité incendie de Princeville et le Service de sécurité incendie régional de L’Érable (SSIRÉ) répondent aussi aux appels d’intervention hors route. Ce type d’intervention requiert un véritable travail d’équipe, a observé Mathieu Grenier. « Dès la réception de l’appel, on travaille rapidement avec les ambulanciers et les policiers pour localiser la victime, c’est le premier défi. On échange l’information sur le terrain pour se rendre le plus rapidement possible au bon endroit. »

Heureux d’être vivant aujourd’hui, conscient que la vie ne tient qu’à un fil, Richard Dionne assure qu’il profite de la vie au maximum. Lui qui s’était fixé une période de réadaptation d’un an, il a visé juste. Il reprendra le boulot le 28 février. « Cette histoire a de quoi conscientiser les gens, faire prendre conscience qu’une bonne journée, en pratiquant ton passe-temps préféré, ta vie peut basculer rapidement. Il faut toujours rester conscient de l’aspect sécurité », a exprimé Mathieu Grenier. Les intervenants invitent les citoyens à la prévoyance, à être conscient de l’endroit où il se trouve, question de pouvoir, au besoin, bien informer les services d’urgence de leur localisation. « Plus vite on intervient avec les manœuvres adéquates, plus le patient a de chance de s’en remettre », a conclu Mathieu Grenier.