Semaine de prévention du suicide : davantage d’appels, mais moins de décès dans la région

Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) a profité de la 32e Semaine nationale de prévention du suicide (qui se tient du 30 janvier au 5 février), afin de souligner la mobilisation dans la région, mais également pour expliquer qu’il y avait une hausse marquée d’interventions psychosociales (50% de plus cette année), mais une diminution du nombre de décès par suicide (selon les statistiques 2017-2019).

Il y a donc davantage de détresse et de souffrance, comme l’a indiqué le directeur adjoint des services sociaux généraux et dépendance à la Direction du programme santé mentale et dépendance du CIUSSS MCQ, Jovany Raymond. 

« Le mieux-être et la santé mentale sont donc plus que jamais au cœur de nos préoccupations. Nous sommes fiers de collaborer avec nos partenaires de la communauté, dont les trois centres de prévention suicide de la région, afin d’offrir des services aux besoins de la population et en favoriser un meilleur accès », a-t-il mentionné.

M. Raymond a également rappelé le message à retenir en cette semaine de sensibilisation est qu’il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Que ce soit à un ami, un collègue, un professionnel, parler de sa détresse ou de ses inquiétudes permet de diminuer la souffrance. 

Plusieurs ressources sont disponibles en tout temps dans la région, dont les centres de prévention suicide, les organismes communautaires, les équipes psychosociales dans les CLSC, le 811 (option infosociale), la ligne 1 866 japelleappelle, suicide.ca, etc. 

Le directeur adjoint insiste aussi sur le fait qu’il est nécessaire de travailler en amont, notamment en prenant soin de soi par de saines habitudes de vie. « Bouger, s’entourer, ouvrir le dialogue et identifier des trucs pour gérer le stress font partie des stratégies. »

Patrice Larin, directeur général du centre de prévention du suicide Accalmie, y va dans le même sens, suggérant aussi de renouer avec des anciennes activités afin de se faire du bien, mais également d’ouvrir une discussion franche au sujet du suicide avec des personnes qui semblent aller moins bien dans notre entourage. « Osez la question directement : est-ce que ce que tu vis t’amène à penser au suicide? » Une simple question qui n’induira pas à une personne non suicidaire de développer une problématique. « Au contraire, elle va se sentir considérée, comprise », ajoute-t-il.

Du côté des statistiques, pour les deux dernières années de pandémie, les centres de prévention du suicide de la région ont vu les appels augmenter de 40%, comparativement aux deux années prépandémie. « Cela équivaut à plus de 6000 appels supplémentaires annuellement », indique M. Larin. Mais pour ce qui est du nombre de personnes qui passent à l’acte, le taux demeure stable, du moins pour ce qui est des mises à jour de la Santé publique du Québec. « On constate que la province affiche un taux stable. Du côté de notre région, Mauricie-Centre-du-Québec, si on compare les trois dernières années compilées (2017 à 2019), avec les 10 années précédentes, on voit un différentiel de cinq décès par suicide de moins », ajoute-t-il. Cela se traduit par 25 décès de moins par suicide par année dans la région.

Pour ce qui est des chiffres estimés depuis deux ans, soit le début de la pandémie de la COVID-19, M. Larin parle de données provisoires, fournies par le bureau du coroner du Québec (dont les enquêtes ne sont pas terminées pour les années 2020-2021), qui ne font pas état d’une hausse du taux de suicide. « Peut-être une légère baisse ou un statu quo, mais il faut être prudent dans l’interprétation », insiste-t-il. 

Ces chiffres indiquent donc que de l’aide existe dans la région et que plusieurs personnes y font appel. Le phénomène du suicide est de moins en moins tabou ou stigmatisé, ce qui ouvre la discussion avec ceux qui en ont besoin. Plusieurs collaborations ont été mises en place entre différents organismes afin de bien prendre en charge les gens qui demandent de l’aide.