Quelque 150 intervenants ont réfléchi à l’action bénévole

Environ 150 personnes, des élus, des représentants d’organismes et des bénévoles ont participé, mercredi, à la grande journée de réflexion et d’échange sur le bénévolat tenue au Club FADOQ de Victoriaville.

Pas moins de 45 organismes des MRC d’Arthabaska et de L’Érable étaient représentés à cette journée initiée par la MRC d’Arthabaska.

La journée a été marquée par des ateliers, des conférences et un panel. Une conférence de Julie Fortier, professeure et chercheure de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), a lancé la journée. « Nous avons parlé de l’évolution du bénévolat, des bénévoles, des organisations. Le bénévolat a évolué. On ne parle plus d’une seule façon de faire. Il en existe plusieurs », confie-t-elle au www.lanouvelle.net au terme de la journée.

Des ateliers de discussions ont permis d’aborder différents aspects, comme le recrutement de bénévoles, l’accompagnement et le soutien, de même que la fidélisation. « Les participants ont pu partager notamment sur les moyens qu’ils utilisent pour le recrutement, sur les enjeux qu’ils rencontrent », souligne la professeure chercheure.

Différents éléments sont ressortis de cette journée.  « La difficulté de recruter à long terme, le manque de temps dans les organismes pour planifier, réfléchir sur le recrutement pour pouvoir bien le faire ont été soulevés », signale Julie Fortier.

La pertinence d’avoir des outils communs, de les partager, d’avoir un espace commun pour permettre des échanges entre les organismes a été maintes fois relevée, selon elle.

La question du recrutement des jeunes aussi a été soulevée.

« Parmi les solutions pour favoriser le recrutement, il a été question de l’importance d’aller sur le terrain, d’aller à la rencontre des gens, d’être visible pour promouvoir et faire connaître les organismes. Parce que, pour faire du bénévolat, il faut savoir que les organismes existent », fait valoir Julie Fortier.

Le recrutement des jeunes, a-t-elle noté, passe bien souvent par le groupe. « Les jeunes aiment se retrouver entre amis. Amène donc un ami dans le bénévolat », évoque-t-elle.

Il y a lieu, selon elle, de promouvoir les diverses façons de faire dans le bénévolat actuel. « Notamment le bénévolat ponctuel, a-t-elle dit. Tu peux donner de ton temps selon tes disponibilités. Il est important de garder l’intérêt et la motivation des bénévoles pour s’assurer qu’ils cadrent bien dans l’organisation, comme l’ont mentionné les participants. »

Les moyens pour favoriser le recrutement ont fait l’objet d’échanges. « Il y en a plusieurs. C’est une diversité de moyens qui permettent le recrutement », a mentionné Mme Fortier.

Bref, la journée a donné lieu à des riches échanges. Plusieurs idées y ont été exprimées. « Les gens étaient proactifs, ils participaient aux discussions. Ils y étaient pour les bonnes raisons. Ils avaient besoin d’une telle rencontre », constate Julie Fortier.

Même qu’ils disent souhaiter la tenue d’un nouveau rendez-vous du genre. « Ça leur permet de sortir de leurs organisations, de voir ce qui se fait ailleurs, de réfléchir ensemble sur les problématiques qu’ils ont en commun. Oui, ça apparaît pertinent de refaire éventuellement quelque chose sans que ce soit la même formule », termine la professeure chercheure.

Un exercice pertinent

Hugues Laroche, responsable des communications et des bénévoles au Carrefour d’entraide bénévole des Bois-Francs, qualifie de très pertinente la présentation faite par Julie Fortier.

« Elle nous a montré ce à quoi ressemble le bénévolat, quelles sont les tendances d’aujourd’hui. C’était très intéressant parce que ce sont des choses qu’on sentait sur le terrain, qu’on ressentait. Le fait de pouvoir nommer les choses montre que ce n’est pas le fruit de notre imagination. C’est réel, c’est documenté et ça s’explique », exprime-t-il.

Le représentant du Carrefour d’entraide bénévole a apprécié les échanges sur ces nouvelles réalités. « Le bénévolat change. Les gens ne s’impliquent plus de la même façon. On fait face à des défis, notamment en matière de recrutement », observe-t-il.

Hugues Laroche considère important le choix des mots. Bénévolat, bénévoler et bénévoles ne résonnent pas de la même façon pour tous. « Si certains y voient un engagement à long terme, ce n’est pas nécessairement le cas. Il y a moyen de faire du bénévolat en fonction de ses disponibilités, de ses choix, de ses causes, de ses intérêts, en fait. Mais l’important, insiste-t-il, c’est d’y aller, car les besoins existent. »

Les bénévoles sont partout : des événements de tous genres et les organisations diverses, comme le hockey mineur, par exemple, ne sauraient exister sans l’engagement de bénévoles, fait remarquer M. Laroche, tout en invitant les gens à « découvrir le plaisir de faire du bien aux autres ».

« Parmi les panélistes, des gens comme Rock Tourigny et Denis Desrochers, ont témoigné du plaisir de contribuer à donner aux autres. Les sondages montrent d’ailleurs que les gens font du bénévolat pour le plaisir qu’ils en retirent. Y a pas de mal à se faire plaisir en faisant du bien aux autres, voilà une phrase qu’on entend souvent », souligne Hugues Laroche, dont l’organisation compte quelque 150 bénévoles.

« Les gens doivent découvrir la richesse du bénévolat et l’importance qu’il peut avoir dans la vie des gens. Au Carrefour, nous desservons une clientèle âgée et vulnérable. Les services qu’on leur rend font une différence dans leur vie », assure-t-il.

Conférence publique

Pour conclure la journée, l’organisation avait invité l’animateur et comédien Jean-Marie Lapointe à prononcer une conférence intitulée Le bonheur de bénévoler à laquelle la population était aussi conviée.

Le bénévolat, en quelque sorte, fait partie de l’ADN du conférencier qui, très tôt dans sa vie, y a été initié avec la Maison Jean Lapointe. « C’est clair que j’allais faire du bénévolat avec mon père. Et j’ai compris que ça me faisait du bien de donner de mon temps sans recevoir de l’argent en retour. Je n’ai pas cessé d’en faire », confie-t-il tout en évoquant sa tante religieuse missionnaire et ses études dans un collège privé catholique. « La religion était très encline à pratiquer le fait de tendre la main, de s’impliquer, de donner. Donc, ça a fait partie de mon éducation de donner aux plus démunis, aux plus déshérités », note-t-il.

En s’adressant aux gens, Jean-Marie Lapointe a envie, dit-il, de rendre hommage à des gens qui l’ont changé de l’intérieur par des leçons de vie, par les valeurs qu’ils lui ont inculquées. « Des personnes que je n’aurais jamais pu rencontrer si j’étais resté chez moi à jouer au Play Station ou à me morfondre parce que je ne travaille pas. La grande leçon, énonce-t-il, c’est que ma grande implication m’a permis, non seulement de décentrer mon nombril, mais surtout de réaliser qu’il y avait des gens extraordinaires que j’allais rencontrer, que ce soit d’autres bénévoles ou des personnes impliquées dans des causes dans lesquelles je suis moi-même impliqué et qui m’ont fait voir la vie différemment et montré d’autres valeurs. »

Le conférencier voit dans ces rencontres une sorte de récompense. « Au-delà du fait que le bénévolat nous fait du bien, ce sont les rencontres, les gens, par exemple que j’ai accompagnés en fin de vie dans les soins palliatifs ou encore les personnes handicapées dans le milieu du sport. Les gens qui ont des handicaps ont été précieux dans mon cheminement. Ce que j’ai envie de partager, ce sont ces gens-là », raconte-t-il.

En gars simple qu’il est, Jean-Marie Lapointe ne donne pas de son temps pour se faire dire qu’il est « beau, fin et gentil ». « Mais en même temps, je sais que mon exemple peut faire une différence puisque j’ai la chance d’être connu. De me servir de ça, de manière intelligente, pour faire passer un message, c’est la totale! »

Jean-Marie Lapointe sait fort bien que les bénévoles constituent une force, une ressource essentielle. Et, prévient-il, on ne doit pas les tenir pour acquis. D’où l’importance de savoir les reconnaître et les remercier pour leur engagement.