Pour faire tomber les tabous entourant la petite pilule bleue

Il a réfléchi le temps d’une nuit à la proposition, puis il a dit oui. Le Victoriavillois André Boutin, connu de plusieurs sous le surnom de Tiger, apparaît dans le documentaire La vie en bleu de Lilli Marcotte et animé par le comédien Vincent Graton.

À l’approche de 25e anniversaire de l’arrivée du fameux Viagra, Vincent Graton, dans cette production de Iprod Média, a voulu connaître l’impact de ce médicament sur la santé sexuelle des Québécois.

Le documentaire présente notamment un urologue expliquant la fonction érectile et l’action du Viagra. Des sexologues abordent son impact psychologique sur les hommes comme sur les femmes et un sociologue de la sexualité souligne la révolution engendrée par l’arrivée de ce médicament. 

Vincent Graton a aussi interviewé l’un des chercheurs qui ont découvert par hasard l’action du Viagra dans les laboratoires de la compagnie Pfizer en voulant développer un médicament pour soulager l’angine. L’animateur a aussi échangé avec des hommes, dont Tiger.

Âgé de 56 ans, André Boutin, un travailleur autonome en entretien ménager, fait usage depuis environ deux ans de la petite pilule bleue. Sa participation au documentaire relève d’un concours de circonstances.

« Je connais le chanteur Alain-François depuis une trentaine d’années. Il savait que j’en prenais. Quand il a su que Vincent Graton, le conjoint de sa cousine, l’animatrice France Beaudoin, cherchait des participants pour le documentaire, il m’a demandé si ça m’intéressait. Je lui ai alors dit que j’allais y penser », raconte-t-il.

Sa réflexion aura donc été de courte durée, le temps d’une nuit. « D’autant que je connais Vincent (Gratton) depuis longtemps, un gars vraiment sympathique. Je n’éprouvais aucune gêne à faire l’émission avec lui », confie-t-il.

S’il a accepté de se révéler publiquement, c’est pour contribuer un tant soit peu au changement de mentalité en lien avec la dysfonction érectile. « Ça fait 25 ans que le Viagra existe, mais pourtant le sujet demeure tabou. En 2022, ça ne devrait plus être le cas, observe-t-il. Ce que je veux dire aux gars, c’est qu’il n’y a pas de honte, pas de gêne à avoir. Une dysfonction érectile, ça peut arriver à tout le monde, à n’importe qui, à n’importe quel âge. On ne contrôle pas ça. »

André Boutin invite les hommes concernés à ne pas craindre de se faire montrer du doigt, à aller au-delà des préjugés. Plusieurs se trouvent d’ailleurs dans le même bateau puisque, avance-t-il, 38% des hommes éprouveraient un problème érectile. « Et en 2013, pas moins de 250 000 Québécois prenaient du Viagra », souligne-t-il.

Sur ordonnance

Bien qu’on en retrouve en vente libre sur le Web, André « Tiger » Boutin ne le conseille pas et ne le fait pas lui-même parce qu’on ne sait pas, dit-il, ce qu’on peut consommer.

Il emprunte la voie officielle, celle du rendez-vous avec un médecin. « La prescription d’un médecin est nécessaire pour s’en procurer à la pharmacie. Le médecin pose des questions, vérifie si tu fais de l’hypertension et si tu as des problèmes cardiaques, car il peut y avoir une contre-indication avec d’autres médicaments », explique-t-il, ajoutant qu’il ne faut pas craindre la visite chez le docteur. « Il ne te juge pas, tout est confidentiel, comme à la pharmacie d’ailleurs », assure-t-il.

Il en coûte, selon lui, 15 $ le comprimé. Et le résultat est garanti. Ça marche. « Ça fonctionne très bien », confirme-t-il, précisant qu’il existe cependant certains effets secondaires. « Pour certains il s’agit de maux de cœur, de tête et des étourdissements, mais ça ne dure pas longtemps. Moi, la seule chose que j’ai eue, c’est un petit étourdissement après l’acte », confie-t-il.

C’est pourquoi André Boutin invite les hommes qui souhaitent avoir des rapports sexuels à mettre de côté la crainte, la gêne ou la honte et à faire comme lui. « On n’est pas des surhumains ni des machines. Tout comme un véhicule, notre corps peut parfois tomber en panne, une situation qui peut être temporaire, bien souvent. Pourquoi les hommes qui ont des problèmes devraient se priver de relations sexuelles? Si t’en as envie, pourquoi se priver? », exprime-t-il.

Tournage

André Boutin s’est rendu dans un salon de coiffure à Beloeil pour son entrevue.

« Les plans initiaux ont changé en raison de la pandémie, mais l’idée de départ, c’était de tourner dans un vestiaire de hockey », relate-t-il, ajoutant avoir bien apprécié son tournage. Tout s’est déroulé promptement. « Ça a duré une heure. Ça a été une belle expérience, commente-t-il. Je pensais être nerveux, mais je me suis senti bien à l’aise. On en vient à oublier les caméras, fait-il remarquer. Je me concentrais sur les questions de Vincent, j’y répondais du mieux que je pouvais au meilleur de mes connaissances, selon mes expériences vécues. »

Reste que jamais il n’aurait pensé parler de ce sujet en public, encore moins à la télévision. « Mais, à un moment donné, quelqu’un doit casser la glace. Je m’en balance si des gens se moquent de moi sur les réseaux sociaux. Je veux dire aux hommes que le problème existe tout comme la solution. J’ai accepté pour montrer que je suis quelqu’un comme tout le monde, qu’il arrive parfois des choses qui font que ça ne fonctionne plus, mais c’est temporaire et le médicament est là pour aider », mentionne André Boutin, ajoutant que si c’était à refaire, il répéterait l’expérience. Et même pour parler d’autres sujets, au besoin. 

Le documentaire La vie en bleu a été présenté à Ici Télé (Radio-Canada) mardi à 21 h. Il est aussi disponible en rattrapage sur TOU.TV.