Portes ouvertes… sur les locaux d’apaisement

VICTORIAVILLE. «Avec ces cris de détresse qu’on entendait, on se serait cru à Robert-Giffard!», s’est exclamée une mère indignée d’apprendre qu’à l’École La Myriade-J.-P.-H.-Massicotte, il existe un lieu clos où l’on «enferme» des enfants et dans l’obscurité. «J’ai eu envie d’appeler la DPJ. Sait-on que cela existe?» confie la dame à La Nouvelle Union.

«Nous n’avons jamais reçu de plaintes formelles à ce sujet. Il existe non pas un, mais deux locaux d’apaisement dans cette école. Et ces lieux sont connus par les organismes et institutions qui travaillent avec nous, le Centre jeunesse, le CRDI, Interval, le département de pédopsychiatrie de l’Hôtel-Dieu», précise Daniel Sicotte, directeur général de la Commission scolaire des Bois-Francs (CSBF).

Avec la directrice de l’École, Janie Hamel, le directeur général fait visiter les deux locaux ainsi que la salle blanche Snoezelen, expliquant que l’établissement est un centre spécialisé accueillant des élèves en difficultés d’apprentissage, vivant avec un trouble envahissant du développement, comme l’autisme et la déficience.

Les deux locaux d’apaisement sont tout à fait vides. L’un est situé tout juste en face du secrétariat de l’école, non loin du hall d’entrée. Quant à la salle blanche Snoezelen, elle est plus spacieuse et comporte du matériel, notamment une colonne d’eau aux reflets irisés. «Ce type d’aménagement commence à se répandre au Québec. L’Ami-Temps a installé une salle blanche dans sa maison», soutient la directrice, précisant qu’il s’agit d’un lieu de stimulation sensorielle.

Les cris, le quotidien

M. Sicotte dit, d’emblée, que les «cris sont le quotidien» de l’École La Myriade et qu’ils peuvent surprendre les gens peu familiers avec cette clientèle. «Les enfants atteints d’autisme ou de déficience n’ont pas la même compréhension et les mêmes réactions que ceux dits normaux. En crise, désorganisés, ils ont besoin de sortir de l’agitation, des bruits de la classe pour se recentrer sur eux-mêmes. Pour retrouver le calme, ils doivent s’isoler. Ces lieux d’apaisement sont loin d’être des lieux de contrainte. On connaît des enfants autistes, qui vont naturellement se réfugier sous un lit ou dans un garde-robe. Et ils ne supportent pas qu’on les touche.»

La décision de mener les enfants vers ces locaux où l’on peut éteindre la lumière, suspendre par exemple une balancelle, s’inscrit dans un protocole d’intervention, ajoute Janie Hamel. Et c’est, exceptionnellement, qu’on met le verrou à la porte, ce qu’on devra d’ailleurs justifier.

La directrice poursuit en disant que l’enfant n’est jamais «laissé» ou «abandonné» dans le local d’apaisement. «Il y a toujours quelqu’un qui reste devant le local, éducateur ou psychoéducateur. Il peut communiquer avec l’enfant, à l’aide du pictogramme qu’il lui fait voir à la fenêtre de la porte.» Et il est faux de penser qu’il y a des moyens de contention dans ces locaux, affirme la directrice.

On n’a jamais tenu de statistiques sur l’utilisation de ces lieux, dit Janie Hamel. «Mais ce n’est qu’une minorité des quelque 210 élèves de La Myriade qui peuvent s’y retrouver et ce n’est pas chose fréquente pour un élève.»

Préférant garder l’anonymat, la mère d’un adolescent ayant des troubles de comportement témoigne. Son garçon y a déjà été isolé et «c’était correct».

Chaque élève présente son cas particulier et sa manière de réagir, soutient la directrice de l’École. «Certains enfants sont hypersensibles à la lumière, au bruit, ne souffrent aucun manquement à leur routine. Parfois, l’isolement ne suffit pas. Il faut appeler les parents pour qu’ils viennent sortir leur enfant de l’école. Dans certains cas, l’élève sera agité parce qu’il n’a pas pris ses médicaments.»

Pour illustrer le tempérament sensoriel de ces enfants, Janie Hamel raconte l’histoire de l’élève dont on a compris que c’était le changement de style de musique dans l’autobus – ce n’était pas le chauffeur habituel – qui avait provoqué son inhabituelle agitation.

«Il est certain que pour les gens peu familiers avec ce type d’enfant, les lieux d’apaisement paraissent ne pas avoir de sens», conclut Daniel Sicotte.