Ottawa n’ouvre toujours pas la porte à une réforme de l’assurance-emploi

Alors que le gouvernement de Justin Trudeau disait s’attendre qu' »un système d’assurance-emploi plus inclusif soit mis en place d’ici l’été 2022″, force est de constater qu’à l’aube de 2023, les Canadiens devront toujours attendre avant de voir le début d’une réforme allant en ce sens.

Cette année encore, les travailleurs devront malheureusement se contenter d’une protection sociale désuète en cas de chômage puisque, depuis le 24 septembre 2022, le gouvernement fédéral n’a pas renouvelé les mesures temporaires mises en place pour répondre aux lacunes du régime d’assurance-chômage. 

« Quand la vice-première ministre Freeland nous parle de bâtir un Canada où personne n’est laissé pour compte et nous promet que « le gouvernement continuera d’être là pour les Canadiens qui en ont le plus besoin », se rend-elle compte que les personnes qui perdent leur emploi et qui ont besoin d’un revenu sont oubliées dans son énoncé économique? Il n’y a rien de nouveau pour améliorer l’accessibilité des travailleurs au régime d’assurance-chômage. Rien pour les travailleurs de l’industrie saisonnière à qui l’on demande depuis des années de s’endetter, de déménager ou de changer de carrière », s’insurge Lucie Forand du Regroupement des Sans-Emploi de Victoriaville. 

Si le gouvernement espère que la « main-d’œuvre s’adapte à l’économie du XXIe siècle », nous en attendons autant de celui-ci : il est temps que le régime d’assurance-chômage réponde aux réalités des chômeurs du XXI siècle.

Rappelons, par exemple, que si le gouvernement assumait toujours une contribution financière du régime de l’ordre des 20%, comme c’était le cas avant 1971, et qu’il cessait de financer des mesures actives d’emploi à même la caisse, cette dernière pourrait percevoir jusqu’à 8,2 milliards dollars supplémentaires annuellement pour venir en aide aux chômeurs. 

Le gouvernement minoritaire du Parti libéral se doit d’écouter les représentants de la société civile et les partis d’opposition au parlement. Le Bloc québécois ainsi que le NPD ont mis de côté la partisanerie et demandent ensemble une réforme en profondeur de l’assurance-emploi, tandis que le Parti conservateur demande pour sa part une augmentation du nombre de semaines de prestations de maladie. Malgré ses promesses, le parti au pouvoir semble être le seul à ne pas comprendre l’importance du rôle que joue l’assurance-chômage dans la stabilité de la société canadienne.

Se donner les moyens d’avoir un régime d’assurance-chômage accessible, juste, universel et non discriminatoire est primordial. Ce l’est encore plus dans un contexte économique où une récession devient possible. Donnons-nous les moyens de protéger le plus grand nombre de chômeurs en leur permettant de traverser la crise en toute dignité. 

La mise à jour économique de cet automne ne nous offre pas le filet de sécurité dont l’ensemble des travailleurs ont grandement besoin.