«Ici, tout le monde avait un peu de ketchup dans les veines» – Daniel Bérubé

Âgé de 20 ans et aux approches de son mariage, Daniel Bérubé avertit sa promise; il deviendra homme d’affaires. Quelque 44 ans plus tard, il vend ses six McDonald’s, dont trois à Victoriaville, pour s’investir cette fois-ci dans une retraite bien méritée.

En 1978, Daniel Bérubé, originaire de Rivière-du-Loup, embrasse le métier d’agent immobilier. Au gré des ventes, il développe des liens avec l’entreprise McDonald’s. Il s’intéresse à la compagnie, effectue quelques démarches pour devenir franchisé et adhère à la concession en 1985. Il ouvre un restaurant «flambant neuf» à Montmagny. À ce moment, l’investissement exigé était important. «Ç’a toujours été très dispendieux d’ouvrir un McDo, mais c’est une chaîne qui fonctionne bien, avec des équipements sophistiqués. Il faut regarder d’un bord et de l’autre; on n’a rien pour rien», note M. Bérubé.

L’homme d’affaires se souvient de son arrivée à Victoriaville en 1991. Lui qui voulait prendre de l’expansion et se procurer d’autres restaurants voyait ses projets compromis par les possibilités restreintes dans sa région. «Le propriétaire de l’époque, Carlos Iannuzzi, avait décidé de vendre son marché de Victoriaville», rappelle-t-il. Alléché par tout ce potentiel, il entame des discussions. Le vendeur s’avérant aussi le détenteur du restaurant de Thetford Mines, l’entente comprend son éventuel achat.

Daniel Bérubé se départit de son commerce de Montmagny et s’installe sur le boulevard des Bois-Francs Sud. La Grande Place des Bois-Francs, construite en 1991, accueille son second restau. En 1996, il acquiert le McDonald’s de Plessisville. Il étend son empire au Walmart de Victoriaville en 1997, met la main sur celui de Thetford Mines en 1998, puis en implante un autre au Madrid 2.0, à Saint-Léonard-d’Aston, en 2012. Voilà les six établissements vendus la semaine dernière.

Investir toujours

La chaîne sur laquelle il mise en 1985 se redéfinit constamment pour répondre aux besoins évolutifs de sa clientèle. «Les parts de marché de McDonald’s grandissent, au gré des nouveaux produits offerts comme, par exemple, les déjeuners toute la journée et un service au volant perfectionné, de plus en plus rapide», exemplifie M. Bérubé.

Pour lui, 2012 constitue une année phare en termes de transformations. «On a appelé ça « Destination 2012 ». On a changé nos bureaux et la décoration des restaurants, pour les rendre plus conviviaux. On a refait complètement l’intérieur et l’extérieur de nos bâtiments. On innove toujours afin de se mettre au goût du jour. McDo, tous les 10 ans environ, revoit son image», résume-t-il. Autre tournant majeur en 2014, l’arrivée des McCafés, couronnée de succès, notamment pour les cafés de spécialité, dont le goût s’améliore constamment, et pour l’ajout des pâtisseries.

«Quand tu es en affaires, il faut que tu évolues avec les gens. Il y a les normes, mais moi j’appelle cela un investissement. Ça nous permet de rester en vie et en santé, d’où la renommée de McDo», pense Daniel Bérubé.

École

McDonald’s signifie aussi engagement dans la communauté, en particulier à l’égard des enfants. Daniel Bérubé, par le truchement de ses six restaurants, recueille entre 25 000 $ et 30 000 $, seulement avec le Grand McDon. «On remet tout l’argent amassé à des organismes ou des institutions qui oeuvrent auprès des enfants», dit-il. Humble, il admet que l’engagement de beaucoup de gens offre de tels résultats et qu’il ne peut pas être partout à la fois. Que ce soit à l’initiative d’un gérant ou d’un employé, son équipe, au fil des ans, a participé à bien des clubs et fondations, en plus des projets philanthropiques déployés par leur propre bannière.

L’aspect humain et cordial des habitants de la région teinte son parcours. «J’avais une très belle équipe. J’aimais travailler, car c’est ainsi quand tu as du bon monde avec toi. Nous, on dit qu’un bon concessionnaire a du ketchup dans les veines. Ici, tout le monde avait un peu de ketchup dans les veines, si on peut dire», s’amuse-t-il. Il témoigne d’un lieu d’affaires qui ressemble davantage à une vie familiale. Des médecins, des entrepreneurs, des enseignants, ils s’avèrent nombreux à avoir acquis leurs premières expériences de travail chez lui. «Un jeune qui travaille pour McDo et qui applique par la suite pour un emploi, automatiquement il sera sélectionné pour une entrevue. Nous sommes reconnus pour la formation offerte. Ça vaut un cours universitaire, si l’on sait s’en servir», se réjouit-il.

La famille, toujours

La décision de la retraite, M. Bérubé l’estime familiale. «Quand nos proches sont heureux, on est heureux avec eux. Je n’ai mis aucune pression sur mes enfants. Mon fils Michel est dans Surplus RD et il aime beaucoup ce domaine. Ma fille Christiane était ici, et elle a pris la même décision que moi. On se retire ensemble», rapporte-t-il.

Daniel Bérubé demeure actionnaire de Surplus RD, mais y joue un rôle passif, selon ses dires. Il occupe certes un siège sur son conseil d’administration, mais laisse aux autres actionnaires le soin des quelque 30 magasins de la chaîne. «Dans une journée, il y a 24 heures, et je me dirige vers les 65 ans. Je continue à chapeauter tout ça, mais il y a de très bonnes personnes qui y travaillent.» Pour lui, il considère cette vente comme une retraite presque complète, après 33 ans de fidélité.