Des environnementalistes manifesteront à Victo dimanche

Le dimanche 6 novembre, le collectif Solidarité Décoloniale Victoriaville participera à une mobilisation internationale afin de protester contre le financement du pipeline Coastal GasLink par la Banque Royale du Canada (RBC). 

Ce gazoduc traverse le territoire non cédé des Premières Nations Wet’suwet’en, sans le consentement des chefs héréditaires, véritables autorités sur leur territoire. La mobilisation actuelle répond à un appel des chefs héréditaires Wet’suwet’en, qui s’opposent à la construction du pipeline sur leur territoire, depuis sa proposition en 2012.

La construction du piepeline a progressé, malgré leurs efforts pour se faire entendre :

– reconnaissance de la décision Delgamuukw de la Cour suprême du Canada en 1997 reconnaissant le titre Wet’suwet’en,

– un protocole d’entente entre le gouvernement de la Colombie-Britannique, le gouvernement fédéral et les Chefs Wet’suwet’en en 2020 concernant le respect du titre (Memorandum of Understanding in 2020 en réponse à la mobilisation généralisée #shutdowncanada)

Coastal Gaslink fore maintenant sous la rivière Wedzin Kwa, qui est leur source d’eau potable et de subsistance. Des manifestants Wet’suwet’en occupant pacifiquement leurs terres ont été arrêtés. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a accusé TC Energy (les constructeurs du Coastal GasLink) de centaines d’infractions environnementales et de deux amendes, la dernière de 75 000 $, tandis que RBC continue d’investir des milliards de l’argent de ses clients dans cette expansion des combustibles fossiles.

À Victoriaville, le 6 novembre, vous êtes invités à une manifestation pacifique devant la succursale RBC au 118, rue Notre-Dame Est, de 9 h à 11 h. 

RBC, en tant que principal bailleur de fonds du gazoduc Coastal GasLink (CGL), a été ciblée tout au long de l’été lors d’actions de distribution de tracts aux succursales de cette banque à travers le Canada, dans le but de sensibiliser le public à la manière dont RBC investit l’argent de ses clients. RBC a accordé 6,8 milliards de dollars de prêts à CGL. Elle est le 5e plus grand bailleur de fonds de combustibles fossiles au monde; l’an dernier son engagement envers le secteur fossile a augmenté de 23 milliards de dollars, soit deux fois plus que l’année précédente. Elle fait maintenant l’objet d’une enquête du Bureau de la concurrence du Canada pour publicité trompeuse sur son bilan environnemental.

RBC affirme qu’elle favorise l’inclusion et la prospérité des Autochtones, mais elle a refusé de rencontrer les chefs Wet’suwet’en qui se sont rendus à Toronto en avril 2022, au moment de l’AGA de RBC. Elle continue de financer le pipeline CGL malgré l’opposition unanime de tous les chefs héréditaires Wet’suwet’en. Depuis 2019, les gens de la Nation Wet’suwet’en, qui résistent pacifiquement à la destruction de leurs terres, de leurs rivières et de leurs sites culturels, font l’objet d’intimidation de la part d’une unité spéciale de la GRC (le Groupe d’intervention communauté-industrie, C-IRG créé en 2017 « pour fournir une surveillance stratégique face aux incidents de l’industrie de l’énergie ») qui est complice des agents de sécurité de la société Coastal GasLink. 

Et maintenant, le forage a commencé sous la rivière à saumons Wedzin Kwa, pendant la saison de frai des saumons. La police est sur place pour protéger le forage et empêcher les Wet’suwet’en d’accéder à leurs propres terres. Les drones d’observation Wet’suwet’en ont été interdits en raison des opérations de dynamitage, mais il n’y a aucune application du règlement du ministère des Pêches et des Océans contre le dynamitage pendant la saison de frai du saumon. De plus, trois lettres de réprimande de l’ONU continuent d’être ignorées par les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique. La dernière de ces lettres du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (UN-CERD), datée du 29 avril 2022, dénonce le manque de consultation des peuples Wet’suwet’en concernant le Coastal Gas Link, et dénonce « l’escalade de l’utilisation de la force, de la surveillance et de la criminalisation des défenseurs des terres et des manifestants pacifiques pour intimider, déplacer et expulser de force les nations Secwepemc et Wet’suwet’en de leurs terres traditionnelles, en particulier par la GRC, et les sociétés de sécurité privées ». L’UN-CERD réitère son exhortation préalable (le 13 décembre 2019) au Canada et à la Colombie-Britannique « à cesser immédiatement les expulsions forcées des peuples Secwepemc et Wet’suwet’en,… à garantir qu’aucune force ne sera utilisée contre eux, et à retirer la GRC et les services associés de sécurité et de maintien de l’ordre de leurs terres ancestrales ».

Les Wet’suwet’en prennent soin de leurs terres depuis des temps immémoriaux. Les chefs héréditaires représentent un système de gouvernance antérieur à la colonisation. En vertu de la loi Wet’suwet’en, les clans ont la responsabilité de leurs territoires et le droit d’en contrôler l’accès. La Nation Wet’suwet’en n’a jamais cédé son territoire et cela a été reconnu par la Cour suprême du Canada en 1997. Les dirigeants des conseils de bande des réserves Wet’suwet’en, qui ont signé des accords pour le pipeline, n’ont aucune juridiction sur les parties hors réserves des 22 000 km2 de terres Wet’suwet’en, où le pipeline passerait réellement. Les conseils de bandes sont une création coloniale de la Loi sur les Indiens, qui a divisé les nations autochtones en plusieurs petites bandes (plus facilement manipulées et subjuguées), et qui a légiféré leur subordination, leur dépendance et le contrôle quotidien de tous les aspects de leur vie par le gouvernement fédéral. C’est une insulte de prétendre que l’accord de ces chefs de conseil de bande économiquement dépendants constitue un consentement libre, préalable et éclairé de toute la nation Wet’suwet’en, alors que TOUS les chefs héréditaires ont refusé.

Le pipeline Coastal GasLink, s’il est achevé, transporterait du gaz obtenu par fracturation hydraulique provenant du nord-est de la Colombie-Britannique sur 670 km, sous Wedzin Kwa (rivière sacrée) et à travers le bassin versant de la rivière Skeena, jusqu’à un immense port de transbordement de GNL sur la côte du Pacifique à Kitimat. Les chefs héréditaires prévoient l’empoisonnement de l’eau et les catastrophes climatiques que le pipeline entraînerait inévitablement à l’avenir. « Nous n’avons jamais, jamais permis à ce projet de se concrétiser », déclare le chef Na’Moks. « Il n’y a eu aucun consentement de la part d’aucun des chefs héréditaires ou de notre peuple. Nous avons des villages qui ont signé, mais les villages n’ont de juridiction que dans leur réserve.” Dans un appel pour que le soutien des alliés soit entendu, le chef Woos dit, “ … à tous ceux qui écoutent. J’apprécie vos oreilles. J’apprécie votre cerveau. Et j’espère que votre intelligence nous aidera d’une manière qui est une bonne manière”.

Le porte-parole des chefs héréditaires Wet’suwet’en, Sleydo, souligne que le gazoduc Coastal GasLink est un mauvais investissement.