Centre-du-Québec : Trouver son créneau dans le marché de l’érable

Mathieu Montplaisir et Stéphanie Béliveau partagent une passion pour l’acériculture. Avant même de s’acheter une maison, c’est dans une érablière que le couple a décidé d’investir. Mathieu s’est donc porté acquéreur de la terre appartenant au père de Stéphanie, dans le 9e rang à Saint-Wenceslas, en 2007.

Le défi de l’Érablière Mathieu Montplaisir était tout d’abord de se démarquer de ses voisins, car il faut savoir qu’elles sont cinq érablières situées dans le même rang! Mathieu et Stéphanie croient tous deux avoir trouvé leur créneau avec les produits dérivés de l’érable.

En plus d’offrir les classiques conserves de sirop, le beurre, le sucre, la tire… ils mettent désormais de l’avant leurs produits originaux, soit le Rub du matou et le Sirop du Doc!

C’est tout d’abord le Rub du matou qui a fait son apparition sur le marché. Il s’agit d’un mélange d’épices et de sucres d’érable que Mathieu avait l’habitude d’utiliser comme marinade sèche pour la cuisson de steaks sur la braise ou le charbon. Quand il organisait des barbecues entre amis, ces derniers avaient toujours la même demande pour celui qu’ils appellent « le matou » : qu’il amène ses fameuses épices!

« En cherchant un nom pour les épices, j’ai pensé au Rub du matou, parce que tout le monde savait c’était quoi dans notre entourage. C’est une marinade sèche, mais tout le monde l’utilise partout, raconte l’acériculteur. Nos enfants en raffolent sur le popcorn et le fromage en grains. » Une recette d’ailleurs testée et approuvée par la rédaction du Courrier Sud! Mathieu Montplaisir décrit la saveur du Rub comme étant un sucré-salé avec une petite touche relevée.

Le Sirop du Doc, quant à lui, est un sirop d’érable vieilli six mois en fût de whiskey. « Je trouve que le sirop d’érable et le whiskey se marient bien, estime Mathieu. Quand on ouvre la bouteille, au nez, on sent des odeurs de bois et de fumée, parce qu’on met le feu à l’intérieur du fût de chêne avant d’y verser le whiskey. L’odeur d’alcool est vraiment présente, mais au goût, c’est très doux, et le produit ne contient pas d’alcool. Ce sont des saveurs qui seront amplifiées lorsqu’on cuisine avec le Sirop du Doc », ajoute Mathieu, en proposant par exemple de caraméliser des champignons shiitakes avec le sirop vieilli.

Mathieu et Stéphanie croient bien réussir à se démarquer sur le marché avec leurs produits vedettes. D’ailleurs, toutes les érablières voisines ont acheté du Sirop du Doc » Ils m’ont tous dit que c’était la première fois qu’ils achetaient du sirop d’ailleurs », lance Mathieu, heureux de se tailler une place sur le marché à sa façon, car c’est une victoire en soi que de vendre du sirop d’érable à une autre érablière.

Au printemps, Mathieu souhaiterait démarrer un nouveau sirop vieilli un an, tout en continuant de proposer celui âgé de six mois. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, car Stéphanie passe beaucoup de temps à mijoter des idées et à tester des produits. « Notre département de recherche et développement travaille fort : on regarde ce qui se fait et ce qu’on pourrait faire », mentionne Stéphanie.

« Je pense qu’en ce moment, notre offre de produits est vraiment bonne et on a tout le temps ce que le client veut », ajoute-t-elle. On pourra d’ailleurs s’attendre à voir apparaitre quelques variantes de leurs épices sur le marché.

Pour l’Érablière Mathieu Montplaisir, faire découvrir son produit se fait parallèlement à une mission d’éducation. Non, les sirops d’érable n’ont pas tous le même goût. « On a majoritairement des érables rouges, alors que d’autres dans le rang ont des érables à sucre. Il faut trouver notre érablière, notre goût de sirop », explique le propriétaire.

« Du sirop vendu en épicerie, c’est du bon sirop, mais ça se peut que ce soit cent producteurs qui sont mélangés ensemble avec un résultat uniforme, plaide Mathieu Montplaisir. Tous les goûts sont corrects dans le sirop d’érable, il faut juste que tu trouves le tien. »

« Il faut oublier cette pensée qui persiste que du sirop clair, c’est du sirop de qualité, et que du sirop foncé, c’est du sirop bas de gamme. Ça n’a rien à voir », ajoute Stéphanie.

Des affaires qui vont bien

Depuis la création de l’Érablière Mathieu Montplaisir, l’entreprise a triplé sa production. Pour arriver à répondre à la demande, le couple a décidé de louer une érablière de 1500 entailles à Daveluyville. Il s’agissait en fait d’un boisé, sans aucun équipement, que Mathieu Montplaisir a équipé en neuf.

« Je prends l’eau d’érable de ce site et je l’amène à la cabane à sucre chez nous. Ça a permis de diminuer nos coûts d’exploitation, parce qu’on utilise la même quantité de bois pour fabriquer deux fois plus de sirop. En 2022, on va avoir autour de 3200 entailles, incluant Daveluyville, et on a fait des demandes de quota pour 2023 où on devrait avoir 6000 entailles », mentionne Mathieu.

« J’essaie de vendre mes produits en démontrant que je ne fais pas comme les autres. Mon arrière-grand-père ne faisait pas du sirop, alors je ne suis pas assis sur un pan d’histoire. Ça me permet alors de me remettre en question sur comment et pourquoi on le fait », explique Mathieu Montplaisir.

Une histoire de famille

Mathieu Montplaisir et Stéphanie Béliveau sont ensemble dans l’aventure de l’acériculture depuis le tout début. Après l’achat de l’érablière, ils se sont construit une maison juste en face pour ensuite avoir deux enfants qui allaient grandir au beau milieu de cette passion.

« William, notre plus vieux, aime bien venir dans le bois avec moi pour me donner un coup de main. Lawrence, c’est notre goûteuse de produit d’érable qu’elle transforme avec sa maman. Ils ont chacun leurs petites tâches », raconte Mathieu.

Les soirs où Mathieu va bouillir l’eau d’érable, les enfants ont par exemple la tâche de remplir le poêle à bois. « Ils passent une petite partie de la soirée avec moi. Ils font même parfois du camping à la cabane à sucre », poursuit l’acériculteur.

« C’est sûr que quand je dis qu’il y a du bois à corder, ils ont souvent autre chose à faire, lance Mathieu en riant. Quand c’est le temps de boire du réduit, ils comprennent par contre qu’il a fallu corder du bois pour arriver à boire du réduit. Je pense que ça crée des liens dans leur tête, que tout n’est pas gratuit, qu’il faut travailler pour avoir une plus-value », conclut-il.