CDEVR: une année bien remplie et de grands défis

«Nous sommes fatigués, mais ça veut dire qu’on a travaillé fort durant l’année», lance, dès le départ, le directeur général de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR (CLD)), Vincent Guay, rencontré avec une partie de son équipe pour commenter la dernière année au plan économique et échanger sur ce qu’on entrevoit pour 2019.

Pour la CDEVR, la région a connu une bonne année 2018. «Nos indicateurs sont positifs, de façon générale, pour l’ensemble des secteurs. Il faut savoir que, peu importe le secteur dans lequel on se trouve (industriel, agricole, commerces et services), on sème des graines et on voit ce qui peut pousser l’année suivante. Il y a beaucoup de choses prometteuses qu’on a mises en œuvre», indique Vincent Guay.

Les intervenants du milieu économique, note-t-il, ont apprivoisé de nouvelles façons de faire et une nouvelle couleur apparaîtra l’an prochain. «Nous devons être un agent de changement. Des éléments méritent qu’on intervienne et qu’on s’y attarde collectivement et pour lesquels nous mobiliserons des groupes de travail qui reflèteront cette volonté de se démarquer et de se définir autrement», fait valoir le DG de la CDEVR.

La nouvelle année se pointe avec de multiples défis à relever pour les industriels, les commerçants, les intervenants du milieu touristique.

«Il y a, bien sûr, le défi lié à la main-d’œuvre, mais aussi celui des technologies, dont le commerce en ligne. Nous devons encourager les gens des commerces et services, les aider à se démarquer et à se positionner sur ce marché», précise M. Guay

Au cours de l’année, parmi les actions posées liées au problème de main-d’oeuvre, Vincent Guay et le coordonnateur industries et innovation, Bernard Lefrançois, ont participé, au printemps, à la journée du Québec à Paris. «J’y suis retourné aussi avec Camélia Dion (agente en attraction et rétention des talents), une nouvelle ressource engagée pour s’occuper spécifiquement de recherche, d’accueil et de rétention des talents», signale le directeur général.

La problématique de la main-d’œuvre requiert du milieu qu’il se prenne en main. «Nous allons aider, favoriser cette prise de conscience, mais les entreprises ont à se prendre en charge. Notre milieu global a à faire preuve d’ouverture d’esprit, d’accueil et de compréhension vis-à-vis ces gens qui viennent chez nous remplir de nouvelles fonctions, relever de nouveaux défis, fait valoir Vincent Guay. On ne peut pas dire : intègre-toi. Nous devons être accueillants et faire en sorte qu’on soit une communauté tournée vers cet accueil et ces défis qu’on a tous à relever.»

Chaque personne relevant un défi, ici, souligne M. Guay, représente de l’activité économique et plusieurs centaines de milliers de dollars sur une période prolongée. «Le manque de main-d’œuvre retarde ou empêche le développement économique», fait-il remarquer. «Le recrutement de personnel constitue tout un défi, renchérit Bernard Lefrançois. L’économie a été assez effervescente cette année, les contrats étaient là, mais encore faut-il être en mesure de les honorer.»

Ce problème complexe de main-d’œuvre nécessite, selon lui, un travail avec l’ensemble des partenaires. «Le milieu communautaire fait partie de l’accueil et de l’intégration. Nous avons développé cet esprit de collaboration et de travail avec tous les intervenants du milieu. Non seulement faut-il développer des moyens pour aller chercher les gens, mais ensuite ça prend tout un canal d’accompagnement pour s’assurer d’une réussite, de retenir les gens pour qu’ils s’épanouissent et qu’ils prospèrent», dit-il.

La CDEVR a aussi mis de l’avant, pour les entreprises, des ateliers de formation pour la gestion de la diversité culturelle afin de les outiller pour trouver de nouvelles façons de faire. La Corporation a travaillé, par ailleurs, sur un projet-pilote, aux côtés notamment de la Ville de Victoriaville et du ministère de l’Immigration, visant notamment à identifier des pistes pour que le milieu puisse mieux accueillir et intégrer les arrivants.

L’année 2018 a vu également l’intégration du nouveau Fonds local de solidarité (FLS). «Un outil pertinent qui vient diversifier notre offre au niveau du financement. Ce fonds permet d’apporter un peu d’oxygène aux entreprises», explique François Lefrançois, ajoutant que ce fonds, sitôt lancé, a été sollicité, preuve de l’existence d’une réelle demande.

Le monde agricole

La CDEVR continue le déploiement (l’an deux) de son PDZA, plan de développement de la zone agricole. «Ça va bien, plusieurs chantiers ont été mis en place. On a un bel outil avec la naissance de La Nouvelle Agricole qui permet de communiquer les nouvelles, de faire voir la réalité du monde agricole. On cherche toujours à accrocher le citoyen à cette réalité, à rapprocher aussi les produits, à favoriser l’achat local», fait valoir le commissaire en développement agricole, Dominic Poulin.

Ce dernier se réjouit de l’initiative des rendez-vous gourmands, du déploiement de l’Arterre. «Il faut en parler et que les gens se l’approprient, un service tout à fait cohérent avec les réalités agricoles», note-t-il. Le monde agricole vit aussi la réalité du manque de main-d’œuvre qui peut faire partie des causes de la détresse psychologique vécue par certains. «Nous avons la coop de remplacement. Il nous faut faire connaître encore le service, l’adapter aux différentes productions», souligne Dominic Poulin désireux de développer une agriculture portée vers l’avenir. «Une agriculture qui nous ressemble. On parle d’agroenvironnement, de protection des plans d’eau. Des agriculteurs font des bons coups. Il faut les faire connaître», ajoute-t-il.

Les fermes du territoire vont bien dans l’ensemble. «Malgré le stress créé par le nouvel accord avec les États-Unis et le Mexique, il faut continuer d’y croire, d’investir, de croître», plaide Dominic Poulin, d’autant que différents projets s’en viennent, comme l’incubateur biologique. «On a plusieurs projets collaboratifs à venir, ça bouge, c’est stimulant! La couleur de la MRC d’Arthabaska est particulière. Il faut la faire connaître», confie-t-il.

Les secteurs commercial et touristique

Du côté des commerces et services, la CDEVR a mis en place des mesures d’aide, déjeuner-conférence, formation, pour outiller les entreprises face à la réalité du commerce en ligne. «Comme développeur économique, nous devons appuyer nos entreprises  qui voient leur mode d’opération changer avec cette réalité nécessaire. Effectivement, c’est innover ou disparaître. Les consommateurs, certes, magasinent en ligne, mais ils souhaitent souvent conserver l’expérience client. Les commerçants locaux doivent tabler là-dessus pour transformer leur offre», expose Étienne Drainville, coordonnateur par intérim aux commerces et services.

La Corporation achève un rapport d’étude sur l’armature commerciale dont les données, de prime abord, sont très intéressantes. «Elles nous mèneront à un plan de développement et ultimement à un plan de prospection pour essayer de voir ce qu’il nous manque comme offres», précise M. Drainville. Le travail a permis aussi de relever 10 zones commerciales, lesquelles présentent toutes leurs forces et faiblesses. «Elles méritent d’être mieux cernées d’un point de vie qualitatif», explique-t-il, tout en saluant le bon coup que constitue le Quartier Notre-Dame, des honneurs récoltés, du grand succès de On sort en ville, signe d’une appropriation du QND comme milieu de vie.

«Les défis 2019? Mousser l’achat local et la valorisation du potentiel numérique de nos entreprises. Et c’est aussi de nous faire connaître comme un outil puisque nous offrons de l’accompagnement aux entreprises commerciales. Nos personnes compétentes peuvent aider à monter des projets», indique Étienne Drainville. Quant au tourisme, il se porte bien, assure Steeve Gagné, coordonnateur au tourisme par intérim et délégué commercial et marketing.

Deux produits d’appel attirent l’attention, le vélo et le volet oiseau (les oies) qui suscite une grande demande, non seulement locale, mais provinciale. «Notre gros défi, pour ces deux produits, consiste à trouver le bon indicateur de performance. On est probablement plus performant qu’on pense, mais on ne peut le mesurer. Nous cherchons la façon d’obtenir des informations précises, de connaître le profil de la clientèle», mentionne M. Gagné, heureux de l’excellente performance des théâtres d’été cette année, de l’achalandage important en saison estivale au Carré 150 et d’une autre année «extrêmement performante» au Parc Marie-Victorin, malgré un printemps difficile côté météo et de la canicule à l’été.

Fierté

En fin de rencontre, Vincent Guay a tenu à saluer son équipe dont il est bien fier. «On a des gens engagés et compétents que je salue», dit-il. Il se réjouit aussi de l’ouverture des membres du conseil d’administration, de leur appui dans les projets. «On peut compter sur des gens qui veulent vraiment, centrés sur le développement pour faire en sorte qu’on puisse assurer la croissance économique de notre MRC», souligne-t-il.

Vincent Guay voit l’année 2019 comme la vie. «Elles seront riches en défis et en occasions de se réaliser!» Et il affiche de l’optimisme. «On a placé les ingrédients, on a semé comme il fallait. On a bien campé nos affaires pour pouvoir réussir comme agent de changement. On va agir, assure-t-il. Je suis convaincu que nous connaîtrons une bonne année, malgré les nombreux défis.»
Bernard Lefrançois, pour sa part, a voulu remercier aussi les entrepreneurs et saluer leur ouverture d’esprit. «Ils ont à cœur le développement et la région et c’est ici qu’ils veulent se développer. Il nous faut les remercier d’avoir cette vision», conclut-il, tout en faisant valoir la richesse de la région et la qualité de vie. «Voilà un élément sur lequel nous miserons en 2019. Ce sera notre carte de visite, la qualité de vie, la qualité d’emplois.»