Aller là où les gens se trouvent

VICTORIAVILLE. Aller là où se trouvent les gens sans emploi depuis longtemps, démunis, exclus et leur tendre l’oreille et la main pour établir une passerelle vers le marché du travail. C’est à cela que travaillent, et fort, les gens d’Accès Travail avec ce programme intitulé «L’art de passer le relais vers l’emploi».

Dès lundi, une vingtaine de personnes formeront deux groupes, l’un à Warwick, l’autre à Victoriaville, et entreprendront une démarche de huit mois.

Avec les intervenantes Marie Goulet, Jo-Any Blake-Grenier, Sheron Vézina et Marie-Eve Hamel, les participants conviendront de réaliser, ensemble deux projets collectifs – un pour chacun des groupes.

D’Accès Travail, Marie Goulet explique que ces deux projets collectifs seront conçus par les participants et ils devront être réalisés dans et pour la communauté.

Elle dit qu’en se mobilisant d’abord pour un projet collectif, les participants commenceront déjà à sortir de leur isolement, à se découvrir des talents et des habiletés. Et puis, ajoute-t-elle, par ce projet collectif, les participants s’attireront l’estime sociale. «Le regard des autres nourrit l’estime de soi.»

Les groupes se composent d’hommes et de femmes de plus de 25 ans. En moyenne, les hommes sont un peu plus âgés, alors que les femmes sont plus jeunes et souvent monoparentales, ce qui aurait contribué à les éloigner du marché du travail.

Un tremplin

Le projet collectif ne constitue qu’une première étape du programme.

Après s’être investis dans une œuvre collective, c’est à développer leurs compétences personnelles que les participants s’attacheront plus particulièrement. Au terme des huit mois, ils pourront ensuite se diriger vers d’autres ressources.

Et c’est ce qui singularise ce projet de relais vers l’emploi. Il mobilise depuis deux ans des représentants d’institutions et d’organismes oeuvrant auprès des clientèles vulnérables et en employabilité. Les représentants se réunissent aux six semaines et mettent leurs expertises en commun pour le «démarchage et le recrutement» des clientèles vulnérables.

Autour de la table, on reconnaît des gens du Centre local d’emploi de Victoriaville, du Centre de santé et de services sociaux, de la Commission scolaire des Bois-Francs, de Services intégrés pour l’emploi, de PRISE, de la Coopérative La Clé puisqu’on parle d’empowerment – un concept dont Bill Ninacs est devenu un spécialiste – de la Sécurité alimentaire, même de la Corporation de développement durable.

«Parce que la lutte à la pauvreté et la réduction des inégalités font partie du développement et de la société durable», disent Bill Ninacs et Josée L’Heureux, directrice générale d’Accès Travail.

Cette «alliance» pour lutter contre la pauvreté va beaucoup plus loin que la création des deux groupes de participants.

Les rencontres se sont multipliées au cours des derniers mois pour rejoindre la clientèle vulnérable (on vise 120 personnes) là où elle se trouve. On veut, à elles aussi, tendre un relais pour sortir de leur isolement, se remettre en action, recourir aux ressources qui leur seraient utiles.

Bien sûr qu’une Isabelle Voyer peut identifier des gens en situation de pauvreté à la Sécurité alimentaire, comme Marie Goulet peut le faire aussi en se rendant dîner au restaurant populaire. Mais on s’aventure aussi dans les milieux, parce qu’on sait que bien des gens démunis ne recourent pas aux services des organismes. On va à la rencontre des maires des municipalités de la MRC d’Arthabaska parce qu’ils connaissent leur monde. Et ils se montreraient et ouverts et sensibles à favoriser la prise de contact.

Josée L’Heureux dit qu’en travaillant en «co-construction» avec des partenaires, «on bonifie nos interventions». Isabelle Voyer estime qu’on vient d’opérer tout un changement d’approche. «Peut-être qu’on ne pourra pas «sauver» 50 personnes! Mais si on parvenait à en sortir quelques-unes du marasme dans lequel elles sont empêtrées, ce serait bien!».