Les dépanneurs interpellent candidats et chefs politiques

ÉCONOMIE. L’Association des marchands dépanneurs et épiceries du Québec (AMDEQ) somme les candidats aux élections fédérales de s’engager dans le dossier des taux d’utilisation des cartes de crédit. Le Canada enregistre les taux les plus élevés au monde, déplore l’AMDEQ.

«On sollicite des appuis pour aider nos membres. Nous souhaitons que les candidats s’engagent, une fois élus, à prendre acte de nos demandes. On veut l’engagement des candidats de tous les partis, surtout du Parti conservateur, le parti au pouvoir», a indiqué le directeur général de l’AMDEQ, Yves Servais, lors de son passage à Victoriaville, mercredi après-midi.

Victoriaville, a-t-il observé, se trouve dans le paysage des conservateurs avec, non loin, le député Jacques Gourdes de Lévis-Lotbinière et deux candidats vedettes, Alain Rayes dans Richmond-Arthabaska et Luc Berthold dans Mégantic-L’Érable.

«Ces candidats déclarent être à l’écoute des préoccupations des PME. Or, les dépanneurs constituent des PME», a fait valoir le directeur général de l’AMDEQ.

Yves Servais a pris la peine de s’arrêter au Lave-auto dépanneur de la route de la Grande-Ligne à Victoriaville, propriété de Paul Ouellette, en affaires depuis plus de 40 ans.

«On utilise beaucoup aujourd’hui les cartes de crédit. Et les frais d’acceptation représentent pour nous, annuellement, des coûts de 40 000 $», a précisé M. Ouellette.

Un établissement comme le sien tire ses revenus à coup de quelques sous de profit sur les différents produits vendus et sur l’essence. «Il faut en vendre beaucoup pour réaliser des profits. Il en vire de l’argent, ici, mais avec tous les frais, tous les règlements, à la fin, il ne reste plus grand-chose», a expliqué le propriétaire ajoutant que tous les efforts déployés équivalent pratiquement à un travail bénévole.

«Les commerçants sont écrasés sous le poids des frais élevés. Mais avec un taux raisonnable, l’argent épargné pourrait, par exemple, servir à la création d’emplois et à la rénovation du commerce», a renchéri Yves Servais.

Le directeur général de l’AMDEQ souhaite que le Canada emboîte le pas à d’autres pays comme l’Australie et l’Angleterre où, justement, les deux gouvernements conservateurs ont autorisé des taux de 0,5 et de 0,3% comparativement, ici, à des taux de trois à cinq fois plus élevés, des taux oscillant entre 1,5 et 4%.

L’AMDEQ fait partie d’une coalition pancanadienne regroupant 24 associations qui représentent ainsi 97 000 commerces. «Cela fait cinq ans qu’on travaille ce dossier, a rappelé M. Servais. Il est le temps qu’on le règle et qu’on mette aux pas les grosses multinationales que sont Visa et Mastercard, ainsi que les grandes banques. Il faut donner plus d’air aux petits commerçants pour qu’ils puissent bien vivre de leurs commerces.»

Au cours de son combat, a reconnu le DG, l’AMDEQ a parfois remporté de petites victoires, comme l’entente volontaire annoncée en mars par le gouvernement conservateur et qui a mené à une maigre baisse.

L’AMDEQ considère malgré tout que le gouvernement n’a pas répondu aux attentes des dépanneurs.

Dans le passé, ce dossier a trouvé certains appuis. «Le NPD a présenté une motion pour réglementer les taux. Mais cette motion a été défaite. Une sénatrice libérale a aussi proposé un projet de loi privé au Sénat. Son projet a été battu», a rappelé Yves Servais dont l’association regroupe un millier de propriétaires de dépanneurs.

«Pourquoi au Canada retrouve-t-on les taux les plus élevés au monde?, s’interroge le DG de l’AMEDQ. Pourquoi ne prend-on pas exemple sur d’autres pays? C’est au gouvernement de prendre la décision de diminuer les taux.»

Les militants pour un changement n’ont pas manqué non plus de s’adresser aux chefs des formations politiques. «Mais ça ne répond pas fort jusqu’ici», a fait savoir l’ex-député Odina Desrochers, aujourd’hui consultant affaires publiques et affaires gouvernementales pour l’AMDEQ.