«Fidèle et loyal aux Tigres»

VICTORIAVILLE. Dans le milieu du hockey, survivre au temps s’avère le plus grand défi. Le recruteur-chef des Tigres, Pierre Cholette, en sait quelque chose.

Avec l’équipe depuis 2005, il est le membre de l’organisation comptant le plus d’ancienneté, tout juste devant le nouveau directeur général Daniel Fréchette. «Et tout juste après Grifftou!», blague-t-il.

C’est Jérôme Mésonéro qui lui a offert le poste à son arrivée avec les Tigres. À l’époque, les recruteurs de l’équipe avaient démissionné en bloc dans un geste de solidarité sans précédent à l’endroit de John Greene. Mésonéro avait alors appelé Cholette afin de lui prêter urgemment main-forte. Dix ans plus tard, le recruteur de 48 ans est toujours l’homme de confiance des félins en ce qui a trait au repêchage.

Plusieurs s’attendaient à son départ l’été dernier lorsque Mésonéro a annoncé qu’il quittait les Tigres. Le destin des deux hommes, complices depuis toujours, semblait lié. Or, Yanick Jean a décidé de conserver les services de Cholette lorsqu’il a été nommé à la tête de l’organisation. Puis, il y a deux semaines, l’avenir de Cholette avec les Tigres a de nouveau semblé incertain en raison du départ de Jean pour Chicoutimi. Une fois de plus, le recruteur-chef a reçu le vote de confiance de l’organisation par l’entremise du nouveau directeur général Daniel Fréchette. Les deux hommes, qui se connaissent depuis dix ans environ, travailleront ensemble dans le but de préparer le prochain repêchage, un moment charnière dans la reconstruction d’une équipe de la LHJMQ.

«J’étais à la merci de celui qui serait nommé au poste de directeur général. Si M. Izzi s’était tourné vers l’externe pour combler le poste, il aurait pu en être autrement. Beaucoup de gens croyaient que je quitterais en même temps que Jérôme. Ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Je suis fidèle et loyal aux Tigres. C’est une bonne organisation. Nous sommes bien traités et grâce à Éric Bernier, nous ne parlons plus de petit marché, d’organisation née pour un petit pain ou qu’équipe pour laquelle les joueurs ne veulent pas jouer. Je suis très fier de cela. Au cours des neuf dernières saisons, nous nous sommes toujours maintenus en sixième ou septième position en saison régulière. Oui, nous n’avons pas connu le succès espéré en séries. C’est une grande déception puisqu’on travaille tous pour cela. On n’a cependant jamais visité les bas-fonds du classement. L’équipe a toujours été compétitive», a-t-il partagé.

Pierre Cholette, outre le succès mitigé des Tigres en séries, ne compte pas beaucoup de déceptions sur sa feuille de route avec l’équipe. Il se dit fier, d’ailleurs, de voir l’organisation victoriavilloise être une véritable pépinière d’hommes de hockey. Au fil des ans, les recruteurs Jacques Carrière (Foreurs de Val-d’Or), Gilles Tremblay (Islanders de Charlottetown) et Kevin Cloutier (Océanic de Rimouski) ont tous obtenu des promotions un peu partout à travers le circuit après avoir œuvré chez les Tigres.

Plus récemment, ce fut au tour de Daniel Demers, qui a été nommé recruteur-chef des Saguenéens de Chicoutimi, nouvelle formation de Yanick Jean. «Cela témoigne l’efficacité de l’organisation. Nous avons la réputation de faire confiance aux hommes de hockey. Tous les recruteurs ont d’importantes responsabilités et sont considérés. Oui, je perds mon bras droit en Daniel (Demers), mais nous n’empêcherons jamais l’un de nos recruteurs de graduer. Je suis très content pour lui», a-t-il poursuivi.

Demers, ancien dépisteur des Sea Dogs de Saint John, entre autres, a bien failli quitter les Tigres l’été dernier. Une formation souhaitait lui confier le poste de recruteur-chef. Ils ne se sont finalement pas entendus sur les termes d’un contrat. Demers a également été sollicité pour semblable fonction l’an dernier. Il a cependant choisi de demeurer avec les félins.

Les Tigres ne savent pas, pour le moment, s’ils embaucheront un nouveau recruteur pour combler son départ. Il faut dire qu’à ce moment-ci de la saison, peu de dépisteurs sont à la recherche d’un emploi. Pierre Cholette n’est néanmoins pas inquiet. Il estime que l’équipe en place peut faire le travail. Outre lui et Daniel Fréchette, les Tigres misent sur les recruteurs Éric Martin, Simon Larouche et Guy Laliberté au Québec. Brett Turner couvre le territoire des Maritimes. Vince Malts, posté à Philadelphie, donne également un coup de main.

Sous Jérôme Mésonéro, Pierre Cholette occupait le poste de coordonnateur du recrutement. Il vient maintenant d’être nommé recruteur-chef. La différence est mince. À titre de recruteur-chef, il gère maintenant les budgets reliés au recrutement. Il a également la responsabilité de la sélection européenne de la Ligue canadienne de hockey. D’ailleurs, il est possible que Cholette se rende en Suisse en avril afin d’assister au championnat mondial des moins de 18 ans. Anciennement, c’est Mésonéro qui occupait la double fonction de directeur général et de recruteur-chef. Le contrat de Pierre Cholette viendra à échéance en juin prochain. Il ne serait pas surprenant que l’entente soit reconduite. À cet égard, le recruteur-chef ne s’inquiète pas, le nouveau directeur général Daniel Fréchette ayant présentement des dossiers beaucoup plus prioritaires sur le coin de son bureau. Il faut dire également que les recruteurs du circuit Courteau n’occupent pas de telle fonction pour l’argent. Bien que les conditions se soient grandement améliorées au cours des années, on ne peut pas vivre de cet emploi. Tous ont une carrière en dehors du milieu du hockey. Lorsque Jérôme Mésonéro a paraphé son dernier contrat avec les Tigres il y a quelques années, Pierre Cholette s’était amusé à lui faire ses prédictions. Elles se sont avérées justes. «Je lui avais prédit qu’il ne terminerait pas son contrat, peu importe la raison, et que Yanick ne serait possiblement plus avec l’équipe. Je lui avais aussi dit que Daniel Fréchette serait le prochain directeur général», a-t-il confié. Au final, Mésonéro n’a pas terminé son contrat, ayant joint les rangs de l’Avalanche du Colorado. Yanick Jean a quitté les Tigres au profit des Saguenéens et Daniel Fréchette a été nommé directeur général de l’équipe. La récente promotion de l’entraîneur des gardiens de but des Tigres n’a donc pas surpris Cholette. Pierre Cholette s’est dit heureux de travailler aux côtés de Daniel Fréchette. «Il est calme, il possède un bon esprit d’analyse, il a tout fait dans le hockey, il est apprécié de tous, il a de l’entregent et le fait qu’il soit un entraîneur des gardiens apporte une perspective différente. Sa nomination est une bonne décision», a-t-il souligné. À savoir si le recruteur-chef aimerait occuper cette fonction un jour, il n’a pas caché son intérêt. «Mais pas maintenant. Recevoir 200 appels par jour, il faut le voir pour comprendre ce qu’est d’occuper cette fonction. C’est un travail exigeant. De plus, je ne crois pas que l’on peut être directeur général à distance. Dans mon cas, ça impliquerait un déménagement. Peut-être dans quelques années, qui sait?», a-t-il conclu.