Zumba et sushi pour des profs: Drainville souhaite resserrer les formations
QUÉBEC — Le gouvernement Legault veut resserrer le contenu des formations données aux enseignants.
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, s’est exprimé ainsi mardi à la suite de révélations sur des formations données aux maîtres au Saguenay.
Ainsi, le Centre de services scolaire De La Jonquière a rendu obligatoires le 20 octobre la participation à des activités comme des cours de sushi, de zumba, de plomberie résidentielle, de charcuterie, atelier de course à pied, etc.
Mais le syndicat a contesté cette décision afin que l’inscription soit facultative et non obligatoire, et il a obtenu gain de cause devant un tribunal d’arbitrage avec une ordonnance de sauvegarde, selon ce qu’il a été révélé dans les journaux de Québecor, mardi.
«Il a fallu qu’ils aillent au tribunal pour ça: il me semble qu’en matière d’usage efficient des tribunaux, personnellement j’ai vu mieux», a fait remarquer la députée libérale Marwah Rizqy en s’adressant au ministre.
«Il y a une dérive ici, a-t-elle poursuivi. Est-ce que vous partagez la même incrédulité? Quand vous avez vu cette décision dans le journal, avez-vous continué à prendre votre café, ou alors vous avez fait: ‘ih!’»
La commission parlementaire étudie justement le projet de loi 23 piloté par M. Drainville, qui mettrait en place un nouvel Institut national d’excellence en éducation (INEE), chargé notamment d’offrir des formations continues aux enseignants.
Mme Rizqy a soulevé des «inquiétudes» sur «l’autonomie professionnelle» des maîtres qui devraient pouvoir, selon elle, choisir les formations.
M. Drainville a évité soigneusement de commenter directement la controverse sur les activités offertes à Saguenay, mais souhaite que des formations reconnues et pertinentes à la profession soient offertes.
Sur la trentaine d’heures de formation continue qu’offrirait l’INEE à chaque prof, le ministre entendrait en prescrire lui-même trois à six heures.
Pour le reste, il souhaite un «dialogue» entre la direction et l’enseignant pour convenir de la façon appropriée pour «améliorer tel ou tel aspect de son travail», selon ses mots.
«Ce que nous souhaitons, c’est que ces formations-là soient choisies à l’intérieur d’une sélection de formations qui sont reconnues», a-t-il résumé.
Dans un courriel à La Presse Canadienne, l’attachée de presse de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) s’est plutôt inquiétée des intentions du ministre.
Sylvie Lemieux a précisé que «les activités imposées au personnel enseignant du Saguenay ne s’inscrivent pas dans la formation continue».
Elle voit plutôt un risque dans le projet de loi 23 si le ministre choisit les activités de formation à la place des enseignants.
Les activités qui ont été dénoncées «mettent cependant en lumière ce qu’il adviendrait s’il fallait que le ministre de l’Éducation (…) permette de choisir à la place du personnel enseignant ses activités de formation. Loin de prévenir des situations semblables à celle vécue au Saguenay, le ministre ouvre la porte à ce qu’elles s’étendent également à la formation continue», a-t-elle écrit.