La Grande Place reprend vie et multiplie les projets

La COVID-19 a changé bien des choses dans tous les domaines. Le commerce de détail ne fait pas exception et la Grande Place des Bois-Francs de Victoriaville a aussi subi les épreuves, mais a rouvert ses portes et a encore plusieurs projets à réaliser.

Le directeur général du centre commercial, Martin Sévégny, a expliqué, en entrevue, que les deux mois et demi de fermeture avaient été difficiles, mais que depuis la réouverture, le 1er juin, la clientèle est de retour, bien que moins nombreuse qu’auparavant. «C’est meilleur que ce que j’aurais cru. J’en suis même surpris, même si ce n’est pas le Pérou», a-t-il expliqué.

Il n’est pas demeuré inactif pendant la fermeture obligée par décret, au contraire. «Je n’ai jamais travaillé autant», souligne-t-il. Il a en effet profité de la fermeture pour commander tout le matériel nécessaire à sécuriser les lieux, et ce, dès les premiers jours. Celui lui a permis de s’approvisionner alors qu’il y avait toujours les matériaux en inventaire et à des prix réguliers. Cela n’empêche pas qu’il lui a fallu investir au moins 20 000 $ pour cet équipement (il était tellement prêt qu’au moment de rouvrir, Cogir lui a demandé de commander les matériaux pour ses autres centres commerciaux du groupe). Tout cela même si la région a été un peu spectatrice de cette pandémie jusqu’à maintenant, ayant été épargnée avec une trentaine de cas enregistrés dans la MRC d’Arthabaska, fait-il remarquer.

Les consignes

À la réouverture, pour respecter les consignes, la foire alimentaire ne faisait que des plats pour emporter. Toutes les tables avaient été retirées pour empêcher le flânage. Même chose pour les bancs, fauteuils et machines distributrices dans le mail. Depuis le 15 juin, les gens peuvent de nouveau manger sur place, mais seulement la moitié des tables sont revenues et un collant sur chacune encourage à ne pas y rester plus de 30 minutes, question de laisser la place aux autres.

Toute une signalisation est en place dans le mail afin d’éviter les rencontres et assurer le respect du 2 mètres de distanciation physique. D’ailleurs M. Sévégny ne manque jamais de rappeler les délinquants à l’ordre, amicalement, lorsqu’il se promène. Des stations de lavage de mains sont en place et, avec l’imposition du masque dans les lieux publics fermés, un agent de sécurité a comme mission de faire respecter cette nouvelle consigne.

Il y a également eu le défi de la mise en place des programmes gouvernementaux visant à aider les commerçants. «Il a fallu prendre entente avec tous les locataires. À la mi-mars, à la fermeture, ça allait bien puisque la majorité des loyers étaient payés. Mais ensuite, les commerçants n’avaient plus de revenus», fait-il remarquer.

Plusieurs étapes à traverser, mais M. Sévégny estime que la voie entreprise à son arrivée, de faire de la Grande Place un centre de vie urbain, aura aidé à passer à travers.

En effet, depuis qu’il est en poste (en 2016 après avoir dirigé le Quartier Dix30), il avait déjà commencé à modifier l’offre de service afin de relancer le centre commercial. «Le marché avait amorcé une transformation débutée vers 2005 avec l’arrivée de la vente en ligne et les sites transactionnels», a-t-il expliqué. À cette époque, Amazon a aussi pris sa place avec des parts de marché qui, aujourd’hui selon l’estimation de M. Sévégny, atteignent 18 à 20%. La vente en ligne, on le sait, a été très populaire pendant le confinement. «Un phénomène qui devrait plafonner entre 15 et 20% du marché», soutient le directeur général, notamment à cause des inconvénients reliés à cette façon de consommer. Les centres commerciaux sont donc là pour rester, mais devront s’ajuster aux tendances du marché et aux événements.

Les projets

Avant la COVID-19, des projets de location était à l’étude à la Grande Place et certains sont toujours prévus. Le directeur général parle d’ailleurs, pour 2021, de l’arrivée de Service Canada et d’une clinique de physiothérapie. Aussi, des négociations sont en cours pour un nouveau locataire dans l’emplacement qui sera bientôt laissé vacant par Addition-Elle, la chaîne s’étant placée à l’abri de ses créanciers. «Il y a également une boutique du centre-ville qui est intéressée par un local de 2500 pieds et un gros projet (qui date d’avant la COVID-19) pour un espace de 25 000 pieds carrés», annonce-t-il.

Et pour ceux qui sont curieux, depuis la pandémie, il n’y a eu que la fermeture de Spring parmi les commerçants. «David’s Tea n’a pas rouvert encore, mais nous sommes en négociations», annonce-t-il, souhaitant que le commerce de la Grande Place sera de ceux qui continueront de fonctionner malgré les problèmes financiers de la chaîne. Quant à Korvette, qui est fermé depuis peu, il s’agissait d’une fin de bail non renouvelé, tout comme les kiosques de Bell et Virgin.

Les autres sont de retour, au service de la clientèle, malgré que certains commerces aient de la difficulté à respecter les heures d’ouverture, faute de personnel. Une situation qui pourrait se stabiliser dès la fin de la PCU (Prestation canadienne d’urgence). «Quant aux travaux de la Fromagerie Victoria, ils sont presque terminés et il y aura agrandissement à la clinique d’injection», souligne-t-il.

Côté restaurant, le McDonald’s de la foire alimentaire demeure en place (même s’il n’a pas encore rouvert faute de personnel) jusqu’au 31 octobre, moment où il ne renouvellera pas son bail. «J’ai tout fait pour le garder, mais le bureau chef de la chaîne ne veut pas. J’avais même offert de subventionner une aire de jeux pour les enfants», confie-t-il.

Mais voyant le bon côté des choses, M. Sévégny profitera de ce départ pour retravailler ce secteur. «Parce qu’il est important de conserver un endroit pour la socialisation, après la pandémie», insiste-t-il.

Le directeur général pense en fonction du futur et il estime, avec la mise en place de l’aile complexe santé + depuis quelques années par exemple, que le centre commercial est bien positionné. «Nous sommes à 80% sur vers quoi le marché s’enligne», souligne-t-il. Il espère que les gens continueront de venir magasiner à la Grande Place et ainsi encourager le local, un peu à l’image du Panier bleu. «Il faut acheter chez soi, surtout quand on y vend le même produit qu’ailleurs et qu’on a un meilleur service», recommande-t-il.

Et même si l’heure de la retraite a sonné pour Martin Sévégny, il souhaite demeurer encore en place pour finaliser la transformation qu’il a entreprise de la Grande Place. Actuellement, il a, avec le propriétaire des lieux, une entente d’une année, le menant jusqu’en juillet 2021, qui pourrait bien être renouvelée un an ou deux de plus.