La « mini-vanlife » pour voir du pays et s’inspirer

L’artiste-peintre Lorraine Ricard prend la route cet été afin de voir du pays, de la province plus précisément, et découvrir des paysages qu’elle pourra par la suite transmettre sur ses toiles.

Pour ce faire, elle s’est acheté une mini-van qu’elle a transformée afin de pouvoir y camper confortablement, partout où elle va. Elle a même donné un nom à son véhicule qui lui permet la « mini-vanlife ». Il s’appelle Van Gogh, du nom du célèbre artiste, mais qui représente aussi très bien ce qu’il permet de faire : van go…

Rencontrée à la halte de la route 116 à Victoriaville, la Victoriavilloise avait installé tout son équipement afin de montrer à quel point elle était bien organisée. Lorraine avait préparé deux chaises, une table et avait même installé l’auvent de son véhicule, en ayant au préalable demandé la permission à la Sûreté du Québec puisqu’il est défendu d’ouvrir son auvent, habituellement, dans les haltes semblables. Adepte de la tendance « vanlife », elle souhaite faire les choses comme il faut afin de donner une bonne réputation à ce style de vie qui permet de s’installer un peu partout pour la nuit puis de repartir, sans laisser de traces.

« Tout part de l’été dernier lorsque je suis allée en Gaspésie avec une tente. J’étais accueillie par des amis, mais ne voulais pas m’imposer. Ç’a été difficile pour moi », se souvient-elle. L’humidité du sol, monter et démonter constamment la tente ne lui a pas plu et elle a voulu trouver un autre moyen d’être nomade pendant l’été.

Une visite sur le site « Québec Vanning » l’a rapidement convaincue de se lancer dans l’aventure de la « mini-van life ». Elle a donc réfléchi pendant l’hiver à comment elle pourrait aménager le véhicule qu’elle a rapidement acheté. « Je l’ai monté en campeur », explique-t-elle simplement.

L’artiste y a installé un lit de camp confortable avec un vrai matelas et des couvertures (qui s’agencent bien avec les rideaux opaques qu’elle a cousus pour avoir de l’intimité lorsqu’elle est couchée) et plusieurs boîtes de rangement. Elle a aussi organisé des moustiquaires pour les portes latérales ainsi que pour l’arrière afin de permettra une bonne aération lorsqu’elle est arrêtée. Tout est bien sécurisé et attaché en cas d’accident. Une amie lui a également montré à travailler le bois ce qui fait que c’est Lorraine qui a réalisé ses différents aménagements.

À l’arrière, il suffit d’ouvrir le hayon pour accéder à la petite cuisine qui contient tout ce dont elle a besoin pour manger. Glacière, petit réchaud au butane, tiroirs, tablettes, eau potable, tout y est. Elle s’était d’ailleurs fait un café pour l’entrevue.

S’ajoute à cela, bien entendu, tout le matériel dont l’artiste a besoin lors de ses sorties. C’est donc un atelier et une maison mobiles. « Quand je décide de partir, je n’ai qu’à remplir la glacière », apprécie-t-elle. Une fois sur place, il lui suffit de cinq minutes pour être installée confortablement. Tout est bien placé, rangé, une discipline indispensable lorsque l’espace est restreint. « Je n’ai pas besoin de plus que ça », a-t-elle découvert.

Et pour ceux qui s’inquiètent, elle est aussi équipée pour être autonome pour les besoins naturels et a même une douche portative qu’elle peut utiliser, si nécessaire. Ajoutons à cela un vélo pour lequel elle a récemment trouvé un support et elle est prête à partir.

Ce qu’elle fera d’ailleurs dans les prochains jours. « Ça va être le trip de ma vie », confie-t-elle. Elle prévoit quatre jours de peinture, à Kamouraska, en compagnie du peintre Yves Ayotte, où elle pourra échanger avec lui et développer certaines notions, notamment en ce qui concerne la peinture à l’huile, qu’elle hésite encore un peu à utiliser. « Je vais peindre avec un gars d’expérience », apprécie-t-elle.

Ensuite, elle prendra la direction de la Gaspésie où elle retrouvera des amis à Forillon. Sur le chemin, elle s’arrêtera à certains endroits, toujours chez elle dans sa mini-van. « Je traîne mon petit chez moi. J’ai besoin d’être dans mes affaires », estime-t-elle.

Dans cette région du Québec, on peut retrouver des œuvres de Lorraine Ricard. En effet, la peintre propose dans deux boutiques, une à Gaspé et l’autre à Forillon, des galets (ramassés en Gaspésie il va sans dire) peints de paysages du coin. De beaux souvenirs, faciles à rapporter pour les visiteurs. « Ça me permet de vider ma palette après avoir fait une toile », explique-t-elle. En effet, elle prend la peinture inutilisée pour ces petites œuvres auxquelles elle ajoute de l’encre et du vernis. « De belles cartes de visite qui vont voyager, je l’espère », dit-elle.

Il s’agit pour elle d’un retour au camping, elle qui en avait fait, petite, avec sa famille. « Mon père (le peintre Yves Ricard) nous organisait ça pour qu’on passe des belles vacances, à neuf dans un véhicule », se souvient-elle. Un mode de vie qu’elle retrouve avec joie et qui lui apporte une sérénité et lui permet de faire ce dont elle a envie, sans avoir à attendre après les autres. « Je suis dans mon chemin de vie », croit-elle. Et puisque cette année les symposiums artistiques sont encore sur pause, pour la plupart, elle profite de son été afin de voyager.

Elle est donc loin la Lorraine Ricard en talons hauts et robe à crinoline qu’on voyait aux Fêtes victoriennes. Mais elle croit bien être à sa place, bien installée sur sa chaise pliante, admirant le paysage autour d’elle, s’inspirant de son environnement. Un mode de vie minimaliste, certes, mais qui lui donne une grande liberté, longuement recherchée.