Carnet de voyage d’une trekkeuse bipolaire

Geneviève Perron vient de publier, à compte d’auteur aux Éditions de l’Apothéose, un récit de voyage autobiographique qu’elle intitule « Les craques de mon plafond ».

Psychologue de métier, Geneviève partage sa vie entre Montréal et Saint-Hélène-de-Chester depuis 17 ans maintenant. Et avec la pandémie, en fait, elle est le plus souvent dans les Bois-Francs. « C’est ma région d’adoption et j’ai espoir de venir y demeurer pour de bon », souhaite-t-elle.

Geneviève Perron présente ainsi ce livre au titre audacieux, qui raconte son voyage au Népal, réalisé en 2015, tout en parlant de bipolarité, maladie qu’on lui a diagnostiquée alors qu’elle était dans la trentaine. « L’écriture a toujours fait partie de ma vie. C’est un moyen de passer à travers les moments difficiles », explique-t-elle en entretien téléphonique.

Elle a donc voulu jumeler les deux dans ce livre. « Mon retour du Népal a été difficile. J’ai eu à refaire mon voyage par l’écriture et j’avais aussi besoin de parler de la bipolarité. Pendant l’écriture, les deux se sont imbriqués un dans l’autre », explique-t-elle.

Tout de même, il ne s’agit pas d’un essai psychologique, au contraire. Le voyage qu’elle partage prend une grande place dans ce récit, surtout le trek qu’elle a fait dans l’Annapurna. « J’ai découvert le pays et veux que les lecteurs vivent ce que j’ai vécu, à travers mon écriture. »

Elle partage sa vision de ce pays aux nombreux contrastes, et ses habitants, qu’elle a visité pendant deux mois. En parallèle, elle refait le chemin de sa bipolarité de type 2 qu’elle croyait être des dépressions à répétition avant d’obtenir un diagnostic tardif. Maintenant médicamentée, elle souhaite partager son expérience afin d’aider d’autres personnes qui seraient dans la même situation qu’elle. Un processus qu’elle a trouvé difficile, mais qu’elle considère important de faire. « J’ai vécu longtemps dans le paraître, voulant faire comme tout le monde », explique-t-elle. Si bien que plusieurs personnes de son entourage apprendront, en lisant ces lignes, qu’elle souffre de bipolarité.

Si elle a voulu publier ce livre, également, c’est parce qu’elle y a mis cinq années de travail, majoritairement à Sainte-Hélène. D’ailleurs, le livre commence dans ce village et s’y termine aussi. Boudé des maisons d’édition traditionnelles (puisqu’il n’entre dans aucun créneau), elle a choisi d’y aller à compte d’auteur, accompagnée, toutefois, par une amie éditrice.

De la dépression à la bipolarité

C’est au retour de son premier voyage en Europe, à l’âge de 20 ans, que Geneviève a vécu sa première dépression profonde. « Pendant le voyage, en y repensant, j’ai découvert que c’est là que j’ai eu mon premier épisode hypomaniaque », fait-elle découvrir. Après cela, elle n’a pas été capable de repartir en voyage, malgré qu’elle aurait bien aimé le faire.

C’est après avoir appris qu’elle était bipolaire qu’elle a pu retrouver une stabilité dans sa vie, réapprendre à se faire confiance et ne pas avoir peur de craquer.

Il lui faut aujourd’hui bien du courage, surtout comme psychologue, pour avouer sa maladie. Elle qui travaille avec les jeunes de 17 à 20 ans, à qui elle passe son temps à dire de consulter et de ne pas avoir honte. « J’étais comme un cordonnier mal chaussé et ça me fatiguait un peu », confie-t-elle.

Quant au titre de son ouvrage, l’auteure explique qu’il y a plusieurs années (même avant son voyage) qu’elle l’a en tête. « À un moment, alors que j’étais en dépression, je suis restée plusieurs jours dans mon lit à regarder le plafond qui était craqué », explique-t-elle simplement. C’est là que l’idée lui était venue et elle l’avait notée.

Avec son récit, elle souhaite partager sa vision de ce pays qu’est le Népal, où elle a pu faire un voyage au bout d’elle-même. Il lui permet également de parler de cette maladie, un peu méconnue de plusieurs. « Il traite d’un sujet sombre, mais le voyage, c’est une aventure. Il y a des rebondissements et de l’humour, sans toutefois banaliser », résume-t-elle.

Le livre est disponible chez Buropro à Victoriaville ou on peut le commander en ligne chez l’éditeur.